Remco Evenepoel: à une vitesse record vers la victoire sur un grand tour
Plus rapidement que prévu, Remco Evenepoel (22 ans) a réalisé son rêve : gagner un grand tour. A quel point sa victoire finale est-elle exceptionnelle dans l’histoire du cyclisme belge et international ? Voici la preuve en 10 statistiques marquantes.
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Le nombre d’années plus 5 mois et 9 jours après sa première course de cyclisme dans la catégorie des juniors à Zoutleeuw, le 2 avril 2017. Remco Evenepoel a remporté dimanche son premier grand tour, à l’âge d’à peine 22 ans, 7 mois et 17 jours.
Il est ainsi devenu le quatrième plus jeune vainqueur de la Vuelta (après Angelino Soler en 1961, Gustaaf Deloor en 1935 et Frans De Mulder en 1960).
Aucun coureur dans l’histoire du cyclisme moderne ne s’est classé parmi les trois premiers du Giro, du Tour ou de la Vuelta dans un laps de temps aussi court (à peine cinq ans) après ses premiers pas en compétition.
Rappellons aussi qu’Evenepoel a quasiment perdu un an à cause de sa chute dans le Tour de Lombardie 2020, et a également dû transformer son corps de footballeur musclé en corps de coureur cycliste.
4e
C’est le 4e coureur belge à terminer dans le top 5 d’un grand tour depuis les années 1990 : Johan Bruyneel a terminé troisième de la Vuelta 1995, Thomas De Gendt est monté à la même place du podium lors du Giro 2012 et Jurgen Van den Broeck a terminé troisième et quatrième des Tours 2010 et 2012.
C’est dire à quel point un succès ou même une place sur le podium d’un Belge était devenu une rareté sur les épreuves de trois semaines.
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Il a fallu attendre 44 ans pour qu’un Belge remporte un grand tour (Johan De Muynck), mais il a fallu attendre encore plus de temps pour qu’un de nos compatriotes s’impose dans le maillot de leader sur une arrivée au sommet. Remco Evenepoel l’a fait jeudi dernier sur l’Alto del Piornal, 49 ans après qu’un certain Eddy Merckx. C’était à Andalo, lors du Giro de 1973.
Le dernier Belge qui avait remporté un contre-la-montre et une étape arrivant au sommet dans un grand tour ? Toujours ce bon Eddy Merckx lors de ce Giro de 1973. Le Cannibale de Tervuren s’était offert les bouquets d’étape dans le prologue de Verviers, sur l’ascension de Monte Carpegna (un moins bon souvenir pour Remco Evenepoel sur Tirreno-Adriatico) et à Andalo.
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Il faut remonter autant d’années en arrière pour trouver trace d’un Belge remportant un Monument et un grand tour la même année, comme ce fut le cas en 2022 avec Evenepoel (Liège-Bastogne-Liège et la Vuelta).
Sans surprise, le dernier est évidemment Eddy Merckx, mais toujours en en rajoutant une couche en plus. Il s’était offert le doublé Vuelta et Giro en 1973, après s’être offert Paris-Roubaix et Liège-Bastogne-Liège plus tôt cette saison.
Depuis 2000, cet exploit plutôt rare. Lors des deux premières décennies, seuls Damiano Cunego (2004, le Giro et le Tour de Lombardie) et Danilo Di Luca (2007, Liège-Bastogne-Liège et Giro) avaient réussi ce doublé. Ces deux dernières années, les Slovènes y sont parvenus. D’abord Roglic qui a réussi le même en 2020 et Tadej Pogacar, qui s’était offert même offert deux Monuments en 2021 (Liège-Bastogne-Liège et le Tour de Lombardie) en plus du Tour de France.
Par contre, Evenepoel est devenu le premier coureur à avoir remporté la Clásica San Sebastián (créée en 1981) et une grande course par étapes la même année.
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C’est le nombre de courses professionnelles par étapes remportées par Remco Evenepoel depuis le début de sa carrière. Il a participé à 23 courses de ce type dans l’ensemble, ce qui lui fait un taux de victoires de 44%.
Aucun Belge n’a remporté autant de tours (petits ou grands) depuis Freddy Maertens. Ce dernier peut se targuer de 13 victoires finales, dont la Vuelta 1977. C’était le dernier Belge avant Evenepoel à s’être offert la course espagnole.
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C’est le nombre de jours où Remco Evenepoel a porté le maillot rouge sur cette Vuelta. Il avait pris le pouvoir lors de la sixième étape. Au cours de ce siècle, un seul coureur a conservé le maillot de leader au moins aussi longtemps sur le Tour d’Espagne : Chris Froome, en 2017. Le Britannique était déjà leader dès le troisième jour, avec une solide Team Sky pour l’encadrer.
Pour un coureur de moins de 23 ans, conserver le leadership aussi longtemps avec une victoire finale à la clé dans un grand tour, est encore plus exceptionnel. En trois semaines, avec au moins 20 étapes au programme, seuls Romain Maes (leader du début à la fin du Tour de 1935) et Gustaaf Deloor (leader après la deuxième étape de la Vuelta de 1936) ont réussi la même performance en étant âgé de moins de 23 ans.
Après la Seconde Guerre mondiale ? Personne n’y est parvenu. Seul Felice Gimondi s’est emparé du maillot jaune dans le Tour 1965 après la troisième étape, et a fini par le remporter. Cependant, l’Italien avait cédé sa tunique lpendant deux jours, à Bernard Vandekerckhove.
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Evenepoel a disputé 153 étapes au cours de tous ses tours chez les professionnel. Il a porté le maillot de leader 52 fois. Cela représente un pourcentage de 34%.
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C’est le nombre de victoires professionnelles (UCI) remportées par Remco Evenepoel à ce jour. Aucun Belge dans l’histoire du cyclisme moderne ne s’en approche. Tom Boonen avait déjà 25 ans, 3 mois et 12 jours lorsqu’il a atteint ce cap.
Même Tadej Pogacar était plus âgé (23 ans, 5 mois et 22 jours) lorsqu’il a remporté sa 36e course professionnelle : la deuxième étape de Tirreno-Adriatico cette année. Mais, le Slovène compte aussi deux Monuments et deux Tours de France à son palmarès. Evenepoel n’y est pas encore.
40,807
C’est la vitesse moyenne de Remco Evenepoel au terme de cette Vuelta. On a donc assisté au Tour d’Espagne le plus rapide depuis 2003 (42,550 km par heure à l’époque). C’était aussi l’apogée des « mobylettes » espagnoles. La Vuelta était aussi généralement plus courte d’environ 10% en termes de distance totale par rapport à ces dernières années.
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La victoire de Remco Evenepoel est la première dans une grande course par étapes dans l’histoire de l’équipe Quick-Step (depuis sa création en 2003). C’est aussi seulement la neuvième victoire de l’équipe chère à Patrick Lefevere, en près de 20 saisons, dans une course par étapes cataloguée WorldTour.
Il s’agit également du troisième podium dans un Grand Tour, après la deuxième place de Rigoberto Uran sur le Giro 2014 et celle d’Enric Mas sur la Vuelta 2018.
Il y a de fortes chances que Remco Evenepoel en apporte quelques autres à l’avenir. Peut-être comblera-t-il un jour le gros manque dans le palmarès de la formation Quick-Step : une place sur le podium (ou une victoire finale) sur le Tour de France. C’est tout le mal que l’on peut lui souhaiter.
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