© DPA

Lewis Hamilton est-il meilleur que Michael Schumacher ?

Lewis Hamilton est devenu, ce dimanche, le recordman du nombre de victoires en Grand Prix de Formule 1. En reportant la course au Portugal, il a porté son nombre de succès à 92 ce qui lui a permis de devancer Michael Schumacher et ses 91 bouquets. Une seule question se pose dès lors : Hamilton peut-il être considéré comme le meilleur pilote de l’histoire ?

Les chiffres

Si l’on regarde les statistiques, Lewis Hamilton et Michael Schumacher se partagent la majorité des records en Formule 1. Le premier record, celui du nombre de victoires en Grand Prix est détenu par le Britannique. Hamilton a dépassé le Baron Rouge ce week-end et il est peu probable qu’un autre pilote puisse le rattraper de si peu. Le pilote encore en activité qui en est le plus proche est Sebastian Vettel qui compte « seulement » 53 victoires. Max Verstappen, le pilote néerlandais considéré comme un des successeurs possibles d’Hamilton, s’est confié après la dernière course: « Lewis me disait à l’instant qu’il veut porter (le record) le plus haut possible pour me rendre la tâche encore plus difficile. Ça ne s’arrêtera pas là, il ira au-delà de cent. Mais c’est une bonne motivation. Il semble aussi en bonne voie pour remporter un sepième titre ». Un septième sacre qui lui permettrait également de venir égaler Schumi au plus grand nombre de couronnes mondiales.

Le pilote fétiche de Mercedes est également plus souvent sur les podiums que le septuple champion du monde. En effet, Hamilton comptabilise un total de 160 podiums contre 155 pour Schumacher. Le Britannique dépasse également l’Allemand aux nombres de départs en pole position (97 contre 68). Il se rapproche aussi du record du nombre de victoires avec le même constructeur. Il en est à 71 avec Mercedes alors que Schumacher en totalise 72 avec Ferrari.

L’ancien pilote de l’écurie au cheval cabré détient, quant à lui, le plus grand nombre de tours en tête avec 5111. Un record qu’Hamilton devrait pouvoir aller chercher dans un futur proche avec ses 4976 tours en tête. Une autre statistique qui joue fortement en faveur de l’homme aux 91 victoires en Grand Prix est son nombre de hat-tricks, c’est-à-dire le nombre de courses où le pilote qui démarre en pole position, remporte la course et réalise le tour le plus rapide. Schumi en est actuellement à 22 tandis que Hamilton qui en a réalisé un ce week-end au Portugal en est à 18. D’autres records seront plus difficile à aller chercher et devraient rester la propriété de l’Allemand, comme celui des treize victoires en une seule saison (onze pour Hamilton). Schumacher compte également le plus grand nombre de podiums consécutifs (19 contre seize) et le record de 77 meilleurs tours en course.

Ces records répartis entre les deux hommes ne nous permettent pas de les départager cependant un aspect joue en faveur du Britannique : ce dernier a battu tous ces records en bien moins de courses que son confrère allemand. En effet, il a accumulé ses 92 victoires en 262 participations (taux de victoire de 35,11%), tandis que le Kaiser a remporté 91 courses en 307 participations (soit un total de victoires de 29,64%). De plus il a, à 35 ans, encore la possibilité de faire sauter quelques un des records détenu par son prédécesseur.

Michael Schumacher après son ultime succès, au GP de Chine, en 2006.
Michael Schumacher après son ultime succès, au GP de Chine, en 2006.© DPA

Des avis partagés

Le double champion du monde Fernando Alonso avait avoué à Sport Bild qu’il était difficile de comparer les deux pilotes. Il confiait cependant avoir une préférence pour Schumacher. « Ce sont des époques différentes et des voitures avec des niveaux de performance différents. Mais je me souviens de Michael comme d’un pilote difficile à battre, un pilote avec le plus grand talent. Il avait ce petit quelque chose. Lewis est très bon et le meilleur de sa génération. Mais il n’a pas remporté le titre mondial avec McLaren quand il était coéquipier de Jenson [Button]. Chez Mercedes, Nico Rosberg a également remporté le championnat du monde. Michael n’a jamais eu une telle compétition. Il gagnait toujours. Pour moi, Michael a une longueur d’avance. »

Nico Rosberg, sacré champion du monde devant Hamilton en 2016 avec cinq points d’avance donne, lui, sa préférence au Britannique. Le pilote allemand confiait à Auto Motor und Sport que « Lewis a probablement un talent plus naturel que Michael ». Il ajoutait cependant que Schumacher se différenciait des autres pilotes » »En termes d’éthique professionnelle ». Il compare les deux pilotes en concluant que « Les choses viennent très facilement à Lewis, naturellement. Instinct, talent naturel. Michael était le paquet complet. »

Lors d’un entretien avec le magazine allemand Der Spiegel, le directeur technique de Mercedes James Allison, qui a travaillé avec les deux hommes confiait que « Sur les voitures actuelles, Lewis serait probablement plus rapide que Michael, mais Michael avait tellement de talent qu’il aurait certainement appris rapidement à gérer les pneus sensibles ».

Les deux hommes au GP de Bahreïn, en 2010.
Les deux hommes au GP de Bahreïn, en 2010.© EPA

Des époques différentes

L’époque et les conditions dans lesquelles se pratiquent ce sport sont différentes et ont évolué. La Formule 1 est une discipline en constante évolution avec de nouvelles voitures, de nouvelles technologies, différentes règles et différent circuits.

L’ancien directeur de la F1, Bernie Ecclestone, expliquait ainsi que « Schumi pilotait plus ou moins seul dans sa voiture » tandis que « Hamilton a Dieu sait qui pour l’aider en lui disant quelle est la pression de ses pneus, ses vitesses dans les virages ». Il est vrai que les pilotes actuels sont constamment en contact avec leurs stands.

L’actuel directeur technique et sportif du championnat du monde de Formule 1, Ross Brawn compare pour Formula1.com les deux époques de la manière suivante : « Lewis est incroyablement professionnel, dévoué et engagé, mais Michael avait une intensité de détails sur la voiture dont Lewis n’a pas besoin. Michael a grandi à une époque où il n’y avait pas la technologie actuelle. L’analyse des données était assez grossière; l’implication du conducteur était beaucoup plus élevée. Maintenant, un conducteur sort de la voiture et l’ingénieur a une analyse du comportement de la voiture à chaque virage. Le conducteur n’a donc presque pas grand-chose à dire. Quand j’ai travaillé pour la première fois avec Michael, nous avions une feuille avec les numéros de virage et il devait expliquer où il avait sous-virage ou survirage et nous analysions ensuite cela. Maintenant, au moment où le conducteur allume sa radio, ils ont l’analyse. ».

Les deux pilotes sont donc difficilement comparables au vu des époques si différentes auxquelles ils ont évolué. Tous deux ont des parcours et des carrières très différentes, mais ils ont réussi à tirer le maximum de leur talent et de leurs écuries. Ce que l’on peut toutefois affirmer avec certitude c’est qu’ils sont tous les deux les meilleurs pilotes de leur génération et qu’ils font également partie des meilleurs pilotes de l’histoire.

Par Leandro Thibaut (St.)

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire