ON RESTE EN COURSE !
Malgré un début difficile, le médian international croate est optimiste pour la suite de la saison.
Le Croate IvanLeko (27 ans) énumère les différentes positions qu’il a occupées au Club depuis quelques mois. Il pensait d’abord avoir évolué à quatre postes distincts mais il semble que cinq soit le bon chiffre… Lorsqu’il a paraphé son contrat, en juin, le Club l’a prévenu que Nastja Ceh restait sur une brillante saison mais qu’on attendait encore plus de lui. Or, il n’a pas encore répondu à ces espoirs. Le médian croate a même fait banquette contre la Juventus et le Standard…
» Je pense avoir très bien entamé la saison mais en 4-4-2, au Lierse, je me suis retrouvé à une place totalement inédite pour moi. Je comprends que je dois jouer où l’entraîneur le veut et j’ai fait de mon mieux mais quand on ne se sent pas bien à une position, c’est très difficile. Ce fut mon plus mauvais match et c’est ainsi que je me suis retrouvé sur le banc. Cela m’a fait d’autant plus mal que je ne m’y attendais pas.
L’entraîneur ne m’a rien dit quand il m’a aligné à gauche ni quand il m’a écarté. Je ne lui ai pas parlé non plus. Je me suis rendu à l’entraînement mû par la volonté de lui prouver qu’il avait pris une décision erronée et que je méritais ma place dans le onze de base. Je me suis très bien entraîné, mon jeu s’est amélioré et, surtout, l’équipe a progressé. Nos débuts ont été très compliqués. Il fallait intégrer les nouveaux joueurs, il y avait beaucoup de blessés, énormément de matches et donc pas de temps à consacrer à l’analyse de ce qui n’avait pas fonctionné. Les critiques ont été sévères.
Vous avez joué à gauche en 4-3-3 à Charleroi et vous avez été bon : vous avez marqué et donné des passes dangereuses.
Ivan Leko : Pourtant, je ne me sentais pas tellement à l’aise à ce poste. J’ai réalisé trois actions, pas plus. Un joueur de flanc doit être rapide et fort homme contre homme. Or, ce n’est pas ma principale qualité. Je veux faire ce en quoi je suis le meilleur. En seconde mi-temps, j’ai joué dans l’axe et j’ai été nettement plus efficace.
Et durant le dernier quart d’heure, vous avez même évolué en 4-4-2 avec Sven Vermant et vous-même dans l’axe. Cela a parfaitement fonctionné. Parce que vous aviez des ailiers rapides, Victor et Jeanvion Yulu-Matondo ?
Et parce que Bosko Balaban et Javier Portillo jouaient en pointe… Derrière, Charleroi jouait à quatre contre quatre. Quand on est mené 3-1, on ne peut construire lentement. Il faut prendre des risques et aligner des joueurs rapides. N’oubliez pas que si vous avez un homme en moins dans l’entrejeu, vous êtes en supériorité numérique dans une autre zone, devant, en défense ou sur les ailes, en fonction de la manière dont l’entraîneur décide. Je trouve que nous avons bien réagi à Charleroi : nous avons tout donné et exercé notre pression comme il se doit. C’était très important après notre revers à domicile contre Lokeren et avant notre déplacement au Bayern. J’étais très satisfait, à ce moment.
Des cinq postes déjà occupés, lequel préférez-vous ? A gauche devant la défense dans un triangle défensif, en pointe d’un triangle défensif ou à gauche d’un triangle offensif ?
Je pense que nous avons signé nos meilleurs matches en 4-3-3 ou en 4-2-1-3, peu importe, avec deux médians dans mon dos, comme à Vienne et à Anderlecht.
Le Club Bruges est-il plus fort avec trois médians ?
Beaucoup de gens estiment que l’entrejeu est la zone de vérité, que c’est là qu’on gagne ou qu’on perd. Je le pense aussi. Si on y est fort, on possède le ballon et on peut presser l’adversaire. Dans le cas contraire, c’est l’adversaire qui vous place sous pression.
Un trio Sven Vermant-Gaëtan Englebert-Ivan Leko a-t-il suffisamment de puissance ?
Ce n’est pas là le problème. Chacun est chevronné et peut courir. Le véritable problème, c’est que l’équipe n’a pas bien fonctionné jusqu’ici. Il y avait trop d’espaces entre les lignes et ils étaient difficiles à combler.
