Tour de Suisse: un Remco Evenepoel international peut-il s’offrir un succès dans un quatorzième pays différent ?
Remco Evenepoel (22 ans) prendra le départ du Tour de Suisse dimanche. Compte tenu du contre-la-montre du dernier jour, il a une réelle chance de remporter une étape, mais aussi le classement général. Sa carte de coureur « international » sera donc de plus en plus remplie, car Remco brille souvent en dehors des frontières nationales.
Le 8 juillet 2017, dans un peu moins d’un mois, cela fera exactement cinq ans. À peine trois mois après sa toute première course, Remco Evenepoel, 17 ans, remporte déjà sa première course à l’étranger. Et ce n’est pas une simple course puisqu’il s’agit de l’étape reine du Tour du Pays basque de la catégorie des juniors. Il lève les bras au sommet de la montée de Cuevas de Pozolagua.
Le coureur de Schepdaal ajoutera une autre victoire étrangère à son palmarès un bon mois plus tard. Beaucoup plus près de chez nous, juste de l’autre côté de la frontière belgo-néerlandaise : la Klim Classic à Valkenburg.
Au cours de ses deux années chez les juniors (2018), Evenepoel continue de repousser ses limites, au sens propre comme au sens figuré. Il remporte des étapes et le classement général de la course de la paix (République tchèque), le Trophée Centre Morbihan (France), le GP Patton (Luxembourg) et le Giro della Lunigiana (Italie), ainsi que des succès aux Championnats d’Europe de Brno (République tchèque) et aux Championnats du monde d’Innsbruck (Autriche), aussi bien dans le contre-la-montre que dans la course en ligne. Enfin, en guise de cerise sur le gâteau, il s’adjuge aussi la Coupe des Nations (France).
Beaucoup de drapeaux
Remco Evenepoel ajoutera encore plus de drapeaux à son palmarès déjà très international chez les pros lors de sa première saison de 2019. Après sa première victoire pro dans son pays, au Tour de Belgique, suivront une victoire d’étape sur l’Adriatica Ionica Race (Italie), une première victoire en classique à la Clásica San Sebastián (Espagne) et l’or aux Championnats d’Europe de contre-la-montre qui se déroulent à Alkmaar (Pays-Bas).
Lors de la « saison corona », en 2020, le coureur de Quick-Step ne gagnera même que des courses étrangères, avec des victoires d’étape et au classement général du Tour de San Juan (Argentine, ses premières victoires non européennes), au Tour d’Algarve (Portugal), au Tour de Burgos (Espagne) et au Tour de Pologne.
Après sa terrible chute sur le Tour de Lombardie en août 2020 et la longue rééducation qui s’en est suivie, il a été contraint à l’abandon pour son retour à la compétition, au Tour d’Italie. Le Brabançon va étoffer sa carte de visite internationale à l’été 2021, avec des bouquets d’étape et une victoire au classement général du Tour du Danemark, ainsi qu’un succès dans sa première course d’un jour italienne, la Coppa Bernocchi.
En 2022, Evenepoel ajoutera à cette liste trois victoires d’étape et une victoire au Tour de Norvège, après avoir également remporté une étape du Tour de Valence (Espagne) et du Tour d’Algarve (Portugal). C’est d’ailleurs la deuxième fois de sa carrière pour cette dernière.
Treize pays
En comptant ses deux années de junior, le coureur de Quick-Step a déjà levé les bras en vainqueur dans treize pays différents : Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, France, Portugal, Espagne, Italie, Autriche, République tchèque, Pologne, Danemark, Norvège et Argentine, seul pays non européen.
Sur la carte de l’Europe du Nord, du Centre et de l’Ouest, il ne lui manque plus que la Grande-Bretagne, l’Irlande, l’Allemagne, la Suède et la Suisse. En Europe de l’Est, la Slovaquie, la Hongrie et les anciens états yougoslaves manquent encore à son palmarès.
Evenepoel n’a pratiquement pas ou pas du tout couru dans ces pays. Il était présent lors des Championnats du monde de Harrogate, en Angleterre, en 2019, où il a remporté la médaille d’argent sur le contre-la-montre. La même année, il s’était aussi aligné sur les Tours d’Allemagne et de Romandie (Suisse).
