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Hamilton: toujours plus fort

Il va de record en record et ce n’est pas fini. En 2020, Lewis Hamilton (35 ans) sera encore l’homme à battre en F1.

Le décompte final a commencé. Plus que sept succès et Lewis Hamilton égalera le record de victoires en Grand Prix détenu par Michael Schumacher. Huit et il sera, avec 92 premières place, le pilote le plus performant de l’histoire de la F1. Encore un titre mondial et il égalera le record. Au cours des six dernières années, le Britannique a remporté au moins neuf Grands Prix par saison. Mais outre ces chiffres, Lewis Hamilton est ce que Schumacher a été pendant une décennie et est encore aux yeux de nombreux amateurs : l’icône mondiale de la F1.

Les journalistes peuvent dresser chaque jour un nouveau portrait de Hamilton.

Division et réconciliation

En 2020, le champion du monde aura tout à gagner mais dans les faits, il aura surtout tout à perdre. C’est ce qui rendra un peu de suspense à la course au titre. Quoi qu’il en soit, il a les cartes en mains : il est en grande forme, Mercedes frôle la perfection et le règlement n’a pas changé. S’il est à nouveau champion du monde en 2020, Hamilton aura remporté 50 % des championnats du monde auxquels il aura participé. Sans compter qu’en 2007 et en 2016, il n’a perdu le titre que sur une erreur de pilotage et un bris de moteur. Sans quoi il aurait déjà dépassé Schumacher.

Lewis Hamilton polarise l’attention. Même dans son pays, il divise. Au regard de son palmarès, il a été élu trop peu souvent BBC Sportsperson of the Year. Et nombreux sont ceux qui pensent que la reine aurait déjà dû l’anoblir depuis longtemps mais au lieu de cela, on lui a déjà refusé l’accès à la loge des Windsor à Wimbledon en raison d’une  » tenue inadaptée.  »

Ces discussions ne semblent pas le toucher, même si c’est difficile à croire. Il est un peu narcissique. Il veut sans cesse se surpasser. Dans sa bouche, ça se traduit par :  » Travailler pour être le meilleur possible, ça demande beaucoup de choses : de l’intelligence, un corps et un esprit en harmonie. On ne peut jamais se déconcentrer et résister aux tentations n’est pas facile. Il faut se fixer des objectifs et je place toujours la barre très haut. J’essaye également de m’entourer de gens que j’aime et pour qui je signifie quelque chose.  »

Il fait notamment référence à la réconciliation avec son père, Anthony, l’hiver dernier. Ils ont passé beaucoup de temps ensemble à l’entraînement, à la plage et à faire de la musique. Ils ont ainsi tiré un trait sur dix ans de séparation et cela lui a conféré beaucoup de sérénité.

Même ceux qui suivent de près la carrière de Hamilton depuis le début découvrent avec surprise de nouvelles facettes de sa personnalité. Les journalistes considèrent souvent qu’il n’y a  » plus rien à dire  » au sujet de nombreux champions en place depuis longtemps mais ils peuvent dresser chaque jour un nouveau portrait de Hamilton.

Drogué à l’adrénaline

Hamilton a couronné sa treizième saison en Formule 1 par un nouveau titre mondial. Il a pratiquement fait joujou avec la jeune génération. On s’est de nouveau posé la question de savoir s’il était le meilleur pilote F1 de tous les temps mais on se l’est posée au sujet de tous les grands champions, dont Schumacher.

Le succès d’un pilote ne dépend en tout cas pas que de lui. Les plus grands sont ceux qui sont capables d’emmener toute une équipe. La référence, c’est le trio que Schumacher, Todt et Brawn formaient chez Ferrari. Mercedes veut faire aussi bien. Lorsqu’il est devenu champion du monde, dès le Grand Prix d’Austin, Hamilton a dit à l’ingénieur Peter Bonnington :  » Nous allons encore évoluer.  » Toto Wolff, le patron du team Mercedes, n’en doute pas un seul instant :  » Si nous continuons à mettre une bonne voiture à sa disposition, Lewis n’aura pas de limite. Il est terriblement rapide et, en plus, il parvient toujours à se mettre au défi.  » Son père ajoute :  » Je dis toujours que c’est un gamin de 35 ans, pas un homme de 35 ans. Il a la même mentalité que quand il avait huit ans. Ce n’est pas mal, hein, pour un gamin qui a grandi dans une maison sociale du nord de Londres ?  »

Hamilton: toujours plus fort

Sur le plan émotionnel, l’année 2019 a été très intense, notamment en raison du décès de Niki Lauda, qui l’avait amené chez Mercedes en 2012.  » Il me manque terriblement « , dit Hamilton.  » Je n’imaginais pas être aussi touché. Au niveau émotionnel, l’année 2019 a été la plus dure de toute. Il y a eu des hauts et des bas. J’ai ri et pleuré plus souvent qu’à mon tour. J’ai défini des objectifs et j’ai changé de comportement pour être meilleur. On peut même changer d’état d’esprit.  » Gettin’ to the zone. Si la Formule 1 est l’Himalaya, sa zone est celle dont l’air est le plus pur et où les actions sont les plus spectaculaires. Mais il n’a jamais eu peur, il avoue que l’adrénaline est sa drogue. Une drogue légale. C’est peut-être pour ça qu’il est le seul pilote qui, en 2019, a été capable de couvrir l’intégralité des 1262 tours.

Une machine

Le plus difficile, pour Hamilton, c’est de ne pas être seulement un pilote spectaculaire mais un pilote qui contrôle constamment toutes les situations. Un pilote de F1 n’est un maître que lorsqu’on le considère comme  » complet « , comme quelqu’un aussi fort techniquement que tactiquement, brillant sur le plan humain et sur le plan économique. C’est le cas de Hamilton.

Chase Carey, le patron de la F1, aimerait qu’il reste sur le circuit pour toujours.  » Ce ne sera évidemment pas le cas mais je pense qu’il a encore quelques défis à relever.  » Carey connaît l’importance du champion du monde pour l’image de la F1, d’autant qu’il fait aussi bonne figure sur le tapis rouge que sur les circuits. On voit mal Sebastian Vettel défiler dans un manteau rose – ce n’est d’ailleurs pas ce qu’on lui demande. Hamilton, lui, aime ça : il veut aller toujours plus loin, toujours plus vite, toujours plus haut. Pour cela, il doit être de plus en plus sauvage, de plus en plus tranchant, de plus en plus individualiste.

Il ne fait aucun doute que, quoi qu’il arrive, 2020 sera son année.  » Cette année, plus que jamais, je vais être une machine « , promet-il. Et on a tendance à le croire.

Par Elmar Brümmer

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