« Le système de répartition des points a été néfaste pour Lotto-Soudal. Ce n’est pas comme ça qu’on apprend à des coureurs à bien courir et à gagner »

José De Cauwer et Serge Pauwels reviennent sur la saison cycliste écoulée et notamment sur la relégation du World Tour de l’équipe Lotto-Soudal. Ils abordent aussi l’éclosion du phénomène Arnaud De Lie et les responsabilités de John Lelangue, le manager sportif qui a quitté la formation depuis lors.

Serge, tu avais dit en début de saison que chez Lotto – Soudal, il fallait tenir Arnaud De Lie à l’œil. Belle prédiction!

PAUWELS: Au niveau international, la révélation de l’année a été Biniam Girmay, mais en Belgique, c’est Arnaud De Lie. Il a gagné neuf courses et c’est peut-être dans la Famenne Ardenne Classic, début octobre, qu’il a réalisé son plus grand numéro. Il a chuté à 900 mètres de l’arrivée et il a quand même fini quinzième. Quel coureur! Lotto a fait une super affaire en le prolongeant. Avec lui, on peut construire quelque chose.

Mais ses résultats n’ont pas suffi pour que Lotto sauve sa place en World Tour.

DE CAUWER: Le système de répartition des points a été néfaste pour cette équipe. Ce n’est pas comme ça qu’on apprend à des coureurs à bien courir, ce n’est pas comme ça non plus qu’on leur apprend à gagner. Qu’est-ce que Florian Vermeersch ne s’est pas démené!

PAUWELS: Il s’est très peu reposé cette année. Il finissait une course, et cinq jours plus tard, il reprenait déjà du service.

DE CAUWER: Leur façon de rouler était surtout trop nerveuse. Quand des gars de Jumbo – Visma font la course en tête, laisse-les faire et n’essaie pas de prendre les commandes de l’autre côté de la route. Parfois, ils paniquaient.

Qui était responsable de cette façon de courir?

PAUWELS: Des décisions pareilles viennent d’en haut. Dans ce cas, c’est John Lelangue qu’il faut montrer du doigt. Mais je vois un bel avenir pour cette équipe parce qu’il y a assez de jeunes talents. Il y a De Lie, mais je pense aussi à Alec Segaert. Évidemment, tout dépendra de la façon dont l’équipe sera dirigée.

DE CAUWER: Le système était insuffisant. On ne peut pas attendre de jeunes coureurs qu’ils dictent la marche à suivre. Chez Quick Step, il y a Patrick Lefevere, et en dessous de lui, Wilfried Peeters et Tom Steels, des gars avec une grosse expérience. Dis-moi qui prenait les grandes décisions chez Lotto. Il y avait Lelangue, mais qui en dessous de lui? Pas de Peeters, pas de Steels. Qui a la direction sportive dans cette équipe? Maxime Monfort? Nikolas Maes? Je n’en sais rien.

PAUWELS: Effectivement, ce n’est pas clair. Il faut désigner quelqu’un.

DE CAUWER: Quelqu’un qui mettra le pied dans la porte et osera définir une ligne tactique. Je n’ai rien contre Lelangue, mais on ne peut pas dire que son histoire avec Lotto se soit bien terminée. S’il estimait qu’il fallait licencier Marc Sergeant et Herman Frison, il devait le faire, mais il aurait pu communiquer là-dessus beaucoup plus tôt. Et puis il y a eu les recrutements de Philippe Gilbert et John Degenkolb. Gilbert, je pouvais encore comprendre, c’était une bonne façon de séduire le public belge. Mais Degenkolb? Il arrive un moment où il faut pouvoir reconnaître qu’on s’est trompé.

Lire cette interview complète sur la saison cycliste analysée par Serge Pauwels et José De Cauwer dans le numéro d’automne de Sport/Cyclisme Magazine

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