Championnats du monde de cyclisme: pourquoi Lotte Kopecky a autant perdu l’or qu’elle gagné l’argent ?
Lotte Kopecky était naturellement déçue après avoir dû se contenter de la médaille d’argent ce samedi lors de la course en ligne des championnats du monde féminin. Mais si cette réaction était compréhensible, il s’agit désormais de penser à ce qu’elle a réussi à faire de positif pendant cette course.
« Compte tenu de l’ambition avec laquelle je suis arrivée ici, ce n’est qu’une déception », étaient les premiers mots de Lotte Kopecky après l’arrivée de la course en ligne féminine des championnats du monde. Elle estimait qu’elle avait raté la « chance de sa vie » et que l’argent n’était « qu’un » lot de consolation.
Cependant, elle s’était déjà installée dans le rôle de l’outsider. « Pourquoi me considèrerais-tu comme un favori ? » expliquait la native de Rumst. En ajoutant qu’elle ne voudrait pas disputer la victoire au sprint avec n’importe qui. Et que gagner la course « serait un rêve ».
Tout autant qu’un rêve, cependant, le titre mondial s’est avéré être une véritable ambition. Des proches avaient souligné à quel point la confiance de Kopecky avait augmenté dans la période précédant ces Mondiaux. Surtout après le contre-la-montre où elle a terminé neuvième, ce qui était un excellent résultat pour elle.
Cette confiance était pourtant bien basse au début du mois d’août, après le dernier Tour de France Femmes. Malgré deux troisièmes places, elle n’a jamais été en mesure d’atteindre son brillant niveau du printemps.
Souffrant de divers petits problèmes physiques (dos, pied, un problème de selle), Kopecky a même remis en question sa sélection pour ces Mondiaux. Elle avait d’ailleurs renoncé à la course sur route des championnats d’Europe, jugés trop éprouvants.
Les championnats d’Europe sur piste, son premier amour, sont devenus l’alternative. Elle y remporte deux médailles d’or qui lui redonne la confiance qu’elle avait un peu perdue. A ce moment là, elle a donc informé le sélectionneur national Ludwig Willems qu’il pouvait encore l’inscrire pour participer à Wollongong, y compris sur le contre-la-montre.
Après une période de repos, Kopecky a construit sa forme au cours de la Vuelta. Elle y a terminé à quatre reprises dans le top 4 d’étapes et le rêve de l’arc-en-ciel a recommencé à germer dans sa tête à partir de ce moment là. Une confiance et une ambition qui n’ont cessé de grandir jusqu’au départ de la course.
Tout ceci explique cette immense déception à l’arrivée. D’autant plus que toutes les pièces du puzzle semblaient s’assembler parfaitement. Demi Vollering a été privée de départ à cause du coronavirus et Annemiek van Vleuten était diminuée par un trait de fracture après sa chute dans le relais mixte. Les meilleures puncheuses ont été rattrapées après leur attaque sur Mount Pleasant, grâce au travail des autres pays. Et les autres coureuses plus rapides que Kopecky sur le papier, Marianne Vos et Elisa Balsamo, avaient été distancées.
La Belge n’avait pas prévu que van Vleuten, tel un diable sorti de sa boîte, allait surprendre tout le monde dans le dernier kilomètre en attaquant de derrière.
Une occasion manquée ?
Le coup de force de la Néerlandaise lui a rapporté un deuxième arc-en-ciel personnel après celui de 2019. Kopecky a dû sprinter pour la deuxième place. Un sprint qu’elle a facilement remporté, mais qui forcément lui laisse un arrière-goût amer dans la bouche. La médaille d’or était à portée de main.
Elle a manqué une occasion unique estimaient diverses analyses après la course. Mais peut-on parler d’opportunité manquée si l’on n’a rien fait de mal ? Oui, Kopecky aurait pu sauter dans la roue d’Annemiek van Vleuten, mais ce mouvement aurait pu aussi dérouler le tapis rouge pour la rapide Italienne Silvia Persico, qui a fini troisième. La native de Rumst l’a d’ailleurs reconnu elle-même : « Je n’avais pas d’autre choix que de ne pas réagir immédiatement à cette attaque ».
Une coéquipière belge dans la finale aurait pu faire l’effort pour essayer de boucher le trou. Mais son équipe n’était pas assez forte. Ses partenaires sont tombées et ont été légèrement malades, mais certaines étaient aussi trop jeunes ou manquaient tout simplement de puissance. Pour que la Belgique dispose d’une équipe nationale du niveau de son fer de lance, il faudra encore attendre un peu. Mais la leader de l’équipe ne peut pas s’en vouloir.
Le top mondial
Plus que sur cette médaille d’or et ce maillot arc-en-ciel perdus, Lotte Kopecky devrait se concentrer sur la façon dont elle a redressé la barre physiquement et mentalement ces dernières semaines. Et ainsi se concentrer sur la manière dont elle est parvenue à remporter une médaille d’argent qui n’était pas forcément acquise.
Ce résultat est une nouvelle confirmation du fait qu’elle a rejoint le cercle des meilleures coureuses du monde. Elle a ainsi confirmé ses victoires sur les Strade Bianche et le Tour des Flandres au printemps dernier.
Avec la perspective, qu’à 26 ans, et sachant qu’elle une coureuse à éclosion tardive, elle pourrait encore progresser dans les années à venir.
Elle peut donc utiliser cette médaille d’argent des Mondiaux comme carburant pour se motiver à décrocher d’autres victoires importantes. Elle peut d’ailleurs suivre l’exemple d’Annemiek van Vleuten, la championne de la résilience. Cette dernière a déclaré après son improbable titre mondial : « Beaucoup de gens restent bloqués dans la déception. Après un revers (sa blessure au coude, ndlr), je regarde surtout ce qui est possible après« , racontait-elle.
Dans le cas de Lotte Kopecky, c’est beaucoup. Surtout si elle croit en elle-même, comme elle l’a fait discrètement avant ces Mondiaux de Wollongong. Et puis, un jour, le puzzle en or s’assemblera complètement.
Peut-être même dès l’année prochaine, à Glasgow, un parcours qui pourrait lui convenir à la perfection.
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