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Retour sur le premier Paris-Roubaix : un cheval, des vaches avant de dompter l’Enfer

Jacques Sys Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

Ces prochains jours, nous reviendrons sur les éditions spéciales de Paris-Roubaix. Aujourd’hui, on revient sur la toute première qui s’est déroulée en 1896, voici 126 ans.

Tout comme Milan-San Remo, Paris-Roubaix est l’un des Monuments du cyclisme dont le premier vainqueur n’est pas issu du pays où est organisé la course. Le Français Lucien Petit-Breton s’était imposé pour la première de la classique italienne et à Roubaix, c’est un Allemand qui s’est adjugé l’édition inaugurale de celle qui sera surnommée l’Enfer du Nord. Les Français n’ont pas été dérangés par ce succès teuton et comme les autres futurs vainqueurs, Jozef Fischer possède son pavé commémoratif sur l’espace Crupelandt, le dernier secteur « symbolique » avant l’entrée sur le Vélodrome.

Fischer était d’ailleurs l’un des favoris de cette première édition où 51 coureurs avaient pris le départ. Après une terrible course d’élimination, il était seul à l’avant lorsqu’un cheval s’emballait sur le bord de la chaussée, effrayé par le bruit des voitures et de la foule. Le coureur a pu éviter de justesse un accident. Un peu plus tard, c’est un troupeau de vaches qui s’est invité sur la route, mais une fois de plus, Josef Fischer se montrait assez habile pour éviter la chute en slalomant entre les bovidés avant de poursuivre sa route sur l’Enfer. Après ces péripéties, la voie du triomphe était dégagée et l’Allemand a été accueilli avec des acclamations enthousiastes du public local sur la piste. A l’arrivée, il possédait une avance de 25 minutes sur le Danois Charles Meyer. Seuls quatre coureurs ont terminé endéans l’heure. Il faudra attendre 119 ans pour qu’en 2015, un autre Allemand remporte la classique française : John Degenkolb.

Josef Fischer était un besogneux qui s’est imposé sur des épreuves au long cours comme Bordeaux-Paris notamment. Son plus beau numéro a été réalisé lors de la course Milan-Munich. Elle s’était déroulée dans des conditions météorologiques épouvantables. Les coureurs devaient franchir le col du Brenner sur des routes boueuses où les vélos s’enfonçaient. Il a même fallu que les habitants montent dans le col avec des torches afin d’éclairer la route. Un voyage plus diabolique encore que l’Enfer du Nord. Au bout de 587 kilomètres et 29 heures 30 minutes d’efforts, le coureur allemand a pu recevoir le bouquet du vainqueur. Il s’est imposé après deux heures d’effort, motivé par un passage dans une forêt bavaroise dans laquelle il a vu le jour.

Un homme taillé pour les courses longues distances

Josef Fischer, qui a d’abord travaillé comme forgeron, avait 24 ans lorsqu’il est devenu professionnel. Ce parcours a laissé des traces dans la carrière de l’Allemand qui n’avait aucune idée de la tactique à adopter en course. Il n’était pas non plus le plus habile sur un vélo, mais il compensait cela par sa force athlétique. C’est pourquoi il s’illustrait surtout dans les longues courses pendant lesquelles il passait plus facilement les plus gros braquets que ses adversaires. Josef Fischer est même allé en Europe de l’Est pour affronter les Russes dans des courses comme Moscou-Leningrad. Il n’a participé qu’une seule fois au Tour de France. C’était en 1903, alors qu’il était déjà proche de la fin de sa carrière. Fischer n’a terminé que quinzième de cette édition remportée par Maurice Garin, troisième lors de son triomphe à Roubaix.

Il était aussi devenu beaucoup plus actif en Allemagne eoù il remportait beaucoup d’argent à chaque course. Bien qu’il ne soit pas très populaire en France, Josef Fischer s’installe à Paris à la fin de sa carrière. Il était chauffeur pour des familles nobles. Pendant la première guerre mondiale, il a dû retourner en Allemagne.

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