Malaga ? Malabar !

Bernard Jeunejean

Toutes les chaînes de télé s’y adonnent à répétition lors de leurs émissions/magazines : pas moyen d’échapper au top5 ou top10 des plus beaux buts de la semaine, du mois, de l’année… Et ça me plaît : qui n’aime pas les bêtes n’aime pas les gens, et qui n’aime pas les buts n’aime pas le foot ! Mais bémol : les frappes à distance sont trop présentes dans ces top-buts, trop majoritaires. Comme si la beauté n’existait que lorsqu’on trouve une lucarne d’au-delà des 20m, comme si la beauté résultait le plus souvent d’un exploit technique individuel ! Les actions collectives élaborées y mériteraient meilleure place, même quand le geste final et victorieux n’est pas spectaculaire en soi.

Et si je pense cela, c’est précisément pour introduire ici mon exception : en fin de saison, dans le top-buts de mon p’tit c£ur, il y aura à coup sûr la demi-volée à distance d’ Eliseu contre Anderlecht ! J’en ignore le kilométrage horaire, mais Dieu, qu’elle fut sèche ! Pas lourde, pas flottante, mais sèche, archi-sèche, et même archi-plus-sèche que les chaussettes de l’archiduchesse ! Bien plus qu’une frappe, et même qu’un obus, qu’une valda, qu’un missile, qu’une prune, qu’un boulet, qu’une patate ! Même dire exocet de chez exocet, c’est trop faible,… faudrait inventer un nouveau mot de chez nouveau mot ! Je place ce but d’Eliseu dans mon top absolu des top-frappes à distance : si Anthony Vanden Borre arrive à se caser au Brésil, qu’il la fasse admirer à Rivelino ! Et le prochain footeux qui passera l’arme à gauche (je ne te le souhaite pas, lecteur !), qu’il aille la montrer à Ludo Coeck au Panthéon des frappeurs gauchers !

A Anderlecht, il y avait déjà un Elizeu (avec z) dans les annales : et ce n’était pas un grand souvenir, ce Brésilien ne s’est pas imposé au début des seventies. Il y a donc maintenant un Eliseu (avec s) dans les… disons les mauvais souvenirs, loin de moi les jeux de mots scabreux ! Il s’en est pourtant fallu de peu qu’on l’évite, ce frappeur portugais, dommage que Malaga n’ait pas eu davantage de problèmes financiers : en août dernier en effet, Benfica avait proposé trois millions d’euros pour faire rentrer Eliseu au bercail… Curieuse poule en tout cas : rapport à nos espoirs, Malaga est bien plus costaud et Milan pas si moribond. Heureusement pour nous qu’au Zenit, le moral est au plus bas !

Jaloux des sous donnés à Hulk et Axel Witsel, deux gars de Saint-Pétersbourg ont donc récemment joué les grévistes : d’une part Alexander Kerzhakov dont la place de prédilection est comme par hasard celle de Hulk ; d’autre part Igor Denisov, sobre demi def titulaire… menacé par Witsel, lequel aurait davantage à faire s’il ambitionnait la place de Roman Shirokov ou Konstantin Zyrianov. Toujours est-il que les Russes râlent sur le pognon de leurs équipiers étrangers : comme quoi être plein aux as n’empêche pas de se sentir entubé financièrement. Je me demande d’ailleurs ce qu’attend Witsel pour ronchonner sur le salaire de Hulk, plus de deux fois le sien. Je ne cite pas les chiffres, c’est inutile, nous sommes au-delà de ce qui garde un sens…

Kerzhakov aurait fait amende (!) honorable, Denisov s’obstine bêtement. D’abord, le fait d’être payé beaucoup plus quand tu joues un peu mieux est à la base de tout le business inflatoire des transferts. Un contrat est un contrat, tu l’as signé, tu fermes ta grande gueule : la formule à travail égal, salaire égal n’a pas cours au sein du foot pro. Et d’ailleurs pas rien qu’au sein du foot pro, ce truc date de Mathusalem ou presque… en tout cas de Jésus, rappelez-vous sa sainte parabole des Ouvriers de la onzième heure ! C’est l’histoire d’un patron vigneron qui embauche les uns pour bosser dès l’aube, puis les autres en fin de matinée. Au soir, il refile à chacun ce qui a été convenu… c’est-à-dire la même chose à tous ! Ceux qui ont bossé davantage râlent comme Denisov, mais le boss n’en a rien à cirer : c’est à ce moment qu’il leur sort la vanne célébrissime  » Les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers «  ! Cette historiette signifie, paraît-il, que la générosité de Dieu dépasse notre justice humaine. Qu’on paie une bible à Denisov !

BERNARD JEUNEJEAN

 » La demi-volée à distance d’Eliseu : Dieu, qu’elle fut sèche ! « 

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