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« Cette Vuelta sera un saut dans l’inconnu pour Remco Evenepoel »

Jacques Sys Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

Le Tour d’Espagne, chez nous, n’a pour ainsi dire jamais suscité autant d’intérêt et d’attention que l’édition de cette année. Et pour cause, Remco Evenepoel, star annoncée du cyclisme belge de la prochaine décennie, sera présent au départ. Beaucoup de gens espèrent qu’il permettra au Royaume de retrouver la victoire dans les épreuves de trois semaines. Voici l’avis de notre rédacteur en chef, Jacques Sys.

Le Tour d’Espagne, chez nous, n’a pour ainsi dire jamais suscité autant d’intérêt et d’attention que l’édition de cette année. Après un Tour de France mémorable où Wout van Aert a achevé de devenir immortel, la Belgique compte sur Remco Evenepoel pour donner encore plus d’éclat à cette magnifique saison. Plus que jamais, le cyclisme vit au travers de ses stars mondiales. Après chaque performance de haut niveau, les superlatifs pleuvent. Les coureurs concernés doivent être très costauds dans la tête pour ne pas perdre le sens des réalités dans des moments pareils.

Wout van Aert réussit ce pari sans peine. Remco Evenepoel a eu un peu plus de mal à gérer au début. Ses airs arrogants, qu’on lui reprochait dans les catégories d’âge, ont parfois irrité ses concurrents. Entre-temps, il fait des efforts pour être plus simple, tandis qu’il a amélioré sa communication.

Dès le 19 août, date du départ du Tour d’Espagne, chacun de ses gestes va être épié, commenté, grossi à la loupe. Primoz Roglic ne prendra probablement pas le départ et TadejPogacar, lessivé, a déjà annoncé son forfait. Ce qui fait de Remco Evenepoel l’un des favoris de cette Vuelta. Et on repense à l’enthousiasme débordant et au coup de pub d’un quotidien flamand qui, l’année passée, au moment du Giro, avait imprimé son compte rendu de la course sur du papier rose, comme le papier du légendaire journal organisateur.

Evenepoel n’a jamais que 22 ans. Plus personne ne doute de son potentiel dans les courses d’un jour. Après sa démonstration sur les routes de Liège – Bastogne – Liège, il vient de refaire le coup à la Clásica San Sebastián. Par contre, il est impossible de jauger ses capacités dans les grands tours. Au Tour de Suisse, il a découvert ses propres limites dans la haute montagne. Il a souffert de la chaleur et c’est un paramètre qu’il faudra prendre en compte sur la Vuelta. Il a aussi manqué de fraîcheur dans certaines étapes. Et il en a tiré les leçons, en adaptant sa préparation au Tour d’Espagne. C’est pour cela qu’il a supprimé le Tour de Burgos de son programme.

Le plateau de cette course ne sera pas du même niveau qu’au Tour de France. Et le parcours ne semble pas trop assassin. Les cols qui y seront escaladés ne valent pas ceux qu’il faut se farcir dans l’Hexagone, à l’exception de la Sierra Nevada et ses 2.550 mètres. Toute la question est de savoir si Remco Evenepoel sera capable d’enchaîner plusieurs journées dans la montagne, lors de la dernière semaine. Parviendra-t-il, avant cela, à reléguer la concurrence à bonne distance, notamment sur le contre-la-montre par équipes (le premier jour) puis sur l’exercice en solitaire contre le chrono?

Pour lui, cette Vuelta s’assimile à un saut dans l’inconnu. Il est très mesuré, en public, sur ses objectifs. Il parle d’une victoire d’étape et d’une place dans le top 10 final. Il a en tout cas déjà réussi à remettre cette course dans l’actualité chez nous. Ça faisait longtemps qu’elle ne faisait plus parler ici, aussi parce que la dernière victoire belge remonte à l’année 1977 avec Freddy Maertens. Soit 45 ans de disette. Entre-temps, ce sont surtout les coureurs espagnols qui ont fait la pluie et le beau temps sur ces routes.

Dans ce troisième numéro spécial cyclisme de l’année, nous nous intéressons donc au Tour d’Espagne, à celui de cette année et à ceux du passé. Et, dans sa deuxième moitié, aux prochains championnats du monde programmés à Wollongong, en Australie. Sur un parcours qui promet une course déjantée.

Wout van Aert et Remco Evenepoel seront-ils capables de collaborer au bout du monde? Quid des restes de leurs frictions nées lors de l’édition de l’année passée à Louvain? La hache de guerre est-elle enterrée? On en a peu parlé entre-temps, et ils se sont rarement alignés sur les mêmes courses. Le coach fédéral, Sven Vanthourenhout, est suffisamment intelligent pour arrondir les angles avant le départ vers l’Australie. Il va devoir composer avec deux leaders. Les deux porte-drapeaux du cyclisme belge, réunis le temps d’une course sous le même drapeau.

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