Donc, pas de Philippe Clement au milieu défensif ?
Chaque match est différent. C’est à l’entraîneur de décider avec qui il travaille. L’essentiel est qu’il y ait une vision, que chacun se livre à 100 % en fonction de l’équipe.
80 matches en Liga
On vous reproche sans cesse votre manque d’abattage. Pourtant, Hajduk Split dit que, si vous n’êtes pas rapide, vous courez beaucoup. Philippe Clement affirme aussi que vous avez un plus large rayon d’action que Nastja Ceh. Qu’en est-il réellement ?
Je ne veux pas polémiquer. Je n’ai pas besoin de m’expliquer. Après tout, j’ai joué 80 matches en championnat d’Espagne. Sans rythme, c’est impossible. Les journalistes sont là pour délivrer commentaires et critiques. Je respecte votre opinion mais je ne suis pas obligé de la partager. En fait, je n’ai pas l’intention de perdre mon temps à ça. Je sais ce dont je suis capable et je me concentre sur mon travail.
On vous reproche aussi de ne pas vous infiltrer assez, de trop jouer en fonction du ballon.
Quand 30.000 personnes sont présentes dans un stade, chacune a son idée sur la façon dont le Club doit procéder pour gagner. Je respecte ces avis même si les joueurs ne doivent obéir qu’à un homme, leur entraîneur. J’ai toujours offert le meilleur de moi-même à l’équipe mais la position que j’occupe influence mes performances. Pour être libéré et prester, il faut pouvoir jouer plusieurs matches de suite à la même position. Depuis quelques semaines, nous évoluons de la même manière et nous progressons. Nous allons mieux jouer, comme on l’a vu à Anderlecht. Je ne suis pas mécontent de mes quatre premiers mois au Club Bruges. Tout est difficile au début : un autre club, un autre style… Chacun a besoin de temps pour s’adapter aux autres et former un nouveau bloc. Après tout, nous nous sommes qualifiés pour les poules de la Ligue des Champions et il reste 22 matches de championnat. Nous allons tout mettre en £uvre pour reconduire notre titre. Selon moi, jusqu’à la fin de la saison, nous serons un sérieux concurrent au titre pour le Standard et Anderlecht.
Que pensez-vous du championnat de Belgique ?
Je n’imaginais pas que ce serait si difficile face à chaque équipe. Je connais les résultats de la saison passée et je m’attendais à des joutes plus faciles. La Belgique développe un football très rythmé, avec de jeunes joueurs capables de jouer simplement, en un ou deux temps. C’est un bon championnat. Et je suis agréablement surpris par l’excellente ambiance qui règne dans notre stade. J’ignorais que le football vivait à ce point ici.
La concurrence est rude au Club Bruges : alors que des joueurs étaient blessés, des éléments tels que vous, Sven Vermant, Gert Verheyen, Gaëtan Englebert, Joos Valgaeren, Javier Portillo, Grégory Dufer et Jonathan Blondel étaient sur le banc.
Cette concurrence et la pression supplémentaire qu’elle induit ne sont peut-être pas tellement bonnes pour les joueurs mais profitent à l’équipe : on s’entraîne et on joue mieux, l’entraîneur a l’embarras du choix. Celui qui ne joue pas est mécontent – je ne fais pas exception à la règle – mais c’est un bon signe : cela veut dire qu’on est motivé. On désire mon- trer qu’on veut jouer et aider l’équipe.
Cela ne pèse-t-il pas trop sur l’ambiance et la confiance ?
Non. Joueurs et entraîneur se respectent. Je sais ce qu’est une mauvaise atmosphère. J’y ai déjà été confronté. Pour que l’ambiance soit positive, il faut que, dans le vestiaire, les joueurs comprennent que l’entraîneur est honnête en composant son équipe et voient que les plus affûtés sont repris.
L’intégrité de Jan Ceulemans n’est donc pas mise en cause ?
Non. C’est sans doute pour ça que l’ambiance est bonne.
Quelle image avez-vous de lui comme entraîneur ?
On remarque qu’il a été un grand joueur. Il sent parfaitement le football, les matches et les joueurs. Pour le reste, c’est à vous, les journalistes, de poser un jugement.
