Tout savoir sur la 10e étape du Tour de France: qui va s’envoler sur la piste de l’aérodrome de Megève ?
Comme chaque jour, nous vous présentons en détail l’étape du jour sur le Tour de France entre anecdotes, présentation du parcours et de la météo du jour. Pour ce 10e chapitre de la cuvée 2022 de la Grande Boucle, il s’agira, au propre comme au figuré, d’un échauffement dans les Alpes avant les deux terribles rendez-vous de mercredi et jeudi où la vague de chaleur qui s’annonce pourrait peut-être apporter son lot de surprise.
Tous les coureurs ne digèrent pas bien le jour de repos. Thierry Gouvenou n’a donc pas voulu leur infliger une lourde étape alpestre dès le lendemain, d’autant qu’il a programmé de solides étapes en haute-montagne les deux jours suivants. Le tracé du jour ne compte donc que 148 kilomètres et un dénivelé de 2.775 mètres. Un terrain idéal pour les baroudeurs qui grimpent bien, donc.
Départ à Morzine, suivie de Portes du Soleil, comme Châtel. C’est un site classique du Tour. Depuis le premier passage de la caravane en 1975, à l’occasion du contre-la-montre vers Châtel, Morzine a organisé quinze arrivées et 18 départs. La dernière visite date toutefois de 2016, quand Ion Izagirre avait remporté une étape pluvieuse, en dévalant un col. Mais ce jour-là, la ville départ était Megève alors que c’est l’inverse aujourd’hui.
Cette fois, le peloton met le cap sur le nord pour une course qui se déroule dans sa totalité dans le département de Haute-Savoie. La journée commence par 17 kilomètres dans la descente de la Côte de Chevenoz (7 km à 3,8%). Il faudra des ailes pour s’échapper. En bas, à Thonon-les-Bains, au bord du Lac Léman, le peloton fait demi-tour, en direction du sud. Détail piquant: sans passer par Evian-les-Bains, pourtant toute proche. Mais Vittel, un concurrent d’Evian, est sponsor officiel du Tour…
Les coureurs gravissent le Col de Jambaz (6,9 km à 3,8%), la Côte de Châtillon-sur-Cluses (4,8 km à 4%), puis ont droit à un tronçon plat de trente kilomètres. Ils passent par Sallanches mais ne doivent pas grimper la fameuse Côte de Domancy, le décor du Mondial 1980, remporté par Bernard Hinault. Au lieu de ça, ils se dirigent vers Le Fayet et Saint-Gervais-les-Bains, le début d’une ascension finale de vingt kilomètres. Pourcentage moyen: 4,1%. L’inclinaison est irrégulière, mais ne dépasse jamais les 7%.
Le parcours prend la direction de Megève. Après deux kilomètres de plat, il reste sept kilomètres jusqu’à l’ Altiport de la bourgade, à 1.460 mètres. Une étape du Critérium du Dauphiné y est arrivée en 2020, offrant un superbe spectacle, mais le parcours de l’ascension finale (qui a couronné Sepp Kuss) était nettement plus ardu. Une répétition de ce scénario paraît impossible dans cette étape.
Le défi de Mayo
L’arrivée au petit aéroport de Megève est une première au Tour. La seule arrivée de l’histoire au village de montagne, en 2016, constituait la finale d’un contre-la-montre depuis Sallanches, en passant par la Côte de Domancy. Chris Froome, le maillot jaune, avait dominé l’épreuve et bouclé le parcours avec 21 secondes d’avance sur Tom Dumoulin. Thomas De Gendt était sixième à une bonne minute.
Dans un passé plus lointain, Megève a été le théâtre d’un prologue du Critérium du Dauphiné: en 1996 avec la victoire du spécialiste Chris Boardman et en 2004 avec celle d’ Iban Mayo devant les Américains Tyler Hamilton et Lance Armstrong. La course avait été passionnante, les trois coureurs terminant endéans la seconde. Plus tard, le coureur Euskaltel allait aussi dominer le contre-la-montre du Mont Ventoux avec à la clé un chrono record et allait s’adjuger l’épreuve.
L’Espagnol, déjà lauréat de l’étape du Tour 2003 vers l’Alpe d’Huez, allait donc devenir le principal concurrent d’Armstrong, en actes comme en paroles. Selon ses dires, The Boss économisait ses forces en prévision du Tour. Il a eu gain de cause, remportant son sixième maillot jaune. Mayo, lui, n’était plus que l’ombre de lui-même, craquant complètement sur ses terres, au Plateau de Beille, où il arriva à 37 minutes, juste derrière… Wim Vansevenant. Deux jours plus tard, il ne se présentait pas au départ.
Mayo était irrégulier. La veille du Tour, en plus, le médecin de son équipe, Jesus Losa, avait été renvoyé, plongeant en même temps que ses clients. David Millar venait d’avouer avoir consommé de l’EPO. Peu avant, Armstrong en personne avait demandé par écrit à l’UCI de prêter attention aux performances « exceptionnelles » de… Mayo. Le comble de l’hypocrisie.
L’étape du jour proposera un terrain idéal pour que les bons grimpeurs-baroudeurs puissent s’exprimer. Il est probable qu’ils puissent mener leur offensive à bien car il y a trop de vallées entre les rares cols escarpés. On imagine donc mal les Jumbo-Visma et les INEOS Grenadiers se lancer dans de grandes manoeuvres ce mardi. Elles en garderont probablement sous la pédale en vue des étapes à venir, en espérant que la fatigue s’accumule au sein de l’équipe UAE.
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