Dix ans sans titre mondial: la plus longue disette de l’histoire du cyclisme belge
Le 23 septembre 2012, Philippe Gilbert s’imposait à Valkenburg et enfilait le maillot arc-en-ciel. Est-ce que ce dimanche Wout van Aert ou Remco Evenepoel parviendront à mettre fin à une disette historique dans l’histoire du cyclisme belge ?
La journée de vendredi marquera les dix ans jour pour jour du dernier titre de champion du monde belge. C’était évidemment Philippe Gilbert à Valkenburg, le 23 septembre 2012. Lancé par Björn Leukemans sur le Cauberg, Phil s’envolait ensuite vers la gloire. Aujourd’hui, le Remoucastrien annonce qu’il rangera son vélo au clou lors de Paris-Tours. Tout un symbole et la preuve qu’il est temps que l’arc-en-ciel se reteinte de noir, de jaune et de rouge.
Depuis 2012, les Belges n’ont décroché que deux podiums avec Tom Boonen en 2016 à Doha et Wout van Aert en 2020 à Imola. Le premier avait terminé troisième d’un sprint derrière Peter Sagan et Mark Cavendish. Le second avait réglé au sprint un petit comité pour la deuxième place, quelques secondes derrière un intouchable Julian Alaphilippe. Même devant les siens, l’an dernier à Louvain, l’équipe belge avait dû se contenter de la quatrième place, Jasper Stuyven échouant au pied du podium à quelques mètres de son domicile. Cruel.
Dix éditions à attendre un maillot arc-en-ciel, c’est une disette inédite pour la Belgique. C’est même une année de plus aqu’entre 1996 et 2005, quand on avait dû attendre que Tom Boonen succède à Johan Museeuw, sacré sur l’exigeant parcours de Lugano.
Les autres périodes sans titre mondial dans l’histoire de la Belgique ont été limitées à un maximum de six ans. C’était le cas entre les sacres de Claude Criquielion en 1984 (Barcelone) et Rudy Dhaenens en 1990 (Utsonomiya). Museeuw avait succédé à ce dernier en 1996.
Il faut cependant préciser qu’il existe un précédent de dix ans entre deux victoires sur le championnat du monde. C’était entre les victoire de Marcel Kint en 1938 et Briek Schotte en 1948, à Valkenburg. Sauf que cette disette s’expliquait surtout par un second conflit mondial qui avait contraint à l’annulation de sept éditions pendant cette décennie.
Les plus longues disettes belges sur les courses d’un jour
Pour un pays cycliste comme la Belgique, qui, jusqu’il y a peu, constituait essentiellement son palmarès sur les courses d’un jour, une telle décennie sans médaille d’or aux championnats du monde sur route en ligne est difficile à avaler.
Sur les cinq Monuments du cyclisme, le Tour de Lombardie est la course sur laquelle les fans belges de cyclisme doivent attendre depuis plus longtemps encore un succès tricolore. Là aussi, ce bon vieux Phil’ était le dernier à y avoir levé les bras en 2010, soit bientôt 12 ans si d’aventure la « Classique des feuilles mortes » ne devait pas être remportée par l’un de nos compatriotes dans deux semaines.
Dans les autres courses d’un jour inscrites au calendrier WorldTour, il n’y a que sur le GP Québec et la Bemer Cyclassics à Hambourg que la disette belge dure depuis plus longtemps que sur la course en ligne des Championnats du monde. Il y a 11 ans, encore Philippe Gilbert triomphait au Canada, alors que la course allemande n’a plus été gagnée depuis 20 ans et le tour de force d’un Johan Museeuw s’imposant au sprint dans son maillot de leader de l’ancienne Coupe du monde de cyclisme. Cette année, Wout van Aert s’est fait surprendre par Marco Haller à Hambourg et Quinten Hermans a pris aussi la troisième place. A Québec, WvA a dû se contenter de la quatrième place derrière Benoît Cosnefroy, vainqueur en solitaire, Michael Matthews et Biniam Girmay.
Ce dimanche, il est donc grand temps que les nôtres mettent fin à cette disette. Avec ses as Wout van Aert et Remco Evenepoel, sans compter un Quinten Hermans en embuscade, la Belgique possède quelques belles cartes dans son jeu pour rafler la mise à Wollongong. Si d’aventure, van Aert et Evenepoel parvenaient à unir leur force pour la victoire, ce serait un très beau symbole quand on se souvient de l’entente parfaite entre Boonen et Gilbert lors du sacre de ce dernier à Valkenburg.
Un grand tour et le maillot arc-en-ciel la même année ? Ce n’est plus arrivé depuis 1976 pour la Belgique
Pour la première fois depuis 1976, les fans belges de cyclisme pourraient célébrer à la fois une victoire sur un Grand Tour et un maillot arc-en-ciel au cours de la même saison. A l’époque, Lucien Van Impe avait remporté ce qui reste le dernier Tour de France de notre pays et Freddy Maertens s’était offert les couleurs de l’arc-en-ciel à Ostuni).
La disette est cependant encore plus grande dans la catégorie des moins de 23 ans, ou l’ancienne catégorie amateur. Cela fait 58 ans, depuis l’édition de 1964, que l’on attend un successeur à un certain Eddy Merckx à Sallanches. Il faudra attendre au moins une 59e année vu que Jenno Berckmoes n’a pris que la 10e place ce vendredi matin, à Wollongong. C’est le Kazakh Yevgeniy Fedorov qui a été sacré. On ne pourra encore que regretter l’absence d’un Arnaud De Lie, resté au pays pour tenter de sauver la peau de l’équipe Lotto-Soudal en World Tour.
Nicole Van den Broeck, notre dernière compatriote à avoir remporté un maillot arc-en-ciel dans la catégorie élite féminine, attend elle aussi depuis longtemps que quelqu’un lui succède. Elle s’était imposé à Barcelone en 1973, il y a 49 ans. Lotte Kopecky pourra-t-elle combler ce manque ou la disette se prolongera-t-elle encore pour une cinquantième année ? Pour trouver trace d’une médaille chez les dames, il faut remonter à 1994, avec l’argent de Patsy Maegerman à Capo d’Orlando.
Chez les juniors, le dernier titre d’un compatriote ne date pas d’il y a très longtemps. C’est évidemment Remco Evenepoel qui l’avait été en 2018 en laminant la concurrence sur le circuit d’Innsbruck.
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