La F1, un monde d’hommes exclusivement? De moins en moins!
Responsable d’écurie, pilote, commissaire de course, ingénieure… Les femmes sont aujourd’hui présentes à tous les niveaux en Formule 1 ou à ses portes. Cinq d’entre-elles témoignent pour l’AFP.
. Claire Williams, directrice adjointe de Williams
Claire Williams est devenue en 2013 la deuxième femme, après Monisha Kaltenborn chez Sauber, à diriger une écurie de F1, Williams, fondée par son père. « Je suis née dans cette équipe mais je n’étais pas prédestinée à y jouer un rôle », explique l’ancienne attachée de presse. « Mon père disait quelques fois: +Je ne suis pas sûr que les femmes comprennent les voitures+. Mais il a 75 ans, c’était une autre époque », note la Britannique. « Ça a été l’étincelle qui m’a décidée à le faire. »
« Je suis convaincue que l’on ne m’aurait pas confié ce poste si les hommes qui l’ont fait n’étaient pas sûrs que j’en étais capable », dit-elle. « Pour moi, le genre a très peu d’importance. C’est une question de mérite et de crédibilité. Et le fait que je sois Williams laisse penser que je ferai toujours mon meilleur pour l’équipe. »
Enceinte de son premier enfant à 41 ans, on l’assaille de questions sur son avenir professionnel. « Les gens peuvent légitimement se demander ce que je vais faire après. Ça ne me gêne pas », assure-t-elle. « C’est important de parler de comment je vais conjuguer vie familiale et gestion d’une écurie. »
. Tatiana Calderon, pilote de développement de Sauber
A 24 ans, Tatiana Calderon est pilote de développement chez Sauber et roule en GP3, l’une des catégories d’accession à la F1. Elle a découvert le karting à neuf ans. « Dès mes premiers tours, je suis tombée amoureuse et j’y suis retournée tous les jours après l’école », se souvient-elle. « Il n’est pas commun de voir une fille dans un sport très masculin et beaucoup de personnes m’ont posé des questions, poursuit la Colombienne, encouragée par un père fana de sports mécaniques, qui lui a offert une moto à l’âge de cinq ans. « Mais je fais ce que j’aime, c’est tout ce qui m’importe. »
Avec les garçons qu’elle a affrontés, par contre, « ça n’a pas toujours été facile. Quand ils sont face à une fille, ils se battent un peu plus dur. Au début, ils essayaient de me faire sortir de piste, puis un mécanicien m’a dit: ‘aujourd’hui, je ne veux pas que tu les dépasses, je veux que tu les sortes tous’. C’est ce que j’ai fait et j’ai commencé à gagner leur respect », raconte-t-elle. « J’ai toujours voulu être traitée comme un pilote comme les autres. »
. Susie Wolff, pilote de développement puis d’essais de Williams de 2012 à 2015
Susie Wolff est la dernière femme à avoir piloté une F1, en essais pour Williams en 2014 et 2015, après avoir couru en DTM, le Championnat allemand de voitures de tourisme. « Mon genre était alors une question centrale », se remémore l’Ecossaise de 34 ans, qui a mis fin à sa carrière il y a deux ans. « Je n’ai fait qu’une interview où l’on ne m’a pas interrogée là-dessus. C’était inhabituel de voir une femme en F1 mais les gens voulaient aussi me voir réussir. »
En 2016, l’épouse de Toto Wolff, actuel patron de Mercedes et ancien actionnaire de Williams, a lancé au Royaume-Uni un programme qui encourage les femmes, dès leur plus jeune âge, à s’engager dans des domaines traditionnellement masculins, comme la course automobile. « Pour inspirer la nouvelle génération, il faut des modèles de femmes qui réussissent dans ce sport, c’est pourquoi j’ai créé +Dare to be different+, explique-t-elle. « Parfois, il faut le voir pour le croire: il y a beaucoup de femmes dans le paddock qui font un travail fantastique. J’ai appris au cours de ma carrière qu’être performant donne du pouvoir. Si vous avez des résultats, votre genre n’a vite plus aucune importance. »
. Silvia Bellot, commissaire de course
« Aujourd’hui, je suis responsable de la Formule 2 et j’espère un jour l’être de la F1! » Silvia Bellot, 32 ans, a embrassé la carrière de commissaire de course dans les traces de son père, officiel et directeur d’équipes en rallye. « A 13 ans, j’ai commencé à l’aider », raconte-t-elle. « A 16 ans, j’ai passé l’examen pour être commissaire de piste car c’était le moyen le plus facile d’entrer dans ce milieu. »
Les sports mécaniques sont de plus en plus accueillants vis-à-vis des femmes, estime l’Espagnole. « Quand j’ai commencé, les gens étaient étonnés. Ils ne s’attendaient pas à voir une femme et ne me faisaient pas toujours confiance, probablement aussi parce que j’étais très jeune. Mais quand ils apprennent à te connaître, tu n’es plus qu’une personne parmi d’autres », assure-t-elle.
Elle espère ne pas se heurter à un plafond de verre dans la catégorie reine, où elle officie parfois, même si, « comme partout, plus vous montez dans la hiérarchie, moins il y a de femmes ».
. Monica Cuadrado, ingénieur chez Pirelli
A 27 ans, Monica Cuadrado a « réalisé un rêve » en devenant ingénieure chez le fournisseur de pneumatiques Pirelli. « Vers 16-17 ans, j’allais avec une amie sur les circuits, c’était tout à fait normal! », raconte cette passionnée, passée par l’industrie automobile. « Puis tu arrives en école d’ingénieur et, parmi 100 élèves, il y a peut-être 5-10 femmes. Alors tu te demandes: +que se passe-t-il ici?+ Mais j’ai toujours été bien traitée. C’est ce que je voulais: être traitée comme les hommes. Quand tu commences, il faut bien sûr prouver que tu es capable, mais c’est la même chose pour eux. J’ai entendu dire que certaines femmes n’avaient pas eu la même expérience et avaient dû se battre un peu plus. Pour moi, ça a toujours été facile, parfois même plus facile. On est mieux traitées, plus poliment, gentiment. »
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