PATRICK TURCQ
La semaine passée, Patrick Turcq (56 ans) a quitté Courtrai pour devenir le manager sportif de Gand.
1 Vous obtenez une promotion sportive mais aussi financière. Vous passez pour un négociateur habile et Gand a gagné beaucoup d’argent grâce à la Ligue des Champions. Combien allez-vous gagner en plus à la Ghelamco Arena ?
Je n’ai pas rejoint Gand pour l’aspect financier mais uniquement pour le volet sportif. Ce défi dépassait tout le reste. C’était sans doute une opportunité unique, à mon âge, de pouvoir travailler pour un grand club. Je vais en effet gagner davantage, ce qui est logique quand on signe pour un club du top mais cet aspect n’a vraiment pas été déterminant. Je ne suis pas comme ça. J’accepte une offre quand elle me confère un sentiment positif et que je suis satisfait du montant. Je suis convaincu que Courtrai aurait pu me payer ce que je gagne maintenant à Gand.
2 C’est un secret de polichinelle : vous vous entendez bien avec Mogi Bayat. Est-ce lui qui a réglé votre transfert à la Ghelamco Arena ? Ou le devez-vous à votre amitié avec le manager général Michel Louwagie ?
Pas du tout. Je n’ai pas besoin de Mogi pour ça. Quant à cette amitié avec Michel Louwagie, ce n’est pas le bon terme. J’éprouve un profond respect pour lui car depuis vingt ans, le président Ivan De Witte et lui, sa principale cheville ouvrière, ont comblé un énorme trou financier à Gand. Au fil des années, nous avons conclu des arrangements, même quand Courtrai était en D2, et nous avons appris à bien nous connaître. L’amitié n’a sans doute pas grand-chose à voir là-dedans car quand on parle affaires, l’amitié n’est pas une priorité.
3 Si vous aviez déjà été manager sportif de Gand en janvier, le club serait-il parvenu à enrôler Benoît Poulain, le défenseur de Courtrai ?
(Il rit) Je ne sais pas, puisque la situation ne s’est pas présentée. J’aurais peut-être eu une certaine influence mais je ne sais pas si elle aurait été décisive. En fin de compte, c’est au joueur que revient la décision finale. Tout ce que je sais, c’est que Ludovic Butelle a exercé son influence. Il est un ami de jeunesse de Benoît et lui a apparemment parlé en termes très élogieux du Club Bruges. On m’a dit que c’est ce qui avait été décisif dans son choix, en plus d’un entretien positif avec Michel Preud’homme.
4 Etait-ce le moment de quitter Courtrai ? On dit que votre travail était plus difficile depuis que Vincent De Gryse puis Vincent Tan en sont devenus propriétaires. Vous deviez notamment demander l’approbation du managing director Ken Choo pour toute dépense excédant mille euros. Il semble aussi que le courant ne passe pas entre vous et le président Joseph Allijns, qui a envoyé un courriel à Ken Choo en septembre, pendant vos vacances, pour se plaindre de Johan Walem.
Nous avons discuté de cette affaire de courriel en adultes. Pour le reste : le président n’est pas impliqué de manière opérationnelle dans le club mais nous n’avons jamais eu de mots ni de problèmes quand nous nous sommes vus, que ce soit le jour des matches, aux conseils d’administration ou quand il passait dans les bureaux. Je ne puis nier qu’il m’est devenu plus difficile de travailler depuis la vente du club. Mais ce n’est pas une critique. Je respecte l’approche des nouveaux propriétaires. Après tout, ce sont eux les patrons. Etait-ce le moment de partir ? L’avenir le dira. Mais l’opportunité de rejoindre Gand a sans doute accéléré le processus. Je n’ai en tout cas jamais été demandeur.
5 Qu’implique votre départ pour Courtrai ? Apparemment, il peut le compenser en travaillant plus dans certains secteurs. Etes-vous si facile à remplacer ou sous-estime-t-on votre travail ?
J’ai lu et entendu qu’on ne me cherchait pas de successeur dans l’immédiat. J’ai donné mon opinion à ce sujet en interne, à la demande du président, mais ce n’est plus mon problème.
PAR CHRISTIAN VANDENABEELE
» Courtrai pourrait me payer ce que je gagne maintenant à Gand. » PATRICK TURCQ
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