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Paris-Roubaix 1972 : les pâtisseries fraîches de Roger De Vlaeminck

Jacques Sys Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

Ces prochains jours, nous reviendrons sur les éditions marquantes de Paris-Roubaix. Aujourd’hui, on va évoquer l’Enfer du Nord de 1972, voici 50 ans. Le premier des quatre pavés qui repose sur la cheminée de la demeure du Gitan.

Roger De Vlaeminck a toujours été connu pour être un champion à l’esprit libre. Il portait son coeur sur sa manche comme on dit en Flandre et n’avait pas peur de titiller tout le monde avec des punchlines bien senties. Du coup, on pouvait l’adorer autant qu’on le détestait. Pourtant, l’homme n’était pas tout le temps en train de dégainer. Il lui arrivait aussi d’émettre des compliments ou de dire des choses positives, mais on en parlait nettement moins. De Vlaeminck, l’enfant du carnaval était considéré comme un solitaire, ce qui lui a valu son sobriquet de Gitan.

Quand on parle de Paris-Roubaix, on associe inévitablement le nom de la course à celui qui fut surnommé « Monsieur Paris-Roubaix. Avant d’être égaler au palmarès par Tom Boonen en 2012, Roger De Vlaeminck avait lui aussi gagné le droit de poser quatre pavés sur sa cheminé. Quatre victoires comme autant de bijoux à une époque où la concurrence était féroce sur les routes du Nord de la France.

Pourtant, l’Enfer du Nord n’était pas la classique préférée d’un Gitan qui lui préférait un Milan – San Remo, qu’il a remporté par trois fois. Pour De Vlaeminck, lever les bras sur la Via Roma était la plus belle chose du monde. Mais ça n’enlève rien à ses épopées pavées sur les routes françaises. Son premier sacre remonte à 1972. Dans des conditions météorologiques épouvantables, le Gitan avait devancé André Dierckx de deux minutes.

De nombreuses histoires circulent sur la fascination de De Vlaeminck pour Paris-Roubaix. On raconte qu’il mettait toujours son vélo dans sa chambre d’hôtel la veille de la course, par exemple. C’était en effet vrai. Mais il faisait de même pour les autres classiques, cela faisait partie d’un certain rituel pour cet homme superstitieux. Pour Paris-Roubaix, il n’a fait que légèrement modifier son vélo en remontant le cadre et en optant pour une fourche légèrement inclinée. Le but était de mieux absorber les chocs sur les pavés. Il a utilisé des tubes qui avaient été stockés dans une pièce sèche chez lui pendant environ quatre ans. Mais De Vlaeminck n’a pas gagné tout seul. Il a toujours commencé dans l’Enfer du Nord avec le sentiment que rien ne pouvait lui arriver. En effet, pendant dix ans, il n’a jamais eu de problème mécanique. Ce n’est que lorsque le doute a commencé à s’installer vers la fin de sa carrière qu’il a subi trois crevaisons…

La préparation d’un Paris-Roubaix a toujours revêtu un caractère particulier pour Roger De Vlaeminck. Il a pris le départ quatre jours avant à Gand-Wevelgem et a enchaîné avec un entraînement de 150 kilomètres. Cela représentait un total de 400 kilomètres sur sa journée. Un médecin italien lui avait dit qu’il était très bon pour l’organisme de faire le vide quelques jours avant une telle course. À condition de contrebalancer la grosse dépense énergétique en accumulant le plus de sucre possible les jours suivants. C’est pourquoi, De Vlaeminck avait toujours une grande quantité de pâtisseries fraîches à portée de main.

Roger De Vlaeminck est certainement l’un des cyclistes les plus complets de l’histoire. Une année, il est passé des labourés du cyclo-cross au Tour de Majorque, qu’il a gagné, et immédiatement après, il a rejoint Patrick Sercu sur les Six Jours d’Anvers et s’est aussi imposé. De Vlaeminck disposait d’une explosivité hors du commun. Personne dans le peloton de l’époque ne pouvait combler un grand écart entre deux groupes aussi rapidement que lui en était capable. Le fait que De Vlaeminck ait couru autant d’années en enchaînant les disciplines s’explique par son autentique amour du cyclisme.

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