Comment Roger Federer est devenu le joueur le plus riche (et le plus influent)
La légende suisse du tennis est devenu le joueur le plus riche de tous les temps grâce à son talent, son palmarès impressionnant, mais aussi un certain sens des affaires.
Pour beaucoup de monde, Roger Federer est le meilleur joueur de tous les temps. Sauf peut-être pour les fans de Novak Djokovic et de Rafael Nadal. Ce qui est sûr, c’est qu’aucun joueur n’a gagné autant d’argent que le Suisse, qui est le premier à avoir franchi le cap du milliard de dollars (voir encadré). Il le doit à son palmarès exceptionnel, mais aussi à son style gracieux, à sa personnalité et à l’immense popularité qui en découle.
Ce qui est impressionnant, c’est que Federer ait amassé autant d’argent en venant d’un petit pays. En matière de sponsoring, les Américains, les Asiatiques ou les joueurs de plus grandes nations européennes sont effectivement plus attractifs puisqu’ils représentent un plus grand marché. À ses débuts, Federer a d’ailleurs du mal à décrocher des contrats lucratifs. Ça a changé lorsqu’il a commencé à enchaîner les victoires en Grand Chelem et est devenu le visage du tennis masculin. Au fil des années, son portefeuille de sponsors s’est étoffé: Barilla, Mercedes-Benz, Moët & Chandon, Rolex, Wilson, Crédit Suisse…
Cette banque continuera même à sponsoriser Federer après sa carrière. Pareil pour Uniqlo, le détaillant japonais avec lequel il a signé un contrat de dix ans en 2018 et qui lui verse trente millions de dollars par an, soit trois fois ce que Nike lui avait offert au cours des dix années précédentes. Pourtant, en 2008, il s’agissait déjà du contrat le plus lucratif de l’histoire du tennis. Nike ne pouvait et ne voulait pas proposer autant qu’Uniqlo pour un joueur qui ne jouerait plus longtemps. La firme américaine ne veut pas investir en sponsoring plus de 10% de son chiffres d’affaires sur le marché des vêtements de tennis, celui-ci étant limité. Et comme elle soutenait déjà Rafael Nadal et Serena Williams, ça devenait difficile.
Ce qui est étrange, c’est que le contrat avec Uniqlo ne concerne que les vêtements, pas les chaussures. Federer a d’abord joué avec Nike, qui possédait le fameux logo RF. Puis il a découvert On Running, une marque suisse qui l’a tellement impressionné qu’en novembre 2019, il en est devenu actionnaire. Selon certains, il détiendrait 3% des actions. Federer, lui, se contente de dire qu’il a dû « réfléchir à deux fois », avant d’investir une telle somme. À l’époque, On Running valait en effet deux milliards de dollars. 3%, c’est… soixante millions.
En septembre 2021, lorsque l’entreprise est entrée au New York Stock Exchange, le cours des actions a grimpé de 46%. À un certain moment, l’entreprise valait onze milliards de dollars, soit cinq fois et demie ce qu’elle valait lorsque Federer est entré au capital. Faites le compte. Entre-temps, le prix de l’action a chuté de 50%, mais la plus-value reste significative. C’est en grande partie grâce à cela que la fortune du Suisse est évaluée à plus d’un milliard d’euros. Même si ça change tous les jours, en fonction du cours de la bourse.
Le contrat avec Uniqlo a également contribué aux revenus du Suisse. En 2020 et 2021, alors qu’il n’a pratiquement pas joué en raison d’opérations au genou, son compte en banque s’est enrichi de respectivement, 106,3 et nonante millions de dollars. En 2020, il fut même le premier joueur de tennis de l’histoire à faire partie de la liste des sportifs les mieux payés publiée par le magazine Forbes. Le montant des prize money remportés en plus de vingt ans de carrière (130,5 millions de dollars pour 158 millions à Djokovic et 131 millions à Nadal) ne représente qu’une toute petite partie de sa fortune personnelle.
Roger Federer est donc bien parti pour confirmer ce que son manager, Tony Godsick, affirme depuis des années: il est encore plus redoutable en affaires qu’au tennis. Au fil des années, le Suisse a appris à prendre les bonnes décisions en dehors des courts également. Car là non plus, il ne laisse rien au hasard. Perfectionniste, il veut tout contrôler, tout savoir. Il a des idées et, dans la mesure du possible, il est toujours disponible pour ses partenaires financiers. Malgré les tournois et malgré ses quatre enfants.
Chez On Running, Federer est donc très actif – il faut dire qu’il y a beaucoup d’argent en jeu. Il assiste à des réunions en ligne et se rend souvent au siège principal. On dit qu’il y a deux ans, il s’est montré très exigeant avec les concepteurs de The Roger Pro, les premières chaussures de tennis de la marque, lancées en avril dernier sous la bannière de la ligne The Roger.
Autre pilier de l’empire Federer: Team8 Sports and Entertainment Company, l’agence de management qu’il a fondée en 2013 avec Tony Godsick et pour laquelle il a quitté IMG. Le cheval de bataille de Team8, c’est la Laver Cup, un tournoi de tennis opposant l’équipe européenne et l’équipe mondiale, organisé depuis 2017 successivement à Prague, Chicago, Genève, Boston et Londres. Grâce à Federer, l’épreuve fait désormais partie du calendrier officiel de l’ATP. Ce n’est pas un hasard si, le 23 septembre, c’est à la Laver Cup que le Suisse effectuera son come-back, aux côtés de Djokovic et Nadal. Au début, le tournoi a perdu de l’argent mais aujourd’hui, la formule fonctionne, grâce à la présence de tous ces grands noms. Et à partir de 2023, The Swiss Maestro devrait diriger les opérations en coulisses puisqu’on s’attend à ce que Wimbledon soit son dernier tournoi.
Malgré tous ces succès sur le plan sportif et sur le plan financier, ce dont Federer est le plus fier, c’est la Fondation qu’il a lancée en 2003. Grâce à elle, près de deux millions d’enfants de sept pays d’Afrique ont pu être scolarisés. Federer s’est souvent rendu sur le continent noir pour ouvrir de nouvelles écoles et lancer de nouveaux projets. Selon le dernier rapport annuel (2021), la Fondation a déjà récolté 62 millions d’euros, notamment grâce à des matches-exhibition très lucratifs en Afrique du Sud, dont Federer reversait tous les revenus. Ou grâce à la vente aux enchères d’équipements de tennis, de raquettes et de chaussures pour quatre millions d’euros chez Christie’s.
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