Pas de Tour des Flandres pour Biniam Girmay qui retourne en Erythrée: » Je n’ai pas vu mes proches depuis 3 mois et, après un moment comme Wevelgem, je veux absolument rentrer »
Le premier coureur africain à remporter la classique flamande s’est exprimé lors d’un point presse organisé ce lundi par son équipe Intermarché-Wanty-Gobert Matériaux.
Le coureur érythréen de l’équipe Intermarché-Wanty-Gobert Matériaux a signé un véritable exploit en s’imposant dimanche à Gand-Wevelgem. Initialement prévu à la Roue Tourangelle, le coureur érythréen a été orienté vers les pavés flandriens par son équipe et son directeur de la performance Aike Visbeek, qui avait vu sa performance à l’E3 Harelbeke.
Et Girmay a écrit l’histoire dimanche en s’imposant à Gand-Wevelgem, devenant, à 21 ans, le premier coureur africain à gagner la classique flamande, avant de prendre la route vers son pays, l’Érythrée où il veut retrouver son épouse, sa petite fille, sa famille, ses supporters.
« Mon meilleur moment dimanche fut celui avec mon équipe autour de moi, après ma victoire, avec tous ces gens, ces supporters, même encore lundi matin, ce fut fantastique », a indiqué Biniam Girmay lundi lors d’un point presse. « J’ai reçu des milliers de messages, mais je n’ai appelé que ma femme, elle a vu toute la course en direct. Elle a pleuré. Elle sait que la course est très dure. Je sais ce que j’ai fait, il n’y a pas beaucoup de jeunes coureurs qui se sont imposés à Wevelgem et ma victoire reste incroyable. Quand j’ai franchi la ligne, je n’y croyais même pas. Mais j’ai pleuré, à l’intérieur de moi-même. »
Girmay, qui a rejoint Intermarché-Wanty-Gobert après deux ans dans la continentale Delko, reste un athlète discret, qui a été propulsé à l’avant-scène par ses résultats récents, sa 2e place au Mondial U23 , sa 5e place à l’E3 Harelbeke et, bien sûr, par sa victoire à Gand-Wevelgem, classique flandrienne au palmarès de laquelle il a rejoint les van Aert, Sagan, van Avermaet, Boonen, Vandenbroucke, Cipollini, Moser, Hinault, Merckx, Schotte, Impanis etc.
« Je ne suis pas habitué à me retrouver devant les micros et les caméras, je sais d’où je viens, je veux simplement courir, j’ai besoin de temps pour digérer tout cela car ma victoire à Wevelgem est un moment plus fort que ma 2e place mondiale en U23 en 2021 à Louvain », a encore expliqué Girmay.
« Je rentre en Érythrée et je sais que mon arrivée sera un grand moment pour ma famille, il y aura du monde à l’aéroport. Je n’ai pas vu mes proches depuis 3 mois et, après un moment comme Wevelgem, je veux absolument rentrer. Je dois prendre soin de ma famille et donc le Tour des Flandres, comme prévu, n’est pas dans le programme. Quand j’ai lancé ma saison, j’ai discuté avec ma femme qui accepté mon planning. Je ne veux pas lui annoncer qu’il y a une semaine en plus. »
Girmay, qui a été formé au Centre mondial de Cyclisme UCI dès 2018, a disputé sa toute première course sur pavés à l’E3 Harelbeke vendredi et sa deuxième, dimanche, à Gand-Wevelgem. Il a écouté de bout en bout les conseils de son coach Aike Visbeek. « Ce fut le scénario parfait. Au sprint, Christophe Laporte était confiant et ne s’y attendait pas. On a lancé aux 600 mètres, j’ai commencé mon sprint aux 250 mètres, le timing a été parfait pour la victoire. Je sais que ce succès va m’apporter de la pression dans le futur mais je veux continuer à voir les choses comme avant, sans plus. Je veux continuer à courir dans les classiques flandriennes à l’avenir. »
Pas de Tour des Flandres, donc, pour Girmay, mais une préparation pour un premier Giro, son premier grand tour. « Je veux rester sur mon programme de base et progresser, encore et encore. J’habite à Asmara, capitale et plus grande ville de l’Erythrée, et je bénéficie de régions à 2.400 mètres d’altitude, je n’ai donc besoin d’aller ailleurs pour m’entraîner. Nous sommes parfois une vingtaine de coureurs pour une « coffee ride » mais six ou sept pour les entraînements durs. Je sens que ma forme va crescendo et je viserai, sur cette base, la victoire d’étape au prochain Giro. »