Pourquoi la Formule 1 est à un tournant de son histoire
La saison de F1 (et son incroyable dénouement) n’est pas seulement une des plus mémorables de l’histoire: elle marque aussi la fin d’une ère et le début d’un nouveau chapitre.
Petite remarque, à l’issue de la finale de la saison, dimanche à Abu Dhabi. Max Verstappen est le premier champion du monde de F1 depuis Niki Lauda, lauréat en 1984, à n’avoir jamais roulé contre Michael Schumacher. Ça en dit long sur la longévité de l’Allemand, présent dans le paddock de 1991 à 2012, mais aussi sur l’hégémonie de ses successeurs: quatre sacres d’affilée pour Sebastian Vettel (2010-2013) et sept pour Lewis Hamilton (2008, 2014-2015, 2017-2020).
Un nouveau nom s’ajoute donc au palmarès: celui de Max Verstappen, bien que nouveau soit relatif, puisque le pilote a été le plus jeune à effectuer ses débuts en F1, en 2015. Il n’avait que 17 ans, et est aussi le plus jeune à avoir remporté un Grand Prix, en 2016. Cinq ans plus tard, à 24 ans, le voilà également champion du monde. Il n’est pas le benjamin de la catégorie, car Sebastian Vettel, Lewis Hamilton et Fernando Alonso avaient quelques mois de moins au moment de leur titre.
Si le Néerlandais a mis autant de temps à remporter le titre mondial, c’est à cause de la domination d’Hamilton et de Mercedes. L’écurie teutonne a remporté le titre en constructeurs pour la huitième saison d’affilée, mais Red Bull la talonne, grâce à l’immense talent de Verstappen. Bien que d’autres écuries se soient rapprochées du duo lors des essais, Mercedes et Red Bull émergent nettement: leurs pilotes ont monopolisé le podium de huit des 22 GP, sept fois avec Verstappen, Hamilton et le coéquipier de celui-ci, Valtteri Bottas. Seuls les GP de Hongrie et d’Italie sont revenus à d’autres pilotes: Esteban Ocon (Alpine-Renault) et Daniel Ricciardo (McLaren). Mercedes et Red Bull disposent de moyens financiers plus conséquents, ainsi que d’un meilleur bagage technique et de pilotes de talent.
Ferrari et Alpine devraient refaire leur retard.
Le titre mondial de Verstappen n’implique pas nécessairement la prolongation de cette double hégémonie. L’écurie allemande disposait des meilleures cartes depuis l’introduction du moteur hybride turbo V6 en 2014, mais elles vont être rebattues en 2022, et davantage d’équipes vont bénéficier des mêmes atouts. D’une part, le budget maximal diminue progressivement. Il sera de 135 millions de dollars en 2023, salaires des pilotes compris, soit moins de la moitié de ce qu’a dépensé Mercedes ces dernières années. D’autre part, les bolides subissent des changements radicaux, des pneumatiques aux ailerons avant et arrière, ce qui va réduire le fossé de vitesse et d’aérodynamisme entre les écuries. La hiérarchie actuelle ne va sans doute pas être complètement bousculée, mais on peut s’attendre à ce que Ferrari et Alpine progressent rapidement.
Verstappen va jouir d’une liberté totale chez Red Bull. Après son titre, il s’est exclamé: « Je resterai ici pour toujours! » Reste à voir si Lewis Hamilton continuera à placer son empreinte sur la F1. En juillet dernier, il a bien prolongé son contrat chez Mercedes jusqu’en 2023, mais il a déclaré attendre avec impatience la nouvelle ère qui s’annonce en F1. L’année prochaine, le Britannique, qui va fêter ses 37 ans, va être flanqué d’un nouveau coéquipier plus jeune, étant donné que le fidèle et discret Valtteri Bottas prend sa retraite: il s’agit de son compatriote George Russell (Williams), âgé de 23 ans, aussi doué qu’ambitieux. Il a d’ores et déjà annoncé qu’il entamerait la saison sur un pied d’égalité avec Hamilton.
Surtout, ce dernier disposera d’atouts moins puissants. S’il veut donc rafler un huitième titre synonyme de record absolu, Hamilton devra se méfier de nombreux jeunes loups, et pas seulement de Verstappen. On pense d’abord à son propre coéquipier.
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