Eli Iserbyt, l’homme dans l’ombre des van der Poel et van Aert: « J’ai besoin du printemps et de l’été pour recharger mes batteries »
Cantonné dans l’ombre des Mathieu van der Poel, Wout van Aert et Tom Pidcock, Eli Iserbyt enchaîne les victoires dans les labourés en attendant le retour des trois cadors. Rencontre avec celui qui espère surtout rester « le meilleur crossman après les Trois Grands. »
Tu le dis: tu as une grande gueule. Peux-tu nous donner un exemple récent?
ISERBYT : Durant le dernier stage, j’ai dit à un coureur qui avait lâché prise: «Aïe, tu n’as de nouveau pas été capable de suivre. À ta place, je me ferais du souci pour la saison de cross.» J’étais à la fois ironique et plaisantin, mais le lendemain, ça a été mon tour d’avoir un jour sans et ce coureur m’a dit la même chose. Je sais encaisser, mais je m’abstiens de remarques de ce genre à la télévision, car ceux qui ne me connaissent pas pourraient se méprendre.
Comment réagis-tu quand quelqu’un t’insulte, pendant une course ou après?
ISERBYT : Je ne réagis pas aux propos d’une bande d’ivrognes mais quand il s’agit d’un adulte en compagnie d’un enfant, il m’arrive de m’arrêter. J’essaie de demander gentiment quel est le problème, s’il assiste aux cross juste pour se lâcher. Soit ces personnes restent bouche bée, soit elles m’insultent encore plus et me traitent d’arrogant personnage.
Je devrais m’abstenir… Mais ça va mieux. J’ai appris à me maîtriser, notamment grâce à un ancien directeur d’équipe, Richard Groenendaal. Lors de notre première rencontre, je lui ai parlé du coup qu’il a donné à un spectateur à Diegem. «Je veillerai à ce que tu ne commettes pas ce genre d’erreur», a-t-il répondu. Il y est parvenu.
Je suis plus prudent, mais je ne veux pas être insipide. On ne change pas son caractère non plus. Je reste le gendre qui arrive à moto, en veste de cuir, chez ses beaux-parents (il rit). Et puis, je dois aider le cyclo-cross à se vendre, puisque j’en suis un des principaux acteurs, certainement en l’absence de Wout van Aert et de Mathieu van der Poel. Le cyclo-cross est un feuilleton d’une heure. Il faut faire en sorte que les gens le suivent chaque semaine et donc les divertir.
En saison, tu es sous les feux de la rampe pendant cinq ou six mois. Pourrais-tu supporter cette pression toute l’année, comme Van Aert?
ISERBYT : Non. J’ai besoin du printemps et de l’été pour recharger mes batteries, vivre dans l’anonymat, seul avec Fien. C’est pour ça que cette maison nous plaît tellement. Mais je ne me plains pas! Au contraire. Je suis bien payé pour faire ce que j’aime, près de chez moi. Je dois accepter les contraintes qui vont de pair avec ce job. D’autres coureurs obtiennent moins que moi. J’éprouve un profond respect pour eux, car je ne pourrais pas consentir de tels efforts pour une récompense aussi maigre.
En Espoirs, tu as travaillé avec une sorte de coach mental, qui t’a appris à gérer les critiques et à livrer des duels acharnés, comme contre Tom Pidcock. Ça ne t’apporterait plus rien?
ISERBYT : Je me suis déjà demandé si, dans cette phase de ma carrière, quelqu’un pourrait me permettre de progresser ne fût-ce que d’un pourcent. Je n’ai pas encore tranché la question. Il me sera difficile de trouver quelqu’un avec qui le courant passe et qui peut m’apprendre quelque chose à ce niveau. Je pense être à même de résoudre ces problèmes moi-même, avec l’aide de Fien, de mon entraîneur et des directeurs sportifs.
Lire cette interview complète d’Eli Iserbyt dans le numéro d’automne de Sport/Cyclisme Magazine.
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