» Staelens est bon «
Genk aurait dû constituer la cerise sur le gâteau de sa carrière mais Mouscron en a décidé autrement.
Koen De Vleeschauwer commence par nous refaire le fil de la saga de son transfert raté à Genk. » Auprès des Limbourgeois, j’avais la priorité pour le poste d’arrière droit. Le manager sportif Paul Theunis m’avait dit que tout rentrerait dans l’ordre. Je pouvais signer un contrat bien plus avantageux qu’à Mouscron : trois ans plus un an avec option. Genk était prêt à mettre 375.000 euros sur la table, une belle somme pour un défenseur de 32 ans. Mouscron en demandait 1,25 million, ramené à 750.000 euros en fin de tractations. Finalement, Genk a acheté Brian Priske, un international danois de 25 ans, pour 75.000 euros ! C’est dommage car je n’ai commencé à bien gagner ma vie qu’en fin de carrière. Pendant ce temps, d’autres gagnent des millions dans le noyau B. J’ai fait de mon mieux pour évoluer sportivement, mais au moment où une réelle opportunité s’offre à moi, on m’en prive. C’est râlant, surtout que j’avais des contacts quotidiens avec Genk, j’avais déjà tous les aspects pratiques du déménagement en tête « .
Quelle a été votre réaction ? Demander une augmentation à Mouscron ?
Koen De Vleeschauwer : Je n’ai pas voulu jouer au plus malin en essayant de forcer tout de même un transfert. Mais je suis allé voir le président en lui demandant de prolonger mon contrat d’un an ou deux. Il m’a promis que ce serait chose faite avant le Nouvel An. Je ne serai rassuré que lorsqu’il aura tenu sa parole, mais Detremmerie est un homme correct. Je sais que Mouscron ne peut pas s’aligner sur Genk mais si je suis tellement précieux qu’ils ne me laissent pas partir, j’attends un geste…
Les événements des derniers mois à Mouscron, avec la confirmation puis l’éviction de Staelens et l’arrivée de Leekens ne vous auront pas échappé…
En effet. Je peux comprendre la décision de Lorenzo Staelens. J’ai toujours énormément de respect pour lui. J’estime que c’est un bon entraîneur, un peu le même genre que Jan Ceulemans. Ses entraînements étaient très bons, je trouve. Il lui manquait juste un peu d’expérience pour appréhender certains joueurs. Avec un groupe plus adulte, il aurait atteint de meilleurs résultats. Il avait souvent tendance à faire confiance aux jeunes, qui sont ma foi très talentueux. Mais lors de certaines rencontres, il aurait peut-être mieux fait de prendre des routiniers, même relevant de blessure, pour éviter certaines erreurs de jeunesse. Je pense qu’il s’en est rendu compte en fin de saison. Quant à Georges Leekens, son approche est toute différente. Les jeunes savent qu’au moindre relâchement, il va les réveiller. Il faut aussi dire que Leekens a obtenu les renforts qu’il souhaitait.
Sévère approche
Quelles sont les possibilités de Mouscron cette saison ?
On constate déjà un plus grand entrain et une meilleure discipline sur le terrain. L’approche est sévère, les entraînements plus intensifs. J’ai l’impression qu’une session avec Leekens est plus éprouvante que deux ou trois d’un autre entraîneur. Il n’hésite pas à crier pendant nos petits matches, ce qui nous servira en championnat. Je trouve aussi positif que Mouscron regagne petit à petit son image positive, un phénomène évidemment lié aux résultats. Le club a traversé tellement de remous en une année que certains doivent se dire : quel club pourri. Alors qu’en fait, c’est toujours une formidable équipe.
Etes-vous un footballeur sous-estimé ?
J’ai rarement été mis sous les projecteurs, sauf lorsque j’ai commencé à évoluer au milieu droit. Les gens s’aperçoivent alors de vos qualités, que vous pouvez dribbler un adversaire, finir une action, donner un bon centre. La reconnaissance des connaisseurs du foot fait plaisir, comme celle de Marc Degryse qui me voyait en équipe nationale.
