Cyclisme: Miguel Angel López a-t-il utilisé une hormone de fertilité féminine ?
L’équipe cycliste Astana a annoncé ce lundi le licenciement de son coureur Miguel Angel López. Le motif étant un lien présumé entre lui et le médecin dopeur Marco Mayner. Selon le journal espagnol ABC Deportes, le Colombien aurait reçu une hormone de fertilité pour… femmes via ce médecin.
Miguel Angel López (28 ans) a déjà été cité dans une enquête concernant le médecin dopeur espagnol Marco Maynar en juillet dernier. Il avait été arrêté à sa descente de l’avion par la police espagnole à Madrid, alors qu’il se rendait là-bas pour prendre part à la Vuelta, en raison de liens supposés avec Maynar.
Après une suspension d’une semaine, l’équipe cycliste Astana a donné le feu vert à son grimpeur colombien pour participer au Tour de Burgos puis à la Vuelta. « Nous suivrons de près la situation et n’hésiterons pas à prendre les mesures qui s’imposent si nécessaire », avait déclaré la formation kazakhe dans un bref communiqué.
Quatre mois plus tard, Astana dit avoir reçu de nouvelles informations, avec des éléments concrets sur une relation entre López et le médecin Marcos Maynar. Cette raison est d’ailleurs citée pour justifier le licenciement de celui qu’on surnomme Superman. L’équipe n’avait plus d’autre solution que de résilier le contrat de celui qui avait terminé à la quatrième place du dernier Tour d’Espagne.
Selon le journal espagnol ABC Deportes, les documents en question auxquels fait allusion Astana sont ceux en possession du tribunal de Cáceres. Ceux-ci montreraient que López a reçu une dose de ménotropine avant le départ du dernier Giro d’Italia, qui s’élançait de Hongrie cette année.
L’expéditeur du produit ? Le docteur Marcos Maynar, de l’Université d’Extremadura. À Budapest, le masseur d’Astana, Vicente Belda García, fils de Vicente Belda, l’ancien manager de la sulfureuse formation espagnole des années 90, la Kelme, aurait livré le médicament au coureur.
Mais quelque chose aurait mal tourné dans l’administration du produit, puisque López a été contraint d’abandonner la courselors de la quatrième étape en raison d’une inflammation de la jambe.
Stimuler la testostérone
La ménotropine n’est pourtant pas un produit dopant couramment utilisé, du moins pas dans le milieu du cyclisme. « Il s’agit d’un médicament prescrit aux femmes en période de ménopause », explique le professeur Peter Van Eenoo, responsable du laboratoire anti-dopage de l’université de Gand. « Il est censé stimuler la fertilité, grâce à la présence de l’hormone folliculo-stimulante (FSH) et de l’hormone lutéinisante (LH) ».
« C’est du moins ce qu’affirme le fabricant. Seulement, selon des études scientifiques, la ménotropine contient parfois aussi de l’HCG (human chorionic gonadotropin), une hormone propre à l’organisme qui stimule l’ovulation et qui est souvent vendue comme médicament sous le nom de Pregnyl », poursuit Peter Van Eenoo.
La raison pour laquelle la ménotropine pourrait être utilisée comme produit dopant pour les hommes est que, par injection, elle stimule la production de testostérone. Après tout, lorsque vous suivez une cure de stéroïdes anabolisants exogènes, la production propre de l’organisme diminue.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle on trouve parfois du HCG chez les culturistes, qui ont plus souvent recours aux anabolisants. De petites quantités d’HCG peuvent également être trouvées chez des hommes atteints d’un cancer des testicules, comme chez le décathlonien Thomas Van der Plaetsen par exemple.
Facilement détectable
« Chez les cyclistes, nous n’avons pas encore trouvé de ménotropine dans nos analyses », affirme Van Eenoo. « L’HCG peut être détectée assez facilement dans l’urine. Elle est active plus longtemps que la FSH et la LH et fonctionne donc mieux, mais elle reste aussi plus longtemps dans l’organisme, car elle se dégrade plus lentement. »
« Il serait donc stupide d’en prendre juste avant une compétition. Sauf si le coureur concerné et son médecin partent du principe que le coureur ne sera pas testé dans les premiers jours et que tous les coureurs ne se soumettent pas à un test urinaire avant le départ d’un grand tour », poursuit le professeur.
« Une autre piste est qu’ils n’étaient pas conscients de la présence de HCG dans la ménotropine, car le fabricant ne mentionne pas cette hormone dans sa notice. Le fait de n’utiliser que la FSH et la LH semblait plus sûr, car ces hormones disparaissent plus rapidement du corps. »
« A moins que de nouvelles informations ne nous soient transmises, nous ne donnerons pas la priorité à la recherche de traces de ménotropine au laboratoire de dopage de Gand, puisque l’HCG est donc facile à détecter », explique Peter Van Eenoo.
Existe-t-il des risques spécifiques d’inflammation en cas d’injection de ménotropine, comme ce fut le cas avec Miguel Angel López lors du dernier Giro ? Le professeur Van Eenoo l’ignore: « Mais toute injection comporte un risque si elle est administrée sans précaution, avec une aiguille sale, ou à un endroit du corps où elle ne devrait pas l’être. Même un produit périmé peut déclencher une telle inflammation. »
Lopez n’a jamais été contrôlé positif
Miguel Angel López se lave les mains de l’affaire dans une réponse qu’il a rédigée suite à son licenciement. Selon lui, la raison de son renvoi est infondée, et il n’a jamais été contrôlé positif lors d’un test de drogue ou anti-dopage. L’Agence internationale de contrôle, qui effectue les contrôles antidopage dans le cyclisme pour le compte de l’UCI, n’a pas non plus établi de rapport de ce type. Le Colombien va également contester juridiquement son licenciement d’Astana. Affaire à suivre.
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