Evenepoel, Van Aert, Van Avermaet: qui va dévorer le Mont Fuji aux JO?
Pays de cyclisme par excellence, la Belgique a régulièrement pu compter sur cette discipline pour ramener des médailles olympiques. Cinq ans après le sacre de Greg Van Avermaet, les hommes de Sven Vanthourenhout se préparent pour Tokyo avec de grandes ambitions. Analyse.
Douze médailles en cyclisme sur route. Voici l’incroyable bilan des Belges dans cette discipline tant appréciée chez nous. Après tout, quoi de plus normal pour un pays qui accueille certaines des plus belles courses du monde? Pourtant, la course olympique ne ressemble à aucune autre. Contrairement aux championnats du monde, d’Europe ou aux différents monuments, les Jeux Olympiques s’organisent tous les quatre ans et le gagnant arbore les liserés dorés pendant toutes ces années.
D’ Henri Hoevenars à Greg Van Avermaet, d’Anvers 1920 à Rio 2016, les résultats belges se sont révélés brillants. Même si, depuis le début du XXIe siècle, ils ont été davantage en dents de scie. Après un départ en fanfare suite à la médaille de bronze d’ Axel Merckx en 2004, la délégation belge a connu douze ans de disette. Malgré les performances de Tom Boonen ou Philippe Gilbert sur le circuit WorldTour, le podium olympique s’est fait désirer. C’est finalement Greg Van Avermaet qui, d’un sprint rageur au bord de la plage de Copacabana, a réconcilié le vélo belge avec les anneaux, en ramenant l’or dans ses valises. À Tokyo, la physionomie de course ne sera certainement pas la même, mais les Belges auront tout de même leur mot à dire.
Comme Van Avermaet en 2016, Remco Evenepoel et Wout van Aert pourront-ils revenir des Jeux avec une médaille?
Parcours de costaud
Cette année, les organisateurs ont réservé un parcours particulièrement compliqué aux coureurs. Long de 234 kilomètres, il comptera 4.865 mètres de dénivelé positif au total. Les concurrents s’élanceront du parc Musahinonomori, au nord-ouest de la capitale nippone. Après dix kilomètres, le départ officiel sera donné et la bataille pourra commencer.
Le peloton prendra alors la route en direction du mont Fuji, où trois ascensions majeures l’attendent. Après la Doushi Road et le Fuji Sanroku, la dernière bosse, la plus compliquée, est placée à trente kilomètres de l’arrivée. Long de 6,8 kilomètres à 10,2% d’inclinaison moyenne, le Mont Mikuni s’érige en juge de paix de cette course olympique. L’arrivée se décidera sur le circuit automobile du Fuji Speedway.
« C’est un parcours pour les Belges », disait récemment le sélectionneur fédéral Sven Vanthourenhout à la Dernière Heure. « Ça ressemble à un circuit de classiques où nous pourrons avoir des atouts. » Une épreuve test s’est d’ailleurs déroulée le 21 juillet 2019, et Loïc Vliegen s’était illustré avec une belle cinquième place. La victoire était quant à elle revenue à l’Italien Diego Ulissi.
Qui sera de la partie?
Dresser la liste des coureurs pour la course en ligne n’est pas une tâche facile pour le sélectionneur. La Belgique dispose d’un tel réservoir que laisser de potentiels vainqueurs à la maison est tout sauf évident. Pour faciliter la tâche de Vanthourenhout, Tim Wellens et Philippe Gilbert ont déjà annoncé qu’ils ne désiraient pas être du voyage.
Finalement, les heureux élus sont Remco Evenepoel, Wout van Aert, Greg Van Avermaet, Tiesj Benoot et Mauri Vansevenant. La nouvelle pépite de Deceuninck – Quick-Step occupera surtout un rôle d’équipier, un profil que le sélectionneur recherchait pour faire le liant dans cette équipe de cadors, composée de profils très différents, entre puncheurs et grimpeurs. Oui, l’arsenal belge pour dompter le Mont Fuji est impressionnant. Mais d’autres nations semblent bien armées, elles aussi.
Solide opposition
Au vu du parcours, il paraît très probable que le vainqueur final soit un grimpeur. À partir de ce constat, quelques noms se dégagent. Du côté français, les forfaits du champion du monde Julian Alaphilippe et de Romain Bardet constitueront un sacré handicap pour les hommes de Thomas Voeckler, même si David Gaudu devrait prendre la relève. On tiendra également à l’oeil l’armada britannique, avec les frères Yates, Geraint Thomas et Tao Geoghegan Hart, même si de nombreux autres vainqueurs potentiels comme Tom Dumoulin ou Nairo Quintana seront présents.
Tout dépendra peut-être du Tour de France. En effet, les coureurs écumeront les routes françaises jusqu’au 18 juillet, tandis que la course en ligne des JO doit avoir lieu dès le 24. Enchaîner trois semaines d’une course impitoyable avant de s’envoler vers le Japon, tout en restant à son meilleur niveau pourrait être délicat et donc avoir des conséquences sur beaucoup de délégations, notamment la nôtre.
Tous contre Ganna
Le contre-la-montre sera lui aussi vallonné. Les spécialistes de la discipline démarreront du pied du Mont Fuji pour parcourir à deux reprises un circuit de 21,2 kilomètres traversant notamment le Fuji Speedway.
Pas de suspense, Remco Evenepoel et Wout van Aert seront les représentants noir-jaune-rouge. Déjà officialisée depuis plusieurs semaines par le COIB, la sélection des deux gros rouleurs est actée, ils enquilleront chrono et course en ligne. Malgré la deuxième place d’Evenepoel au contre-la-montre aux championnats de Belgique derrière son coéquipier Yves Lampaert, le petit prodige sera bien du voyage à Tokyo. Absent des routes du Tour, il a déjà entamé sa préparation pour ce qui représente l’un des plus grands objectifs de sa saison.
Le grand déçu est sans doute Victor Campenaerts. Le double champion d’Europe de la spécialité a vu ses deux jeunes adversaires lui griller la politesse et il devra se contenter d’une place de réserviste. « Je me rends compte que Campenaerts serait très heureux d’aller aux JO, mais il est conscient que ce sera difficile pour lui. Il sait comment j’envisage les choses. Il est en stand-by s’il y a un problème avec Remco ou Wout », confirmait le sélectionneur fédéral dans un entretien accordé au site de Belgian Cycling.
Pour empocher la victoire, les Belges devront concurrencer l’Italien Filippo Ganna, grand spécialiste de l’épreuve depuis plus d’un an. Avec un Evenepoel moins performant qu’avant sur la discipline, et un Van Aert éreinté par son Tour de France, la Belgique ne part pas favorite des pronostics. Mais avec ces deux talents imprévisibles, rien n’est impossible.
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