© Inge Kinnet

Museeuw : « Deux fois, j’ai lutté pour vivre, j’ai gagné et je suis revenu parmi les meilleurs »

Aucun sportif belge n’a fait la une aussi longtemps que Johan Museeuw (54 ans) dans les années ’90. Endurci par les contrecoups et renforcé par les succès, il est plus heureux que jamais. Il revient sur le passé, son sac à dos rempli de sagesse.

Johan Museeuw à propos…

…de Remco Evenepoel: « J’ai couru avec Patrick, son père. Et dans mes conversations avec Remco, comme récemment en stage, il m’arrive de parler de ma carrière. Surtout pour lui prodiguer des conseils : comment rester concentré, comment relativiser sa gloire…Ce n’est pas facile, compte tenu de son succès, à vingt ans. Il y avait 50 équipes TV à la présentation de Deceuninck-Quick-Step. Pour Alaphilippe mais surtout pour Remco. Tenir dix ans comme ça, sous les feux de la rampe… Regarde comme Sagan, qui n’a que trente ans, est en train de plafonner. Heureusement, Remco est en de bonnes mains avec Patrick Lefevere. »

…de sa fin de carrière : « Après 2002, j’ai senti que je commençais à décliner. Pour gagner le Circuit Het Volk en 2003, j’ai dû me tuer trois fois plus. J’ai compris qu’il me serait difficile de gagner le Tour des Flandres ou Paris-Roubaix. En fait, j’aurais déjà dû prendre ma retraite. J’avais gagné Roubaix 2002 avec trois minutes d’avance et j’avais montré mes dix doigts, un pour chaque victoire en Coupe du monde. La fin parfaite. Ça me trottait en tête pendant que je me dirigeais vers la piste. Mais l’euphorie a été telle…

J’ai pensé que j’allais en gagner onze! J’y suis parvenu, à Hambourg, plus tard dans l’année. Mais qui s’en souvient encore? Je ne suis pas parvenu à arrêter ce que j’aimais tant. Compte tenu de ma valeur publicitaire, personne ne m’y a incité non plus. Je n’étais pas préparé à une nouvelle vie. C’est un ensemble : pendant deux ans, j’ai encore bien gagné ma vie tout en m’amusant. »

…du dopage : « Tout le monde sait que notre génération était trouble. Pourquoi revenir là-dessus, comme Rudy Pevenage dans son livre, il y a peu… Ça n’apporte plus rien. J’espère que la génération actuelle est différente, que nous lui avons appris quelque chose. Je suis fier de n’avoir entraîné personne dans ma chute. Je peux regarder tout le monde en face et je reste bienvenu partout. Ça compte beaucoup pour moi. »

…de sa plus grande fierté : « Ce dont je tire ma plus grande fierté, c’est de la manière dont je me suis battu pour revenir, après avoir failli être amputé de la jambe suite à ma chute à Paris-Roubaix 1998 et après le traumatisme crânien assorti de huit jours de coma suite à l’accident de moto en 2000. Deux fois, j’ai lutté pour vivre, j’ai gagné et je suis revenu parmi les meilleurs. J’aurais pu arrêter car les médecins m’accordaient fort peu de chances de revenir au sommet. J’aurais même pu me servir d’une assurance pour le reste de ma vie. Mais l’argent n’a jamais constitué ma première motivation. C’est d’ailleurs pour ça que je suis resté toutes ces années chez Patrick Lefevere alors que j’aurais pu gagner davantage dans d’autres formations. »

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