Roland-Garros « reprend enfin vie »
« Ca fait du bien d’être de retour »: après une édition 2020 automnale et quasiment privée de public en raison de la pandémie, Roland-Garros a rouvert ses portes dimanche à des milliers de spectateurs ravis de retrouver le Grand Chelem parisien, avant de devoir, un peu dépités, vider les lieux, couvre feu oblige.
Porte d’Auteuil, 11h00. En ce premier jour du tournoi, les files d’attente s’étirent alors que les premiers matchs commencent. « Après deux ans, ça fait du bien d’être de retour ! », commentent Max et Anita, trépignant d’impatience.
Une situation qui contraste avec la circulation fluide et les courts quasi-déserts de l’an dernier, lorsque seuls 1.000 spectateurs par jour avaient été admis.
Cette année, ce n’est pas encore tout à fait le Roland-Garros d’avant, mais ça y ressemble un peu plus: la jauge d’accueil du public a été augmentée à 35% de la capacité maximum, permettant à 5.388 personnes d’accéder quotidiennement au site découpé en 6 zones « ERP-PA » (établissement recevant du public en plein air). Encore loin des quelque 38.000 personnes par jour qui s’y pressaient à l’époque pré-Covid.
« Privilégiés »
Dans l’allée des Princes, où plusieurs dizaines de personnes observent Stefanos Tsitsipas à l’entraînement, David, Quentin, Charles et Anthony mesurent leur chance d’être là. « L’an dernier, on n’avait pas été tirés au sort, on était très déçus. Alors là, on savoure », souligne David, quinze éditions du tournoi au compteur.
D’autant qu’obtenir le sésame pour cette année a été « très compliqué: (…) j’étais sur liste d’attente, et après il n’y avait plus grand choix », explique-t-il.
Car le groupe d’amis voulait « absolument venir avant le 9 juin », date à laquelle le passe sanitaire deviendra obligatoire alors que la jauge sera élargie à 65%. « Avec les tests PCR, on ne sait jamais … », explicite-t-il.
Mais au final, « assister à la première journée, c’est bien, on se sent un peu privilégiés. Et puis ça fait du bien de revoir du public. C’était triste de regarder les matchs à la télévision et à huis clos. Là, le sport reprend enfin vie », souligne Quentin qui assiste à son premier Roland-Garros. « L’ambiance est clairement particulière. On sent que les gens sont content d’être là, c’est plein de chaleur ».
De chaleur, le tournoi n’en a pas manquée avec un thermomètre au beau fixe et des températures dépassant les 20 degrés. Oubliés doudounes et parapluies de l’édition 2020, place aux chapeaux blancs, shorts et crèmes solaires.
« Métro à l’heure de pointe »
Niveau ambiance, on n’était pas en reste. Alors qu’aux abords du Suzanne-Lenglen résonnent les « Grégoire, Grégoire ! » scandés par le public en soutien à Barrère, dans la Grande Allée Marcel-Bernard, la foule se fait plus compacte.
A l’heure du déjeuner, plusieurs dizaines de minutes sont nécéssaires pour acheter un sandwich, et la file d’attente devant le court N.9 s’allonge alors qu’un autre Tricolore, Enzo Couacaud, domine Egor Gerasimov.
« Mais, il y a clairement moins de monde que d’habitude, ça fait du bien. Certaines années, ici c’est pire que le métro à l’heure de pointe », soulignent Isabelle et Henri-Claude, fidèles du tournoi depuis 40 ans, qui patientent sagement.
Car difficile de trouver une place autour de ce court annexe de 750 places, quasiment plein malgré les règles de distanciation sociale.
Côté Simonne-Mathieu, on est plus discipliné et l’ambiance est plus feutrée dans la verdure des serres d’Auteuil. Le chant des oiseaux est à peine perturbé par quelques acclamations. « C’est trop bon d’être là. Pour rien au monde, on aimerait être ailleurs », glisse Vincent, t-shirt de l’édition 2018 sur le dos.
Mais la fête a brutalement pris fin à 20h45: « Les portes du stade vont fermer dans quelques minutes. Merci de bien vouloir regagner la sortie », entend-on dans les hauts-parleurs.
Sur le Simonne-Matthieu, où Moutet Moutet et Laslo Djere s’affrontent encore, la déception est grande.
Après quelques huées, la plupart des spectateurs se résignent pourtant à partir, non sans chanter quelques derniers « Coco » d’encouragement à Moutet. A l’exception de quelques irréductibles, finalement poussés vers la sortie par les protestations du Français.
« C’est les boules. Frustrant de devoir partir. Il y avait une super ambiance, on aurait aimé pouvoir rester. Mais bon, pas le choix, on verra la fin à la maison », lâche en partant Nassim, dépité, mais néanmoins « content d’être venu ».
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