Y croyez-vous encore ?
Non, quand je vois le rajeunissement opéré par Aimé Anthuenis. Je ferai de mon mieux en attendant de voir. Ce serait beau mais l’équipe belge n’a jamais été mon obsession. Lorsqu’il y avait pénurie du côté droit de l’entrejeu, il est vrai que j’écoutais chaque fois attentivement la composition de l’équipe. Et forcément, quand on reçoit des compliments de Yves Vanderhaeghe ou de Gert Verheyen, ça donne envie de croire en ses chances…
Etes-vous en proie au doute ? Votre modestie ressort souvent lors de vos interviews.
Je ne doute pas de mes qualités. Je peux affronter n’importe quel adversaire sans aucune peur au ventre. Mais cela ne veut pas dire que je suis un footballeur d’exception. Je connais mes qualités et mes défauts. J’ai peut-être manqué d’ambition, de volonté pour pouvoir aboutir à Anderlecht ou à Bruges, par exemple. Lorsque Johan Boskamp coachait le Sporting bruxellois, j’avais été invité à un stage à HongKong mais finalement le comité de direction a décidé de ne pas me garder.
Dégoût des fainéants
Vous avez en commun avec votre ami Yves Vanderhaeghe une grande force de travail.
On peut en effet comparer nos styles : travailleurs. Yves n’est souvent assimilé qu’à un ratisseur de ballons qui est partout à la fois, mais je vous assure qu’il est doué techniquement. Moi-même, j’ai longtemps évolué en retrait des attaquants mais une fois qu’on passe au back droit, cette position vous colle aux studs. Avec Yves, nous avons également en commun un dégoût des fainéants et de ceux qui se la coulent douce. Surtout quand je vois débarquer des jeunes de 18 ou 19 ans en Mercedes, avec beaucoup de tchatche et de grands gestes. Yves est encore plus fanatique que moi à cet égard, certainement lorsque la personne pour qui il travaille manque de respect.
En mai, vous avez été opéré aux abdominaux pour la deuxième fois de votre carrière. N’est-ce pas exceptionnel ?
Si. Le docteur De Witte d’Alost m’a dit qu’il n’a jamais vu ça en 30 ans de pratique médicale. Lors de la dernière intervention, le docteur Declerck a utilisé une nouvelle méthode et traité aussi les adducteurs. Selon lui, sans opération il n’y avait pas de certitude, l’inflammation pouvait réapparaître après quelques mois. Je voulais des certitudes, il me les a fournies. Le docteur Declerck m’a dit que cette double opération était sans doute due à ma constitution et au fait que je suis quelqu’un qui repousse parfois les limites de la douleur, ce qui est mauvais. Je ne suis jamais resté à la maison pour un petit bobo. Certains adoptent cette attitude pour épargner leur corps, d’autres en font l’usage pour éviter l’entraînement. Mais pendant la préparation, je me suis souvent fait la réflexion que je devais ralentir la cadence pour ne pas manquer le début de championnat.
Que serait devenu Koen De Vleeschauwer s’il n’avait pas été footballeur ?
Lorsque je suis allé à Saint-Nicolas, je travaillais comme magasinier. J’aurais sans doute vécu une autre vie et j’aurais été un autre homme. Que personne ne me raconte que l’aspect financier n’a pas d’impact sur une vie. Je suis reconnaissant au monde du foot parce que devenir pro ne faisait vraiment pas partie de mes plans lorsque je jouais en équipe Première à Zottegem, en Promotion. A l’époque, vers 17 ou 18 ans, je commençais à sortir et j’avais même arrêté le foot pendant un mois et demi. Jusqu’à ce que mon entraîneur revienne me chercher et me dise : – Tu es fou ? Avec ton potentiel !
» L’esprit positif est revenu à Mouscron «
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