Remco Evenepoel, le cyclofooteux
Avant qu’il soit question de casques, de rayons, de bidons et de maillots arc-en-ciel, il voulait devenir footballeur professionnel. Retour sur la carrière footballistique de Remco Evenepoel à Anderlecht, au PSV et en équipes nationales d’âge.
Reportage réalisé le 25 septembre 2018
Octobre 2016. 12.000 coureurs piaffent au départ de la treizième édition du Belfius Brussels Marathon et Semi-Marathon. Ceux qui poussent un compétiteur en chaise roulante peuvent s’élancer dix minutes avant le peloton. Quand ils quittent les derniers tunnels, avenue Louise, ils sont dépassés par une horde de Kényans.
Ce jour-là, Stéphane Stassin, entraîneur des U16 d’Anderlecht, est de la partie. C’est tout juste s’il ne fait pas un infarctus quand un petit gars tout maigre l’agrippe. « J’ai vu quelques Kényans passer avant que quelqu’un me tape sur l’épaule », raconte le Stas. « Je l’ai entendu crier: – Hey, coach! C’était Remco Evenepoel. Il était septième ou huitième.
La veille, nous avions gagné un match important et nous devions rejouer le mercredi. J’avais explicitement demandé aux joueurs de se reposer le dimanche. Remco n’avait rien à faire là et je lui ai donc demandé ce qu’il y faisait. – Simplement courir, coach. Il a rigolé avant de redémarrer. Il avait seize ans mais il a terminé parmi les vingt premiers. Apparemment, avoir un match entier dans les jambes ne le gênait pas. »
Remco Evenepoel est treizième, en une heure 16 minutes et 15 secondes, à moins de huit minutes du vainqueur. Anderlecht a compris depuis longtemps qu’il détenait un excellent coureur. Le dimanche, pour se détendre les jambes, il fait des sorties à vélo d’au moins cent kilomètres. De la folie, estime Anderlecht.
Les entraîneurs lui demandent de se calmer mais il n’en fait jamais assez. Il peut facilement enfiler trois matches en une semaine. Alors que les autres s’effondrent durant les vingt dernières minutes, il continue à arpenter tout le terrain. « Je ne suis pas un mauvais coureur mais je ne pouvais pas le suivre », témoigne un ancien coéquipier, Lars Coveliers. « Quand je courais à bloc, il parvenait encore à accélérer. Il prenait cinq secondes d’avance puis une minute, etc… »
De l’endurance à revendre
Evenepoel pulvérise tous les records de vitesse sur le terrain et sur le tapis roulant. « Ses tests étaient de loin meilleurs que ceux des Espoirs et ils étaient très proches des footballeurs du noyau A », raconte Quentin Parent, qui était alors préparateur physique à Neerpede. « Dès qu’il apprenait que son record était en danger, il voulait savoir qui le menaçait. Généralement, c’était Hannes Delcroix.
Il mettait tout en oeuvre pour améliorer son temps. En matière de travail à l’entraînement, Remco est un des footballeurs les plus impressionnants que j’ai connus dans ma carrière. Je ne savais pas s’il nageait bien mais je voyais un bon triathlète en lui. Je n’étais pas très éloigné de la vérité. »
Il est invité en équipe nationale à quinze ans, pour la première fois. À Anderlecht, il évolue au six ou au huit mais sous le maillot tricolore, il est arrière gauche. « Il était un défenseur impitoyable. Ses adversaires devaient le passer cinq fois avant d’en être débarrassés », sourit Joric Vandendriessche, l’entraîneur de Remco chez les U15 belges.
« Nous ne mesurions pas la distance parcourue en match mais je pense qu’il arrivait facilement à onze, voire douze kilomètres. Il parcourait sa ligne toutes les x minutes, sans peiner. »
Neerpede se tracasse à cause de son manque de vitesse et de mobilité. Il est en dessous de la moyenne dans les tests de vitesse et d’explosivité. « Il a progressé de quelques % mais ce n’était pas suffisant », précise Parent. « La vitesse est l’aspect le plus difficile à affûter car elle est déterminée génétiquement. Selon moi, c’est ce qui l’a bloqué à Anderlecht. »
Le bras droit de Stéphane Stassin
Footballistiquement, il manque un petit quelque chose à l’adolescent pour être considéré comme un grand talent. Evenepoel s’appuie surtout sur son engagement, sa grinta, son abattage et son coaching. Il se distingue par son éthique. Il est un exemple pour ses coéquipiers. Il est le moteur des U16.
« Je ne le connaissais pas mais au bout d’une semaine, c’était pour moi une évidence : il devait obtenir le brassard de capitaine », raconte Stassin. « En catégories d’âge, on le confie au meilleur joueur ou à quelqu’un qui a un peu de personnalité. En général, les jeunes l’enfilent et ne s’en soucient plus mais Remco était un vrai capitaine, mon bras droit. Un leader-né. Je ne devais rien lui dire.
Par Alain Eliasy
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