Les championnats marquants de Wout van Aert, partie 5: « un champion, mais aussi un homme et un père »

À l’approche des championnats du monde de cyclocross, nous reviendrons en cinq épisodes avec Roger De Bie, beau-père de Wout van Aert et l’un de ses mécaniciens attitrés, sur quelques championnats mémorables de la carrière du Campinois. Ce samedi, le championnat de Belgique à Meulebeke en 2021.

Roger De Bie : « L’année a commencé de façon fantastique. Le lendemain du cross d’Hulst, le 4 janvier, Sarah a donné naissance à notre premier petit-enfant, Georges. Un bonheur immense. Mais immédiatement après, une brève conversation via facetime a aussi suscité des inquiétudes. Sarah n’avait pas l’air bien. Elle était très pâle. Encore un peu fatiguée de l’accouchement, avons-nous pensé. »

« Mais le soir, Wout a rappelé : « Des complications sont survenues. Il a essayé de nous rassurer, mais le lendemain, il a rappelé : « Pouvez-vous venir chez nous ? » Avec ses parents, nous sommes allés là-bas. Lorsque Wout est arrivé, il a tout expliqué, dans l’allée. Nous sommes restés bouche bée, c’était sérieux… »

« Même le lendemain, Sarah n’allait pas mieux. J’ai même dû rentrer à la maison, je ne pouvais pas travailler. Avec les parents de Wout, nous nous sommes mis d’accord pour nous taire afin que les journaux n’en parlent pas dès le lendemain. »

« Ce n’était pas une situation évidente pour Wout non plus, juste avant le championnat de Belgique. La nuit, il a même dormi avec Sarah et Georges à l’hôpital. Pendant la journée, il essayait de s’entraîner un peu, mais sa seule véritable préoccupation était sa famille. »

« Heureusement, pendant le week-end, l’état de santé de Sarah s’est un peu amélioré et elle a pu rentrer chez elle. C’est ainsi que Wout et moi nous sommes mis d’accord le samedi pour une dernière séance d’entraînement derrière mobylette. Après quelques sprints, je lui ai alors dit : « Tu es prêt, Wout ». Pour lui donner une confiance supplémentaire, parce que sa préparation était loin d’être idéale. »

Cela s’est ressenti le jour de la course. Wout a pris les devants dès le départ, mais après cela s’est retourné contre lui. « Toon Aerts va encore le dépasser », ai-je craint. Mais Wout a quand même tenu bon, avec de la morve jusqu’aux oreilles. »

Wout Van Aert dans le sable (Photo by DAVID STOCKMAN/BELGA MAG/AFP via Getty Images)

Homme de famille

« Ce n’est que lorsqu’il est tombé avec émotion dans les bras de son accompagnateur Wesley Theunis, après l’arrivée, que tout le monde a compris qu’il y avait autre chose. À la maison, avec Sarah, où nous avions regardé la course à la télévision, les émotions étaient encore plus intenses. Surtout quand Wout est arrivé dans la soirée… »

« Ma femme et moi voulions les laisser seuls avec Georges, mais Wout a dit : « Je préférerais que vous restiez pour le dîner ». C’est un comportement typique de Wout qui est avant tout un homme de famille. Ce n’est pas qu’un champion sur la route, mais aussi en tant que père et être humain. Je ne saurais trop insister sur ce point. C’est un type incroyable, au-delà des mots pour le décrire. La manière dont il conserve son calme malgré les problèmes personnels est assez impressionnante. Il y a d’abord eu cette chute à Pau puis les complications que Sarah a connu après l’accouchement de Georges. »

« Mais bon, parfois, ce n’est pas toujours le cas. On a pu le voir lors des Mondiaux d’Ostende. Il était en tête en début de course avant d’être victime d’une crevaison. Il n’a jamais pu se remettre mentalement de ce coup du sort. C’était quelque part logique au vu du rythme effréné des semaines précédentes. Je reste convaincu que sans cette crevaison, Wout devient champion du monde et pas Mathieu van der Poel. »

Lire plus de:

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire