Mathieu van der Poel dominateur sur les cross aux Pays-Bas sauf lors de deux championnats du monde

A 28 ans, Mathieu van der Poel compte 75 % de victoires dans sa carrière en cyclo-cross. Le Néerlandais est particulièrement dominateur dans son pays natal. Même s’il y a connu deux revers…dans le cadre mondial.

Mathieu van der Poel est né avec des gènes exceptionnels. Fils du champion Adrie et de Corinne Poulidor, la fille de Raymond, il semblait évident, alors qu’il faisait déjà du vélo à trois ans sans les roues de soutien, qu’il tenterait sa chance dans le cyclisme. A cinq ans, avec un an de moins que les autres, il se présente au départ du Field Trial, une course dans les labourés qui se dispute aux Pays-Bas. Son rêve est alors de devenir un coureur de cyclo-cross comme son idole Sven Nys.

Matje a bien pratiqué d’autres sports comme le judo, le tennis et le football (en tant que milieu offensif au KSK Kalmthout), mais il les a abandonnés lorsqu’il a commencé à se concentrer sur le cyclo-cross lorsqu’il est entré dans la catégorie des aspirants. Se battre dans la boue et faire parler sa technique dans ces conditions. Rien ne lui plaisait plus.

Un choix gagnant puisqu’il a accumulé les victoires dans le challenge de cyclo-cross du West-Brabant (WBVC). En 2004, alors qu’il n’avait que neuf ans, il remporte les neuf courses de sa catégorie d’âge. Notamment celle du 21 novembre… à Hoogerheide. Même si la course ne se déroulait pas exactement au même endroit que celle de dimanche.

Suite à une panne informatique, les organisateurs du WBVC ont perdu une partie des résultats de ces années-là, si bien que le total des victoires de Mathieu van der Poel, depuis sa toute première ne sera probablement jamais établi correctement. (Les personnes qui détiendrait ces résultats sont toujours les bienvenues pour nous contacter).

Ce que nous savons, c’est qu’il a subi l’une de ses rares défaites lors de l’automne 2006 à l’occasion d’une course du WBVC qui se déroulait à Hoogerheide. Toon Wouters, le coureur belge qui pouvait occasionnellement le battre à l’époque, l’avait devancé.

L’année suivante, Van der Poel s’est offert en Zélande son premier titre de champion des Pays-Bas de cyclocross, à l’âge de 12 ans. Il le reconduira l’année suivante, en 2008, à Schijndel-Eerde. En 2009, il n’a pris que la septième place de son championnat national, dans la catégorie des jeunes de 14 ans, lors du cyclocross d’Almelo. Le jeune prodige avait chuté à plusieurs reprises.

Cinq défaites

Van der Poel est devenu encore plus dominant entre les catégories r »ookies » (2009/10) et celle des espoirs (2014/15). Nous avons retrouvé tous les résultats et dans son pays, il était souvent imprenable. mais pas imbattable. Il a ainsi remporté 85% de ses courses dans les labourés, soit 28 sucès sur 33 départs.

Le premier de ces cinq revers remonte à sa première saison chez les débutants, alors qu’il n’avait que 14 ans. MvdP s’est incliné à Harderwijk au moins de septembre) puis au championnat des Pays-Bas d’Heerlen en janvier. Dans cette dernière course, il avait subi la loi d’Erik Kramer, âgé d’un an de plus que lui.

Après ces deux défaites, Van der Poel ne s’est plus incliné sur le territoire néerlandais pendant trois saisons, jusqu’à la manche de Coupe du monde de Valkenburg, en octobre 2013. Dans cette course de la catégorie des espoirs, il a été devancé par Wout van Aert et Michael Vanthourenhout, le meilleur ce jour-là. C’était aussi la première fois que WvA devançait son éternel rival dans un cross.

Le scénario s’est répété plus tard dans la saison, lors d’une course encore plus importante : le championnat du monde U23 à Hoogerheide. Sur ses terres natales, Matje a subi la loi de van Aert et fut encore devancé par Vanthourenhout.

Un podium mondial des espoirs en 2014 qui pourrait être le même ce dimanche chez les élites. Reste à voir si ce sera dans le même ordre. (Photo by Tim de Waele/Corbis via Getty Images)

van der Peol était particulièrement déçu mais se montra aussi beau joueur dans la défaite. Il ne s’est pas retranché derrière les séquelles d’une infection de la gorge pour justifier son échec. « Wout y allait tellement fort. Je n’avais juste pas les jambes pour suivre. Et même si je les avais eues, il serait probablement quand même devenu champion du monde », reconnaissait celui qui allait devenir quadruple champion du monde chez les élites.