Croate jusqu’au bout des crampons
C’est votre coach, pas le nôtre. Vous êtes mieux à même de le juger.
(Il sourit) J’ai déjà connu pas mal d’entraîneurs. Aucun n’est semblable. Ce sont les résultats qui comptent. S’ils sont positifs en fin de saison, il aura été un bon entraîneur. Dans le cas contraire, il n’aura pas été bon. C’est fou mais le football est ainsi fait.
A 22 ans, vous étiez déjà capitaine de Hajduk Split. Vos qualités de leader peuvent-elles s’exprimer à Bruges ?
Je me sens très bien ici, j’ai l’impression d’être un joueur important. J’espère que chacun est dans ce cas car il est essentiel que les footballeurs soient bien dans leur peau et livrent le meilleur d’eux-mêmes. Il est normal que les plus chevronnés s’expriment et dirigent les autres. Je sais que je fais partie de ceux-là et je suis prêt à aider de mon mieux les plus jeunes.
Vous n’avez pas encore marqué sur coup franc.
Non. Je pense n’en avoir encore botté qu’un seul. Nous n’en avons pas obtenu beaucoup. Je le disais encore à Bosko il y a peu : c’est étrange mais presque tous nos coups francs sont à gauche, de son côté. Cela ne me tracasse pas. Cela viendra.
Vous sembliez devenu titulaire en équipe nationale mais vous êtes de nouveau écarté. Pourquoi ?
Peut-être parce qu’Igor Tudor, de la Juventus, évolue dans l’entrejeu gauche, à côté de Niko Kovac devant la défense, en 3-4-1-2. J’ai déjà évolué un cran devant, au poste de Niko Krancjar. Quoi qu’il en soit, si j’ai perdu ma place de titulaire, je suis content de faire partie du noyau de 18, 20 joueurs de l’équipe nationale car le groupe est fantastique. Je veux prouver au sélectionneur que je ne songe qu’à aider l’équipe lors de chaque minute de jeu qu’il m’accorde. La Croatie signe de superbes résultats. Nous pouvons tous en être fiers, réserves y compris.
Que peut-on attendre de la Croatie dans quelques mois, au Mondial ?
On ne sait jamais. L’essentiel est de passer le premier tour. Après, tout est possible.
Pourquoi la Croatie ferait-elle mieux qu’à l’Euro portugais alors qu’elle aligne à peu près les mêmes joueurs ?
Peut-être parce que le nouveau sélectionneur procède à moins de changements que son prédécesseur, parce que les joueurs ont acquis de l’expérience et que l’équipe est en confiance. Nous n’avons pas essuyé la moindre défaite en éliminatoires et nous avons réalisé un nul 1-1 contre le Brésil à Split, en août dernier. Tout le monde est d’accord sur ce point : nous avons une excellente équipe.
D’après Tomislav Butina, le Club Bruges devrait transférer quelques Croates de plus…
Nous sommes heureux de jouer ici. Je pense que nous nous débrouillons bien tous les trois ; moi aussi, j’espère que quelques Croates nous rejoindront l’été prochain.
Vous serez peut-être le seul Croate de Bruges la saison prochaine car Balaban et Butina sont en fin de contrat. Peut-être même seront-ils monnayés pendant la trêve hivernale ?
Je ne sais pas. J’espère qu’ils resteront car ils ont démontré qu’ils étaient très importants pour le Club. Tout serait plus difficile sans eux. En outre, ce sont des amis de longue date et ils ont facilité mon intégration. J’espère que nous pourrons jouer ensemble encore quelques saisons. C’est mon v£u et je pense qu’il va se réaliser.
Qu’est-ce qui vous a le plus surpris à Bruges, jusqu’à présent ?
Que tant de gens se déplacent à vélo et roulent aussi lentement en voiture. Je pense qu’ils vivent sans stress ici. Les gens avaient un tempérament plus explosif à Split et à Malaga. Ici, comment m’exprimer ?… Les gens ont l’air plus satisfaits.
Où en sont vos études en économie à l’université de Split ?
Je veux présenter de deux à quatre examens l’été prochain mais je dois avouer que je n’ai pas pu étudier beaucoup jusqu’à présent.
CHRISTIAN VANDENABEELE
» J’ESPÈRE QU’ON VA encore transfÉrer quelques croates «
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