» ON ATTEND UN COUP DE FIL DE MICHEL LECOMTE «
Les rappeurs belges, Caballero et JeanJass, reçoivent dans les bureaux de Back in the Dayz, leur tourneur, à Bruxelles. Le premier discute cuir avec le coeur, le second avec la semelle et les cheveux. Avec en ligne de mire, leur tout nouveau geste technique : Double Hélice.
Dans le clip de Yessaï, on voit un maillot de Charleroi et un ballon du Barça. Vos deux clubs préférés…
CABALLERO : J’ai pas le choix de supporter le Barça. J’ai toujours porté ce club dans mon coeur (Il est né à Barcelone, où vit sa famille, et porte le survêt du club, ndlr). Ma famille adore le foot et on a même des gens du Real. On s’aime beaucoup mais quand c’est l’heure des matches, on les regarde pas ensemble…
JEANJASS : Le foot est ma deuxième passion. Je joue plus depuis un an, mais je vais rechercher une équipe de futsal. C’est ce que je préfère. Je sais même pas si j’ai déjà eu une paire de crampons. J’ai joué pour les Kickers, qui n’a fait qu’un avec Action 21. En salle, j’ai joué contre Johan Walem. Il frappait du milieu de terrain, tu voyais pas cette balle passer. J’ai aussi joué contre Boffin. A chaque fois, on a pris des branlées. Il faut pas sous-estimer ces vieux truands du foot belge.
Quels sont vos premiers souvenirs ?
CABALLERO : J’ai été au Camp Nou, mais pas pour voir un match. Mon père voulait me le montrer, c’est un grand fan du Barça qui s’enferme s’il perd. Je me rappelle surtout de Ronaldinho, mes cousins n’en pouvaient plus avec lui. J’ai vu qu’un seul match du Barça, c’était à Bruges, en Ligue des Champions (en 2002, ndlr). Mon père nous avait acheté cette place. Et Riquelme a marqué. J’étais juste derrière, j’ai très bien vu ce foutu but (des 20 mètres, ndlr).
JEANJASS : Mon premier souvenir important, c’est Belgique-Pays-Bas en 97. On s’est bien fait défoncer, 3-1. Kluivert avait marqué. C’était la première fois que je voyais des stars du foot. Il y avait tout le monde : Seedorf, Stam, les frères De Boer, Bergkamp. Sinon, j’ai vu Chelsea époque Drogba, Robben. A Stamford Bridge, contre Portsmouth. C’est là que j’ai compris que les gens pouvaient mourir pour ça.
Vous vous placeriez où sur le terrain ?
CABALLERO : J’ai jamais joué en club mais mes cousins jouaient tout le temps. Du coup, je me suis retrouvé à jouer avec eux et j’étais un genre de défenseur.
JEANJASS : Pareil pour moi, mais sur grand terrain, je serais plutôt milieu. Maintenant que j’ai les cheveux un peu plus longs, on m’a de très nombreuses fois appelé Marouane (Fellaini). Après, Marouane, il dit aussi très souvent qu’on l’appelle JeanJass (rires).
Les Diables, vous suivez ?
JEANJASS : Je prédis qu’on va se viander à l’EURO. Clairement. Nous n’avons pas de fond de jeu. Caba te diras que je suis un grand pessimiste mais on a des blessés et il y a des équipes qui sont bien meilleures que nous : la France, l’Allemagne qui est toujours là, et il faut toujours se méfier des ritals. Ce qui m’inquiète, c’est que même les matches qu’on gagne, on ne les joue pas spécialement bien. Après, si la Belgique arrive à faire un résultat avec ce type de prestations, tant mieux.
CABALLERO : Je supporterais plus l’Espagne. Ils ont gagné le dernier EURO donc c’est toujours la facilité d’être là quand il y a une belle actualité. J’ai regardé les finales mais peu de matches avant, j’étais pas devant mon poste, à me peindre la tronche et tout. J’ai quand même célébré la victoire contre les Pays-Bas (en finale du Mondial 2010, ndlr) à la Bourse, c’était la dinguerie.
Quels personnages vous parlent dans le foot ?
JEANJASS : Un gars comme Gignac me fait beaucoup rire. Il est gros, il joue au Mexique et c’est une star. J’aime bien les joueurs qui ont une grande gueule. Zlatan, il est au-delà du foot. Tu vois DJ Khaled (producteur américain, ndlr) ? Lui et Zlatan font partie de la même espèce. Ce sont des gens qui dominent, ils font presque du coaching.
CABALLERO : Si tu croises Ibra dans la rue, tu vas peut-être même pas lui parler de foot. Il transcende son domaine, ça va plus loin. Je pense que c’est la plus grande star du foot aujourd’hui. C’est lui qui a le plus développé ce côté-là, à la Cantona.
Assez pour le voir rapper ?
CABALLERO : Évidemment !
JEANJASS : Il peut faire ce qu’il veut. Il a ce côté un peu ghetto, il est validé par la street.
CABALLERO : Il peut même monter une armée d’anti-djihadistes. Il a le charisme pour toutes ces merdes.
JEANJASS : S’il était américain, Ibra serait président.
CABALLERO : Il aurait la Californie, minimum. Un truc à la Schwarzenegger.
Qui d’autre vous verriez bien rapper ?
JEANJASS : Pogba. Mais s’il rappait, j’ai l’impression qu’il ferait du Maître Gims. Xavi, tu l’imagines pas lâcher un couplet. C’est un maître absolu sur le terrain, mais si je transpose sa force footballistique dans la musique, ça serait pas un rappeur. Xavi serait un beatmaker. Les attaquants seraient les rappeurs, les milieux, les beatmakers et les défenseurs, les producteurs-managers façon Suge Knight (fondateur de Death Row, qui s’occupait notamment de Dr Dre, Snoop Dogg et 2Pac, ndlr).
CABALLERO : Et le gardien, il ferait la sécu du concert. C’est le garde du corps.
JEANJASS : Ouais, le mec qui t’empêche de prendre des balles.
Du coup, il faudrait penser à une équipe du rap game.
CABALLERO : Ça serait incroyable. (À Jeanjass) Toi, t’aurais un grand rôle de capitaine. Dans tous les morceaux, dans chaque phase, tu mets du foot.
JEANJASS : En fait, je fais ça parce qu’un jour, j’espère recevoir un coup de fil de Michel Lecomte ou Rodrigo Beenkens. Peut-être qu’on va me donner un rôle de chroniqueur… Je suis prêt en tout cas. » Mich-mich « , sache que » JJ » est super chaud !
PAR NICOLAS TAIANA
» Si Pogba rappait, il ferait du Maître Gims… Xavi, lui, c’est un maître absolu. Il serait beatmaker. » JEANJASS
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