Joseph Ndwaniye

Comment rendre le handisport véritablement visible

Joseph Ndwaniye Infirmier et écrivain.

Ne pourrait-on pas envisager une meilleure mixité sportive entre les valides et les moins valides, dans la foulée des Jeux paralympiques? Afin que le handisport soit mieux mis en valeur.

Avant que les Jeux paralympiques n’aient démarré dans la foulée des Jeux olympiques d’été de 2024, on a pu lire ou entendre de telles remarques: «Pourquoi laisse-t-on passer un mois entre les deux événements au lieu d’enchaîner directement? On aurait dû capitaliser sur le succès des JO. Les spectateurs risquent de décrocher…» En tant que soignant, je suis sensible aux défis que pose l’adaptation des lieux à ces athlètes, ne fût-ce que pour leur permettre de se déplacer en toute autonomie sur différents sites. Dans le passé, je ne m’étais intéressé que de loin au handisport. Cette fois, j’ai décidé de m’y plonger à fond.

Pour commencer, j’ai consulté le site du Comité paralympique belge. Comment la pratique sportive des personnes en situation de handicap est-elle organisée à ce niveau? Plutôt que sur une explication logistique, je suis tombé sur une campagne mettant les athlètes en scène. Ils y expliquent que les difficultés rencontrées dans leur pratique de haut niveau ne sont pas forcément celles auxquelles on pourrait logiquement s’attendre dans le handisport. Les limites sont celles que fixe le public, et finalement, les solutions sont simples si on adapte les infrastructures aux différents handicaps. Leurs paroles soulignent que c’est lorsqu’ils se donnent à fond en compétition, comme n’importe quel athlète, qu’il faut les regarder. Ce regard admiratif fera rayonner leurs performances et leur permettra d’être une source d’inspiration pour la société, contrairement aux regards appuyés stigmatisants qu’il leur arrive de subir dans la vie de tous les jours.

«Ce regard admiratif sur les athlètes paralympiques fera rayonner leurs performances.»

D’après une enquête citée par le Comité paralympique belge, près de sept Belges sur dix ont une image plus positive des personnes en situation de handicap après avoir vu les athlètes en action. A l’origine des Paralympiques, on trouve d’autres jeux, ceux de Stoke Mandeville, du nom de l’hôpital anglais pour blessés de guerre dont l’un des neurologues décida, dès 1948, d’utiliser le sport comme moyen de réadaptation. En 1960, ils prirent une dimension internationale en étant organisés en parallèle des Jeux olympiques de Rome. Cette dimension internationale et les exploits qu’elle met en lumière parviennent petit à petit à modifier le regard des valides sur ceux qui le sont moins. On en oublierait le handicap que portent ces sportifs, qui n’ont pu atteindre ce niveau qu’au prix d’entraînements quotidiens et de nombreux sacrifices. Au risque de faire de l’ombre aux milliers d’autres athlètes éliminés par une sélection drastique ne laissant concourir que les meilleurs.

Pendant ces quinze jours, j’ai été complètement pris au jeu. J’ai découvert notamment le cécifoot. Les personnes malvoyantes se sont appropriées le football, sport populaire s’il en est, usant de leur ouïe pour localiser le ballon, ce qui crée un spectacle étonnant. D’autres disciplines spécifiques faisant partie du handisport comme le boccia, le goalball, le rugby-fauteuil… m’ont également fait vibrer. Une question m’est venue à l’esprit: où s’entraînent-ils? Je ne les rencontre pas dans les centres sportifs que je fréquente. Ne pourrait-on envisager une meilleure mixité sportive entre les valides et les moins valides? Alors j’ai fait un vœu: qu’un jour, la quinzaine des Jeux paralympiques précède les Jeux olympiques! Un vœu pieux?

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