
Kopecky gagne (encore) le Tour des Flandres: son plan de pure tacticienne a été respecté à la lettre (analyse)
Lotte Kopecky a fait preuve de sang-froid et d’intelligence tactique pour remporter son troisième Tour des Flandres, presque sans forcer.
La championne du monde Lotte Kopecky (29 ans) a remporté le Tour des Flandres, confirmant son statut de meilleure coureuse de classiques de sa génération. En plus d’un Paris-Roubaix, de deux titres mondiaux et de deux victoires sur les Strade Bianche, elle compte désormais trois fois le «Ronde» à son palmarès.
Il ne s’agit toutefois pas de son plus beau triomphe. L’opposition était trop limitée pour cela. D’abord parce que Demi Vollering, numéro un mondiale, n’a pas pris le départ. Certes, il restait ensuite la tenante du titre Elisa Longo Borghini et la toujours redoutable Marianne Vos, mais l’Italienne n’a pas pu arriver au terme de la reine des Flandres à cause d’une chute dans la première heure de course qui l’a contrainte à l’abandon à 100 kilomètres de l’arrivée tandis que la Néerlandaise n’était pas complètement remise de la maladie qui l’avait privée de «Dwars door Vlaanderen» en semaine et n’a fait que de la figuration pour son treizième Tour des Flandres.
La manière n’était pas non plus la plus épatante, en comparaison avec la démonstration de puissance de Tadej Pogacar chez les messieurs. Lotte Kopecky est pourtant capable de rouler de la sorte, comme elle l’avait montré sur le Tour de France 2023, avec un spectaculaire solo de 18 kilomètres, ou quand elle s’est envolée seule vers son premier titre mondial à Glasgow. Ici, pas de performance physique de très haut niveau, mais une course maîtrisée avec les méninges. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si, au moment où elle a posé pour les photographes après l’arrivée, elle a pointé le doigt vers sa tête. Sur la ligne, Lotte Kopecky avait montré les biceps mais dans le final toujours nerveux du Ronde, elle a découpé ses adversaires au scalpel, comme un chirurgien plein de sang-froid.
Avec le vent de face, Lotte savait qu’elle n’était pas assez forte pour partir seule. Un rapide examen de ses trois compagnes d’échappée lui assurait par contre une victoire au sprint. Elle n’a donc même pas tenté sa chance pour s’envoler en solitaire, et s’est contentée de contrôler le groupe. Il faut dire que Pauline Ferrand-Prévot, Liane Lippert et Katarzyna Niewiadoma lui ont également facilité la tâche, en collaborant sans rechigner sur la route qui les menait à Audenarde. Il n’y a que la Polonaise qui a rompu le script de Kopecky, lors d’une attaque très facilement gérée par le métier et l’intelligence de course de la Belge.
Ce n’était certainement pas sa victoire la plus difficile, mais ça n’enlève rien au fait que l’important, c’est de lever les bras à la fin. Alors qu’elle a plutôt calculé son pic de forme pour arriver au sommet au moment de Liège-Bastogne-Liège, la Belge ne s’est pas fait prier pour ajouter un troisième Tour des Flandres à son palmarès. Avant d’y épingler, peut-être, un deuxième Paris-Roubaix dès le week-end prochain, quand le peloton féminin se frottera aux rugueux pavés de l’Enfer du Nord. Une course qui n’est pas toujours gagnée par la meilleure, mais souvent par la plus maligne. Taillée sur mesure pour le scalpel de Lotte.
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