Rétro de cyclo-cross: comment Sven Nys avait éliminé la concurrence avant les Mondiaux de 2013 aux États-Unis
En 2013, Sven Nys est devenu, contre toute attente, champion du monde pour la deuxième fois. Aux États-Unis, où le maillot arc-en-ciel sera également disputé dimanche. Un titre que l’homme de Balen a remporté en partie grâce à ce qui lui manquait au début de sa carrière : la force de briser ses adversaires mentalement.
C’est une statistique plutôt impressionnante : six fois dans sa carrièreSven Nys a remporté le dernier cross le dimanche avant les championnats du monde de cyclocross, une seule fois il a également remporté le titre mondial la semaine suivante : en 2005 à Sankt-Wendel. Les cinq autres fois (en 1999, 2000, 2003, 2007 et 2009), cela s’est mal terminé.
Comme les autres années, quand le Cannibale a dominé la saison. En partie parce que le Balener a craqué mentalement avant même le début des championnats du monde, sous la pression des jeux psychologiques de ses compatriotes (notamment Mario De Clercq) ou de certains coureurs étrangers.
C’était complètement différent en 2013, alors Nys était plutôt dans un costume d’outsider à l’approche des Championnats du monde de Louisville, aux États-Unis. Un an plus tôt, il déclarait pourtant qu’il ne participerait plus jamais à une course arc-en-ciel après les décevants Mondiaux de Coxyde.
La saison suivante, le Brabaçon flamand de 36 ans domine la saison comme à son habitude : entre le 1er novembre et le 9 décembre, il remporte huit courses. Il triomphe également en fin d’année à Heusden-Zolder et Bredene.
Mais à partir de ce moment là, la suprématie de Nys prend un sérieux coup. Le voici atteint d’une grippe. Il a 39 degrés de fièvre et a dû renoncer au cross du Nouvel An qui se déroule pourtant dans sa ville natale de Baal. Lors de la manche de Rome comptant pour la Coupe du monde, il ne termine que 20e. Les semaines qui suivront ne seront guère meilleures avec une deuxième place au championnat national de Mol derrière Klaas Vantornout, puis une septième à Zonnebeke et une quatrième au cross disputé sur la glace d’Hoogerheide.
Entraînement derrière une mobylette
Nys pouvait-il dès lors avoir des ambitions pour les Championnats du monde ? Il était finalement plus frais que d’habitude grâce à ce repos forcé et débarquait sans pression aux Etats-Unis. La semaine précédant les championnats du monde, le natif de Baal a eu pour la première fois l’avantage mental sur ses concurrents.
Jan Verstraeten, un ancien coureur de cross qui fut son ancien directeur d’équipe, raconte cette histoire : « Sven a rarement été aussi sûr de lui. Je n’oublierai jamais l’entraînement du mercredi où pendant des heures entières dans des températures glaciales, il était derrière ma mobylette avec son vélo. Normalement, Sven ne voulait pas reconnaître le circuit du Mondial, mais il a soudainement voulu y faire un tour. Sur un obstacle où tous les pros et les coureurs prometteurs devaient mettre pied à terre, il l’a passé sur son vélo dès sa première tentative. Sa bouche s’est grande ouverte. Mais ce fut aussi un déclic parce que quand Sven a eu fini sa reconnaissance, nous nous sommes regardés et avons hoché la tête l’air de dire: c’est parfait ! (rires) »
Un jour plus tard, Sven et Niels Albert étaient invités dans un magasin de vélos Colnago local, la marque qu’ils utilisaient tous deux à l’époque. Egalement présents : un groupe de fans de cyclo-cross américains qui idolâtraient à moitié Sven, en tant qu’icône de ce sport. Pour les avoir dans sa poche, ainsi que les médias locaux, le Cannibale de Baal va leur promettre dans un anglais parfait qu’il donnera son maillot national belge au propriétaire du magasin s’il s’impose.
Tous ces Américains sont devenus fous ! Niels Albert ? Il s’est assis et a regardé la scène. Il voulait rester à l’hôtel et se préparer en toute tranquillité. Lorsqu’on lui a demandé s’il avait quelque chose à ajouter, Niels a répondu d’un air sombre : « Euh, non, c’est bon. Tout a déjà été dit. « Il a immédiatement rendu le micro, réalisant qu’il ne pourrait compter que sur peu d’encouragements de la part du public local.
Albert ne se sentait visiblement pas bien, tandis que Sven a reçu un coup de pouce supplémentaire après cette nuit. Il a pu se détendre pendant la période précédent le championnat, même si une grande partie de son entourage habituel était restée en Belgique. « Au lieu de s’isoler, Sven a même passé une semaine fantastique avec Bart Wellens, Rob Peeters et Bart Aernouts, y compris en assistant à un match de basket-ball », raconte Verstraeten.
Inondations
Même lorsque les championnats du monde ont finalement été avancés d’un jour parce que la rivière Ohio qui longeait le parcours menaçait de déborder le dimanche, cela n’a eu aucun impact négatif sur sa confiance. Pour un maniaque du contrôle comme lui, c’était plutôt étonnant, mais Sven Nys savait aussi que les autres allaient perdre plus facilement leur équilibre dans ces conditions.
Le parcours boueux, beaucoup plus difficile, allait lui convenir à la perfection. Lorsque Bart Aernouts, Bart Wellens et même Mario De Clercq, qui était son souffre-douleur, lui ont donné un coup de main avant le départ, Sven s’est senti poussé des ailes. Il sentait qu’il allait gagner et que personne d’autre ne le ferait à sa place.
Lors de la course, Nys a pu bénéficier du soutien des supporters américains. Il a su se débarrasser de Klaas Vantornout dans le dernier tour, en partie parce que ce dernier devait sans cesse s’accrocher à un poteau. Le Cannibale brabançon a pu lui mettre la pression pour remporter ce qui est sans doute sa victoire la plus mémorable avec le plus beau des maillots à la clé. Pour l’anecdote, et peu de gens le savent, Sven Nys avait un pneu presque à plat dans les derniers cent mètres. Mais même ce pépin ne l’a pas déconcerté.
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