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Dopage : l’UCI aurait expliqué à Armstrong la méthode de détection de l’EPO

Le président de l’Agence américaine antidopage (Usada) Travis Tygart estime que le directeur du laboratoire de Lausanne, Martial Saugy, a « donné les clés » du test de détection de l’EPO à Lance Armstrong après son résultat suspect au Tour de Suisse 2001.

Tygart a abordé mercredi dans l’émission « 60 Minutes Sports », diffusée sur la chaîne américaine Showtime, certains aspects de l’enquête de l’Usada qui a entraîné la chute d’Armstrong, privé de sept victoires dans le Tour de France.

Le patron de la lutte antidopage aux Etats-Unis raconte notamment avoir parlé avec M. Saugy lors d’un dîner en 2010. « Il s’est assis à côté de moi et m’a dit : ‘Travis, il y a un échantillon de Lance Armstrong (du Tour de Suisse 2001) qui indiquait que Lance Armstrong utilisait de l’EPO’. Il (M. Saugy) nous a aussi dit qu’il lui avait été ordonné (en 2002) par l’UCI (Fédération internationale de cyclisme) de rencontrer Lance Armstrong et (le manager de l’US Postal) Johan Bruyneel pour leur expliquer la méthode de détection de l’EPO, chose inédite pour lui. Alors je lui demandé : ‘Avez-vous donné à Lance Armstrong et Johan Bruyneel les clés pour battre les test de l’EPO ?’. Et il a hoché la tête pour dire oui. »

« (M. Saugy) leur a expliqué, juste à eux deux. Autant que je sache, c’est sans précédent. C’est totalement incorrect de rencontrer un sportif au résultat suspect et lui expliquer comment le test fonctionne », a ajouté M. Tygart.

Cet échantillon est l’un des nombreux éléments avancés dans l’épais dossier à charge de l’Usada, qui sous-entend que ce test aurait pu être déclaré positif avec les critères moins conservateurs désormais en vigueur. En octobre, Martial Saugy a expliqué à l’AFP qu’un test d’Armstrong au Tour de Suisse 2001 avait bien donné un résultat suspect mais que « jamais » il ne pouvait pas être qualifié de positif à l’EPO même aujourd’hui.

Six échantillons « flamboyant positifs » au Tour 99

Lors de l’émission, Travis Tygart a en outre affirmé que les six échantillons d’Armstrong datant de sa première victoire au Tour de France, en 1999, étaient « tous flamboyant positifs » à l’EPO (ndr: flaming positive) après avoir été testés en 2005.

Le boss de l’Usada, qui avait déjà avoué avoir reçu des menaces de mort anonymes durant l’enquête, a aussi expliqué à 60 minutes : « la pire était probablement qu’on allait me mettre une balle dans la tête ».

Dans un extrait de l’émission diffusé dès mardi, M. Tygart a assuré qu’Armstrong avait tenté en 2004, par l’intermédiaire d’un représentant, de faire un don de l’ordre de 250.000 dollars (191.000 euros) à l’Usada. Un élément immédiatement réfuté par Tim Herman, un avocat de l’ancien cycliste.

Pas en direct avec Oprah Armstrong, qui a toujours nié s’être dopé, s’exprimera « sans concession » le 17 janvier à la télévision avec l’animatrice vedette Oprah Winfrey, dans un entretien au cours duquel il pourrait passer aux aveux avec l’objectif d’essayer d’obtenir des autorités antidopage la levée de sa radiation à vie. L’interview télévisée très attendue aura été précédemment enregistrée, a indiqué mercredi une porte-parole de la chaîne Oprah Winfrey Network (OWN).

L’entretien de 90 minutes, qui aura été réalisé à Austin (Texas, sud) dans la maison du cycliste radié à vie pour dopage, « ne sera pas du direct », a précisé Nicole Nichols. La porte-parole de OWN s’est refusée à préciser la date de l’enregistrement tout en ajoutant que Lance Armstrong « n’avait pas le contrôle éditorial (de l’interview) et qu’aucune question n’était taboue ». Le champion n’a pas été payé, précise-t-elle.

Le New York Times a récemment révélé qu’Armstrong avait rencontré Travis Tygart dans cette optique mais le patron de l’Usada n’aborde pas ce sujet dans l’émission de mercredi, enregistrée avant la publication de cette information.

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