MARQUÉ À VIE PAR LA TERRIBLE INSULTE DE SON PÈRE

 » Tu seras perdante, salope !  » Explications.

On ne doit même pas forcer pour amener Ludovic Butelle sur le sujet de son enfance compliquée, de son contexte familial à chialer. Dès qu’on cite son père, il se lâche.

Tu as grandi sans lui, tu as quels souvenirs de lui ?

Quelques vagues souvenirs. J’en ai un, surtout, qui m’a marqué pour la vie. Ça se passe le jour où il quitte définitivement la maison, j’ai sept ans. Ma mère a appris qu’il avait une maîtresse, et quand il rentre, elle le met dehors. Alors, il lui lance : -Tu seras perdante, salope ! C’est un truc que je ne pourrai jamais oublier. Tout le reste, tout ce que j’ai vécu avec lui avant l’âge de sept ans, je n’en ai presque rien retenu. Comme si j’avais effacé, inconsciemment. Après ça, ma mère a refait sa vie avec quelqu’un de très bien.

Tu n’as pas essayé de garder le contact avec ton père ?

Au début, oui. Il était chauffeur de bus à Reims, sa ligne passait dans notre rue, il y avait un arrêt devant la maison. Comme enfant de chauffeur, j’avais un abonnement gratuit. Pour continuer à le voir, je prenais son bus, j’allais d’un terminus à l’autre, ça me permettait de le voir, on discutait un peu pendant qu’il conduisait. Juste quelques mots. Ça a duré quelques mois. Il habitait avec sa nouvelle femme à cinq minutes à pied de chez moi, je passais à pied devant sa maison en espérant l’apercevoir. Puis, sans prévenir, il a changé d’adresse. Et changé de ligne de bus. Sur le nouvel abonnement gratuit que j’ai reçu, il avait barré son adresse, impossible de déchiffrer. Je continuais à prendre le bus, et chaque fois que je voyais un contrôleur, je lui disais : -Je suis Ludovic Butelle, le fils de Jean-Luc Butelle. Demandez-lui de m’appeler, s’il vous plaît. Il ne l’a jamais fait. Jusqu’au jour où je me suis retrouvé en Ligue 1 avec Metz. Je l’entends encore : -C’est Papa, tu vas bien ? Oui, c’est ton père. Dis, ton petit frère aimerait bien avoir ton maillot, c’est possible ? J’ai envoyé directement un maillot, pour le gamin qu’il avait eu avec sa nouvelle femme. Deux jours plus tard, mon père me rappelle : -Dis, maintenant tu gagnes beaucoup d’argent. Pour moi, tu sais, c’est compliqué… J’ai compris où il voulait en venir, j’ai mis fin à la discussion.

Tu ne l’as plus jamais vu ?

Une fois. Je venais jouer à Reims avec Arles-Avignon et j’ai demandé à mon club pour rester sur place après notre match, pour pouvoir aller sur la tombe de ma mère. En quittant le stade, je me suis retrouvé face à lui. Et derrière lui, il y avait l’homme avec lequel ma mère avait refait sa vie. Avec lui, j’ai gardé de très bons contacts. Mon père voulait qu’on fasse une photo ensemble. Je n’avais qu’une envie : le frapper. J’ai décidé d’être intelligent, je n’ai pas voulu faire un scandale en public, j’ai fait la photo puis je suis directement parti avec mon beau-père. Comment mon père osait revenir vers moi ? Il n’était même pas venu à l’enterrement de ma mère. Pas un message, rien. Cette rencontre remonte à quatre ou cinq ans. Depuis lors, il n’y a plus eu aucun contact.

Il est toujours en vie ?

Peut-être. Je ne sais même pas.

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