Tadej Pogacar, le gentil cannibale toujours cool: « Il m’arrive de me fâcher quand ça ne va pas mais je ne le montre pas »
Il a une tête de poupon et semble vivre sans se prendre la tête mais sur le vélo, il affiche la détermination et la rage de vaincre des grands champions. Quels sont les traits de caractère de Tadej Pogacar, 23 ans, qui partira en quête d’un troisième Tour de France à partir du 1er juillet.
Le caractère d’un coureur éclate rapidement au grand jour. Dès ses premiers mois chez les pros, Tadej Pogacar impressionne son directeur sportif, Allan Peiper, par son calme. Même lorsque la situation est tendue, il ne panique jamais. Même pas lorsqu’il constate avoir perdu son passeport après la Cadel Evans Great Ocean Road Race, ce qui l’oblige à retarder son vol. Même pas lorsqu’il prend le maillot de leader au Tour d’Algarve en remportant l’étape menant à l’Alto da Fóia: lors de la dernière journée, sur la route de Malhão, il est lâché mais il garde son rythme et revient tranquillement pour s’assurer la victoire finale.
Un an et demi plus tard, en septembre 2020, Peiper ouvre de plus grands yeux encore lorsque Pogacar garde son sang-froid pour décrocher son premier maillot jaune malgré une chute dans les bordures de l’étape vers Lavaur qui lui fait perdre 1’21 ». En faisant du rouleau dans le bus de l’équipe, il prévient son directeur sportif: « Demain est un autre jour, je vais attaquer. » Il suit les conseils de Peiper qui lui dit que ses adversaires profiteront de la moindre chance pour l’éliminer et qu’il doit saisir la moindre chance d’en faire autant. Aussitôt dit, aussitôt fait: le lendemain, au terme d’une ascension supersonique de Peyresourde, Pogacar reprend quarante secondes.
Même au cours de la troisième semaine, lorsqu’il perd quinze secondes sur Primoz Roglic dans le Col de la Loze et que le maillot jaune semble hors de portée, le Slovène reste positif. À la veille du contre-la-montre décisif menant à La Planche des Belles Filles, Pogacar danse même dans le bus. Lors de l’échauffement, il appelle sa famille en vidéo devant la direction sportive médusée. Pire: sa réaction lorsqu’il voit les mécaniciens monter un vélo blanc pour le vainqueur du maillot blanc sur les Champs Elysées. « Ils ne pensent pas que je peux le faire? », demande-t-il à Allan Peiper. Il est le seul à croire encore en la victoire finale.
En octobre dernier, il évoquait cette stabilité émotionnelle dans Cyclingnews.com: « Je ne suis pas parfait et il m’arrive de me fâcher quand ça ne va pas. J’essaye juste de ne pas le montrer. En course, il est très important de ne pas faire de folies, de rester concentré. Perdre du temps, crever ou chuter, ça n’a rien d’amusant, mais il ne sert à rien de s’énerver. Le mieux, c’est de trouver la solution immédiatement et de continuer à rouler. »
Deux ans plus tôt, alors qu’il était encore néo-pro, il avait expliqué à Rouleur qu’il envisageait toujours la défaite de façon positive et analytique. « Que puis-je faire pour l’emporter la prochaine fois? La défaite ne fait qu’augmenter ma rage de vaincre. Ma plus grande crainte, c’est de plafonner, de ne plus progresser. »
À l’époque, sur le compte Instagram de Tamau, on pouvait lire: « Je suis un coureur. Pas encore le meilleur mais je veux y arriver. Ce ne sera peut-être pas le cas mais je n’arrêterai jamais d’y croire. » Trois ans plus tard, cette phrase a disparu. Il est désormais le meilleur, mais il veut encore faire mieux et conserver cet équilibre émotionnel. Pogi, c’est le gentil Cannibale.
Lire la suite de ce portrait de Tadej Pogacar dans notre Guide du Tour 2022 de Sport/Cyclisme Magazine ou dans notre Zone +
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