Mercedes et Lewis Hamilton tuent-ils l’intérêt de la F1 ?
Une domination implacable: depuis l’introduction des moteurs hybrides en Formule 1 en 2014, Mercedes a remporté tous les titres constructeurs et Lewis Hamilton cinq sur six chez les pilotes, au risque de tuer l’intérêt pour la discipline.
Avec six doublés consécutifs pilotes et constructeurs, une performance inédite, la marque à l’étoile n’a pas laissé grand chose à ses rivales.
En ajoutant à celles de Hamilton les victoires de ses équipiers Nico Rosberg et Valtteri Bottas, ce sont 88 Grands Prix sur un total de 119 qu’elle aura remporté en six ans. « Je suis payé pour gagner autant de courses et de titres que possible », affirme Toto Wolff, le patron de l’écurie, tout en concédant que, pour les spectateurs, le suspense n’y est peut-être plus. « Le nombre de gens qui vous disent: +je ne regarde plus parce que c’est la voiture grise qui va gagner+, c’est monstrueux », lance à ce propos le pilote français Romain Grosjean.
Après une domination écrasante des Flèches d’argent en début de saison, le retour de Red Bull avec Max Verstappen et le réveil de Ferrari ont un peu changé la donne. Mais Hamilton, qui a gagné 10 GP sur 18 en 2019, a quand même été couronné aux Etats-Unis dimanche, alors qu’il reste encore deux épreuves à courir.
« One man show »
Ce n’est pas la première fois qu’une équipe domine outrageusement la F1. McLaren a remporté six titres constructeurs entre 1984 et 1991, Ferrari huit entre 1999 et 2008, Red Bull quatre consécutifs entre 2010 et 2013, juste avant l’avènement de Mercedes.
Mais à l’exception du duel fratricide entre Hamilton et Rosberg, qui a culminé en 2016, cette domination s’accompagne d’un « one man show » de Hamilton qui ôte beaucoup d’intérêt aux courses.
« Vous allez dire que c’est ennuyeux et je comprends tout à fait », a admis le champion britannique à l’issue du Grand Prix de France qu’il a remporté en juin.
« Mais ne le reprochez pas aux pilotes. Nous n’écrivons pas les règlements. Mettez plutôt la pression sur les décideurs qui devraient faire leur travail. Cela fait de nombreuses années qu’ils font des erreurs », a-t-il ajouté.
Le pilote de 34 ans est sous contrat avec Mercedes jusqu’à la fin 2020, soit l’année d’expiration du règlement actuel qui régit notamment la conception des monoplaces et la répartition des revenus entre les écuries.
Le nouveau vient d’être présenté par le promoteur américain de la F1, Liberty Media, et la Fédération internationale de l’automobile (FIA). Son but est de rendre les courses plus intéressantes en concevant des voitures pouvant se suivre de près et se dépasser plus facilement grâce à une aérodynamique simplifiée. Il va aussi introduire un plafonnement des dépenses pour réduire les écarts entre grandes et petites écuries.
Lewis Hamilton a souligné lors du Grand Prix des Etats-Unis qu’il entendait être encore là en 2021 pour piloter ces F1 d’un nouveau genre et gagner à leur volant.
« Coup de boost »
Il s’est souvent plaint pourtant du poids trop élevés des F1 actuelles et le nouveau réglement va encore les alourdir.
Il n’est pas le seul à se plaindre des F1 actuelles. L’Allemand Sebastian Vettel, aujourd’hui chez Ferrari après avoir conquis quatre titres pilotes chez Red Bull entre 2010 et 2013, ne les aime pas beaucoup non plus. « Ramenez ces sacrés V12 », s’est-il exclamé alors qu’il était contraint à l’abandon sur défaillance d’un élément de son moteur hybride lors du Grand Prix de Russie fin septembre.
Même s’il s’est empressé ensuite de concéder que cela serait impossible, il accrédite l’idée que les F1 ne sont pas seulement ennuyeuses pour ceux qui les regardent tourner, mais aussi pour ceux qui les conduisent.
Reste le « show » que représente la catégorie reine du sport automobile, sa débauche de technologie et les luttes en coulisses entre constructeurs et pilotes. Netflix y a consacré l’an dernier une série documentaire qui a rencontré un certain succès et qui connaîtra une suite cette saison.
Cela « a remis un coup de +boost+ qui était vraiment bien, les gens ont vu quelque chose de nouveau de la F1 qu’ils n’avaient jamais vu », se réjouit Grosjean, résumant le sentiment général.
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