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Il y a 10 ans, Tom Boonen égalait Roger De Vlaeminck au terme d’un récital

Jacques Sys Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

Ces prochains jours, nous reviendrons sur les éditions marquantes de Paris-Roubaix. Aujourd’hui, on va évoquer l’Enfer du Nord de 2012, voici 10 ans. Tom Boonen s’offrait un quatrième pavé comme Roger De Vlaeminck au terme d’un solo de plus de 50 km. Certainement le chef-d’oeuvre du Campinois.2

Il y a dix ans, en 2012, l’on a vécu une édition historique de Paris-Roubaix car elle a permis à Tom Boonen de remporter son quatrième pavé. Il a égalé ainsi le record de Roger De Vlaeminck, le maître absolu du Nord de la France . A 52 kilomètre du vélodrome André Pétrieux, Boonen a lâché son coéquipier Niki Terpstra en compagnie duquel il s’était extirpé du petit groupe de favoris quelques kilomètres auparavant. Il était ensuite parti pour une chevauchée en solitaire au cours de laquelle il a survolé les pavés au milieu d’une marée humaine acquise à sa cause. La semaine précédente, Tommeke avait également remporté le Tour des Flandres et Gand-Wevelgem.

Plusieurs fois dans sa carrière, Tom Boonen a été comparé à son compatriote Rik Van Looy, lui-même triple vainqueur de Paris-Roubaix dans les années 1960. Le Campinois était également un bon sprinteur avec un excellent sens de la course dès qu’il y avait du vent sur le parcours. Naturellement sympathique, il parlait, avec son accent de Campine, toujours intéressant à écouter et vendant rarement des clichés dans ses interviews. Un coureur charismatique, une vedette du vélo. C’est ainsi que Boonen a été porté aux nues après avoir remporté Paris-Roubaix pour la première fois en 2005. Mais il s’est aussi avéré être le produit d’une société qui a découvert la vague des BV’s (Bekende vlamingen, des célébrités connues qu’au nord du pays), avec ses tentations et ses excès. Il y a eu les contrôles positifs pour consommation de poudre blanche qui lui ont notamment coûté une participation au Tour de France, une amourette avec une trop jeune fille, des voitures cabossées etc. Mais l’Anversois a néanmoins réussi à sortir de ce cercle vicieux de son propre chef pour revenir au devant de la scène sportive.

Alors qu’il disputait sa première année chez les professionnels sous les couleurs d’US Postal, Tom Boonen a montré l’étendue de son talent en marquant les esprits avec une troisième place sur le Paris-Roubaix de 2002. Il fut d’ailleur adoublé par Johan Museeuw qui lui confia sur le podium qu’il serait son successeur sur les classiques flandriennes. Lorsqu’il est transféré chez Quick.Step en 2003, l’équipe américaine n’a pas été amusée par la situation. Lance Armstrong l’a d’ailleurs montré dans un e-mail blessant où il exprimait toute sa rancoeur. Ces mots avaient à l’époque touché Boonen qui avait même pleuré.

Personne ne s’attendait à ce que sa carrière prenne un tel tournant à l’époque. Mais les tests physiques ont rapidement montré que le jeune Belge possédait une longueur d’avance sur les autres en termes de capacités physiques. Pour l’endurance et la force, Tom Boonen avait aussi obtenu des scores élevés et c’était une combinaison rarement vue à l’époque. Il avait les capacités pour devenir un grand coureur et s’est entraîné très dur pour remporter de grandes victoires. Ce corps athlétique et musclé était taillé pour dominer les routes plates et pavées du Nord de la France. Le fait qu’il ait brillé au Tour des Flandres et à Paris-Roubaix et qu’il ait inscrit ces monuments respectivement trois et quatre fois sur son palmarès n’est donc pas un hasard. Sur l’Enfer du Nord, il est même monté sept fois sur le podium, même si la dernière en 2016 était une grosse désillusion. Alors qu’il semblait parti pour devenir le recordman unique de victoires (5), il a été devancé au sprint par Matthew Hayman, dont la préparation s’était déroulée principalement sur le home-trainer de son garage. Certains disent qu’il aurait pu ranger son vélo au clou s’il s’était imposé ce jour-là. Il le fera un an plus tard après avoir décidé de tenter une dernière fois sa chance sur la course de sa vie. C’est finalement Greg Van Avermaet qui s’imposera pour la dernière du grand Tom. Une carrière qui reste l’une des plus brillantes du cyclisme belge.

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