« Matje » aurait pu quitter la course d’Hoogerheide après seulement un tour, mais il a continué, malgré les huées des nombreux supporters belges. « Se faire huer devant son propre public, ça ne se fait pas », estimait cependant le futur champion.

Pour expliquer sa défaite, van der Poel a avancé le fait qu’il avait trop roulé sur la route pendant l’été. Il était d’ailleurs devenu champion du monde des juniors à Florence. « Je dois davantage me concentrer sur le cross. C’est la leçon que j’ai apprise de ce revers », expliquait-il encore.

Lors de la saison suivante (2014/15), Van der Poel subit sa dernière défaite dans la catégorie des juniors dans une course de cyclo-cross disputée outre-Moerdijk. A Valkenbrug, il termine à nouveau derrière Vanthourenhout, le vainqueur, et van Aert. Un avant-goût de ce qui se passera quelques années plus tard.

Deux premières victoires en pro

À cette époque, le Néerlandais originaire de Kapellen combinait déjà son programme avec des courses chez les professionnels et avait d’ailleurs remporté ses deux premiers bouquets dans cette catégorie. Où ça ? Aux Pays-Bas évidemment: le 16 février 2014 à Heerlen, à l’âge de 19 ans, 5 mois et 1 jour, puis le 5 octobre 2014, dans la manche du Superprestige de Gieten. C’était aussi sa première victoire dans une course comptant pour un challenge. À 19 ans, 8 mois et 17 jours, il devenait aussi le plus jeune coureur de l’histoire à y parvenir. Chez les espoirs, c’est Wout van Aert qui raflait la mise à Gieten.

Mathieu Van Der Poel lors de sa victoire dans la manche du Superprestige de Gieten. Sa deuxième chez les pros. (Photo by Luc Claessen/Getty Images)

C’était le début d’une impressionnante série de victoires à domicile dans la catégorie élite. Jusqu’à présent, Van der Poel a levé les mains 26 fois en 28 cyclo-cross aux Pays-Bas, soit un taux de victoire de 93 %.

Ses deux seules défaites ? Lors de la manche de la Coupe du monde d’… Hoogerheide en 2017, où Van der Poel n’a pris que la 24e place à 2’14 » du vainqueur Lars van der Haar. C’est son plus mauvais résultat dans un cross de la catégorie élite qu’il a terminé. Pour justifier cette contre-performance, le crack néerlandais a invoqué de la fatigue après un stage très intensif.

Van Aert n’était pas au départ ce jour-là, préservant son genou douloureux en vue des Mondiaux de la semaine suivante à Belvaux, au Luxembourg. Le Campinois y remportera d’ailleurs son deuxième maillot arc-en-ciel, devant un Van der Poel particulièrement déçu. Plusieurs crevaisons avaient ralenti le Néerlandais alors que le Belge avait effectué les bons choix de matériel.

Aucune garantie

Un an plus tard, Van Aert remet le couvert à… Valkenburg, toujours à Valkenburg. C’était d’ailleurs le troisième parcours de championnat du monde dessiné par le père de Mathieu, Adrie van der Poel. A croire que ce dernier favorise les desseins du plus grand rival de son fils puisque MvdP avait été battu par van Aert tant à Hoogerheide en 2014 qu’à Belvaux en 2017…

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C’était la deuxième et dernière défaite de Mathieu Van der Poel dans son pays natal chez les pros. Il a été balayé ce jour-là par son éternel rival van Aert qui l’a devancé de 2 minutes et 30 secondes. Le deuxième plus grand écart que le Belge lui a infligé. (après la manche de Coupe du monde de 2020 à Termonde, 2 minutes et 49 secondes).

Trois comme son nombre de titres de champions du monde et de victoires sur des tracés dessinés par le père de Mathieu van der Poel. (Photo by Luc Claessen/Tim De Waele/Getty Images)

En conclusion, Van der Poel a gagné 54 de ses 61 cross outre-Moerdijk, depuis la catégorie des débutants jusqu’à celle des professionnels. A Gieten, il est venu 9 fois et a vaincu autant de fois et il reste sur 10 succès sur ses championnats nationaux en onze participations.

Le pourcentage de victoires de van der Poel est donc de 88,5 %, soit près de 17 % de plus que son pourcentage de succès hors de ses terres néerlandaises (71,7 %). Le (gros) bémol de ce bilan est exceptionnel est certainement que ses deux défaites coïncident avec la course la plus importante de la saison dans les labourés: les championnats du monde.

Mais en cyclocross, les résultats passés n’apportent aucune garantie de succès pour l’avenir. Et certainement pas plus pour le prochain Mondial à… Hoogerheide.

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