En dehors de l’Europe, le natif de Schepdaal s’est rarement déplacé, à l’exception de deux participations au Tour argentin de San Juan (dont une victoire au classement général), et une participation au Tour de Turquie, au Tour des Émirats arabes unis et aux Grand Prix canadiens de Québec et de Montréal (2019). L’année dernière, il a également pris le départ de la course olympique en ligne à Tokyo.
Stefan Küng et Rohan Dennis comme rivaux sur le chrono
Dès dimanche, Evenepoel pourrait ajouter un nouveau pays à sa collection avec la Suisse. A l’occasion du Tour de ce pays, qui sera un important test de ses capacités sur une épreuve World Tour, il pourra jauger de son niveau avant son grand objectif de la fin de l’été : le Tour d’Espagne.
Un peloton très relevé sera au départ de la course helvète avec des coureurs de la trempe de Geraint Thomas, Adam Yates, Daniel Felipe Martínez, Alexander Vlasov, Michael Woods, Sergio Higuita, Sepp Kuss, Thibaut Pinot, Tom Pidcock, Jakob Fuglsang, Thymen Arensman ou Diego Ulissi…
Compte tenu du niveau affiché par le coureur de Quick-Step depuis son sacre sans discussion sur Liège-Bastogne-Liège, une première place finale au classement général semble un objectif réaliste. Mais sa plus grande chance de succès reste surtout le contre-la-montre final de 25,6 km à Vaduz, même s’il faudra se frotter au régional Stefan Küng et à Rohan Dennis qui ne partiront pas perdants, loin de là, sur un parcours plat comme la main.
Dans les étapes de côte et de montagne précédentes, vers Moosalp et Malbun (avec des montées finales de 17,7 km et 12,6 km), les autres coureurs visant le classement général devront maintenir Evenepoel à une distance suffisante s’ils veulent l’éloigner du podium ou même de la victoire finale.
Les étapes de montagne ne sont pas trop difficiles sur le papier. Cependant, et étant donné son explosivité accrue ces dernières semaines, les étapes de côte ne devraient pas être un problème pour Evenepoel. Peut-être en profitera-t-il pour donner certains coups à ses rivaux. Sur le Tour de Norvège, le Brabançon a montré ses progrès sur une longue montée, en s’imposant au sommet à Gaustatoppen, après une ascension longue de de 12 km. Même si évidemment l’opposition ce jour-là n’était pas non plus de niveau mondial.
Le successeur de Luc Roosen ?
S’il remporte le Tour de Suisse, Evenepoel s’offrirait surtout sa deuxième victoire en WorldTour après le Tour de Pologne en 2020, quelques jours avant sa chute au Tour de Lombardie. Ce serait également sa première victoire au classement général de l’une des plus grandes courses à étapes après le Giro, le Tour de France et la Vuelta (le Tour de Pologne n’en fait pas vraiment partie).
S’il y parvenait, Remco écrirait également une petite page de l’histoire du cyclisme belge puisqu’il faut remonter à 1991 pour trouver la trace d’un vainqueur du plat pays en Suisse. A l’époque, Luc Roosen y avait remporté la plus belle course de sa carrière.
Depuis lors, seuls Frank Vandenbroucke (Paris-Nice, 1998) et Greg Van Avermaet (Tirreno-Adriatico, 2016) ont accroché à leur palmarès l’une des sept plus importantes courses à étapes d’une semaine.
Mieux qu’au printemps
Entre nourrir de grandes ambitions et les réaliser dans une course plus relevée au niveau des participants que le Criterium du Dauphiné Libéré, il n’y a qu’un pas qui sera long de huit jours de course.
Compte tenu du niveau de forme actuel d’Evenepoel (il a perdu du poids en vue de ces objectifs), ses chances de victoire sont plus importantes qu’au printemps dernier lorsqu’il s’est présenté au départ de Tirreno-Adriatico, une épreuve qu’il avait terminée à une décevante 11e place. Il s’était ensuite bien repris au Tour du Pays basque, avec une quatrième place après avoir perdu le maillot de leader le dernier jour.
Pourra-t-il enfin briller sur la plus haute marche en World Tour ? Réponse dimanche prochain.
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