Le doublé de Mathieu van der Poel est le plus impressionnant de l’histoire: la preuve en chiffres

Mathieu van der Poel a remporté Paris-Roubaix, une semaine après avoir triomphé sur le Tour des Flandres. Un exploit pas si unique, mais exceptionnel dans la manière.

C’était déjà arrivé douze fois. Un exploit réalisé par dix coureurs différents. Remporter le Tour des Flandres et Paris-Roubaix la même année n’est donc plus si exceptionnel en soi. Toutefois, personne n’avait jamais réussi le doublé des monuments pavés avec une telle domination que Mathieu van der Poel.

Heiri Suter était le premier, il y a 101 ans, en 1923. Il a ensuite été imité par Romain Gijssels (1932), Gaston Rebry (1934), Raymond Impanis (1954), Fred De Bruyne (1957), Rik Van Looy (1962), Roger De Vlaeminck (1977), Peter van Petegem (2003), Tom Boonen (2005 et 2012) et Fabian Cancellara (2010 et 2013). Une liste de figures emblématiques où on ne trouve pas la trace du Cannibale Eddy Merckx ou du Lion des Flandres Johan Museeuw. La preuve que le doublé n’est pas si évident à réaliser, même pour le meilleur coureur de tous les temps et l’un des plus grands spécialistes des pavés de l’histoire du cyclisme.

Mathieu van der Poel a rejoint cette liste dimanche dernier, avec sa deuxième victoire consécutive dans l’Enfer du nord, une semaine après avoir remporté son troisième Tour des Flandres. S’il n’était pas tombé sur un invincible Tadej Pogacar sur le Ronde l’année dernière, il aurait même réalisé le doublé deux années de suite. Même sa deuxième place sur le Tour des Flandres 2023 suivie de trois victoires est une exception dans les monuments pavés. Seul Tom Boonen avait réalisé un tel enchainement, réalisant le doublé en 2005 puis remportant encore le Ronde en 2006 avant d’échouer à la deuxième place sur le Vélodrome de Roubaix.

Boonen a réalisé son premier doublé en 2005, et son deuxième en 2012, mais pas avec une telle domination que Mathieu van der Poel. Le Néerlandais est parti seul dans le Koppenberg, à 44,8 kilomètres de l’arrivée du Tour des Flandres, puis à 59,7 kilomètres de l’arrivée sur Paris-Roubaix, sur les pavés du Chemin des Prières à Orchies. Au total, 104,5 kilomètres, soit 2 heures, 22 minutes et 47 secondes à l’attaque.

Aucun des dix prédécesseurs mentionnés ci-dessus n’a pu réaliser des solos aussi longs lors de ses victoires, que ce soit dans l’une des deux classiques ou au total. Fabian Cancellara s’en est approché, en partant seul à 15 kilomètres de l’arrivée dans le Tour des Flandres 2010 puis à 46,3 kilomètres de la ligne d’arrivée à Roubaix pour un total de 61,3 kilomètres, soit plus de 43 de moins que Van der Poel. Tom Boonen a réalisé un autre solo plus long dans l’Enfer du nord en 2012 (53,2 kilomètres), mais il a remporté le Tour des Flandres cette année-là au terme d’un sprint à trois.

Les écarts dantesques de Mathieu van der Poel

Il n’y a pas que les attaques au long cours qui font des victoires de Mathieu van der Poel des évènements uniques. Sa façon d’écraser la concurrence a aussi marqué les esprits et l’histoire. En cumulant une minute et deux secondes sur le Ronde, puis trois minutes sur Paris-Roubaix, il a rejoint Fabian Cancellara, le dernier à avoir remporté les deux monuments pavés avec plus d’une minute d’avance en 2010 (1’15 sur le Tour des Flandres et 2’00 sur Paris-Roubaix). Seul Gaston Rebry fait mieux que les 4’02 cumulées par Van der Poel, mais le Flandrien doit essentiellement cela à ses 4’16 d’avance sur le Ronde, ne remportant ensuite l’Enfer du nord qu’avec cinq secondes d’avance sur Jean Wauters.

Personne n’a donc autant dominé les monuments pavés que Mathieu van der Poel au cours d’une saison, lui qui a en outre battu consécutivement trois fois le record de vitesse de l’épreuve. Avec, en prime, un double doublé unique pour son équipe Alpecin-Deceuninck puisque son coéquipier Jasper Philipsen s’est une nouvelle fois classé deuxième sur le vélodrome roubaisien. Deux équipiers aux deux premières places pour deux années de rang, ce n’était jamais arrivé auparavant sur un monument du calendrier cycliste.