Nouvelle venue en WNBA, Caitlin Clark vient de décrocher le record de points inscrits (796) par une rookie sur une saison. © GETTY IMAGES

Caitlin Clark, la nouvelle star du basket reniée par les fans de Donald Trump

L’engouement autour de Caitlin Clark a offert une formidable visibilité à la WNBA. Mais tant pour la ligue féminine de basket que pour la joueuse de 22 ans, la notoriété peut être toxique…

Le 7 avril, près de 18,9 millions de téléspectateurs suivaient la finale du championnat universitaire (NCAA) entre les Iowa Hawkeyes et les South Carolina Gamecocks. Ce qui en a fait l’événement sportif le plus regardé aux Etats-Unis depuis 2019, à l’exception du football américain et des Jeux olympiques. Les attractions principales: Angel Reese, la star de l’équipe de l’université de Caroline du Sud, et surtout, pour celle de l’Iowa, Caitlin Clark, la reine du tir à trois points qui a pulvérisé de nombreux records de la NCAA et vient, mi-septembre, pour sa première saison en WNBA, de décrocher celui du nombre de points inscrits par une rookie (nouvelle venue) en une saison (796), après avoir battu celui du nombre de passes décisives.

L’engouement autour de Clark ne tient pas seulement à ses qualités de basketteuse et à son charisme, il a aussi une dimension raciale. Au sein de la Women’s National Basketball Association, pendant féminin de la NBA, beaucoup de joueuses de premier plan sont noires. Nombre d’entre elles se sont engagées ces dernières années en faveur du mouvement Black Lives Matter et se sont parfois opposées à des politiciens républicains. En théorie, une joueuse blanche de l’Etat «blanc» de l’Iowa, comme Caitlin Clark, peut donc compter sur davantage de sympathie de la part de nombreux Blancs –soit 60% de la population américaine.

Des records d’audiences

En mai, les performances exceptionnelles de Clark l’ont menée de la ligue universitaire à la WNBA, sous la bannière des Indiana Fever. Les attentes étaient élevées et, après des débuts hésitants, car elle était souvent malmenée sur les parquets par des joueuses plus expérimentées, les doutes se sont rapidement dissipés. Outre ses quelques records, elle a mené son équipe à participer aux playoffs pour la première fois depuis 2016.

Mais c’est aussi hors du terrain que les Fever ont bénéficié de son aura. En moyenne, 17.000 fans étaient présents dans les tribunes pour les matchs à domicile, ce qui constitue, de loin, le nombre le plus élevé de spectateurs en WNBA. D’autres clubs ont même déplacé leurs matchs contre Indiana dans des salles plus grandes pour pouvoir accueillir un public plus large.

La WNBA a également tiré profit de l’attention considérable portée à Caitlin Clark: les audiences sur différentes plateformes (ESPN, ION, NBA-TV) ont atteint des sommets largement supérieurs à ceux des années précédentes. Vingt-deux matchs de la saison ont ainsi dépassé le million de téléspectateurs, dont 19 étaient des matchs des Indiana Fever.

Le post de Taylor Swift

Malheureusement, l’engouement autour de Clark, que les médias ont opposée à sa rivale Angel Reese, a aussi eu des répercussions négatives pour la WNBA. Des messages à connotation raciste entre les fans de la Blanche Clark et ceux de la Noire Reese –ou d’autres vedettes afro-américaines– ont fusé. Lors d’une interview, la directrice de la WNBA, Cathy Engelbert, faisait état d’une simple rivalité entre joueuses, du même ordre que celle entre Larry Bird et Magic Johnson, qui avait boosté la NBA dans les années 1980, et se réjouissait que la polémique attire les projecteurs sur la ligue féminine. Elle s’était contentée d’affirmer que les intéressées devaient simplement ignorer ces messages, ce qui lui a valu de vives critiques de la part des syndicats de joueuses. Dans un communiqué de presse incendiaire, la Women’s National Basketball Players Association avait rappelé «qu’il n’y a absolument aucune place dans le sport –ou dans la vie– pour la haine, les propos racistes, les commentaires homophobes et les attaques misogynes dont nos joueuses font l’objet sur les réseaux sociaux».

Caitlin Clark a également découvert d’autres côtés sombres de sa célébrité montante. Lorsque la chanteuse Taylor Swift a récemment affiché sur Instagram son soutien à la candidate démocrate à la présidence américaine Kamala Harris, la joueuse de basket a «liké» son message. Clark a aussi encouragé ses followers à s’inscrire pour pouvoir voter, sans toutefois exprimer sa préférence pour Harris ou Trump. Après un match, elle a commenté son post: «C’est le meilleur usage que je puisse faire de ma visibilité. Je trouve important que les gens s’informent sur les politiques des candidats à la présidence. Taylor a fait la même chose.»

Jusque-là, Clark s’était très peu exprimée sur des thèmes sociétaux comme le racisme, refusant d’associer son nom à des campagnes de sensibilisation. Cependant, le fait de liker le post pro-Kamala Harris de Taylor Swift l’a placée dans le camp démocrate. Ce qui lui a valu un flot de messages haineux sur les réseaux sociaux, de la part de partisans de Trump qui comptaient auparavant parmi ses plus grands fans mais qui maintenant la renient. Ou comment la division de la société américaine s’invite jusque sur les parquets de la WNBA.

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