LE VALET de Tom
Il vit dans l’ombre de Boonen. En équipe nationale comme chez Quick-Step, il sacrifie bien volontiers ses ambitions personnelles.
W ilfried Cretskens (29 ans) est repris dans la sélection de José De Cauwer pour le Mondial de Madrid. Certes, comme tout jeune, il a jadis rêvé de victoire mondiale, mais il part en Espagne accomplir ce qu’il fait durant toute la saison chez Quick-Step : rouler au service de Tom Boonen. Cretskens accomplit sa tâche de bon c£ur. Il va même au-delà, en prenant la défense de son leader critiqué parce qu’il émigre à Monaco et mis en doute parce qu’en pleine préparation du Mondial, il ne termine que troisième ou quatrième d’une étape du Tour d’Espagne. Cretskens : » Il ne faut pas trop attendre de lui ! Il se focalisait déjà sur le Mondial et il n’était pas entouré comme il le fallait à la Vuelta. Combien de coureurs ne rêvent-ils pas d’obtenir ce classement une fois ? Tom est harcelé. Il estime que répondre aux gens fait partie de son travail et bavarde volontiers mais il y a des limites. A la centième demande, il en a marre… et on le lui reproche encore « .
Cretskens sait qu’on ne retient d’un coureur que son palmarès et que le sien ne sera guère étoffé quand il raccrochera son vélo, dans quelques années. » Quand j’étais amateur, j’ai gagné des sprints massifs, mais une fois devenu professionnel, j’ai senti qu’il me manquait un petit quelque chose, que je ne serais jamais un grand coureur. Alors, puisque mon équipe recèle un grand talent qui a 99 % de chances de s’imposer quand on le place bien, je n’éprouve aucune peine à rouler pour lui. Je m’efface bien volontiers devant Tom, qui est un chouette gars, simple et convivial. Je sais qu’il m’apprécie, qu’il est reconnaissant des efforts que j’accomplis pour lui et cela me suffit « .
Kevin Hulsmans, un autre équipier de Boonen, n’est pas repris pour Madrid car blessé. Comme lui, Cretskens est limbourgeois. Ensemble, ils abattent un énorme travail dans l’ombre afin de préparer les sprints de Boonen. En Espagne, le duo sera donc dissocié mais consciencieux, Cretskens a mis à profit la Vuelta pour reconnaître le parcours madrilène, qui se déroule dans la capitale et ses alentours : » On raconte que le parcours est taillé sur mesure pour les sprinters mais il n’est pas facile du tout. Ce ne sont que montées et descentes. On n’aura pas forcément un grand sprint d’arrivée « .
Les équipes nationales, c’est un peu dépassé…
Courir pour Boonen est évident mais que fera Cretskens si Paolo Bettini, un autre coéquipier, s’échappe ? Franc, Wilfried laisse entrevoir une solide personnalité en répondant (décidément, il est bien plus qu’un simple valet tapi dans l’ombre…) : » Le Championnat du Monde est désuet, dans sa formule actuelle. Il n’est plus en phase avec la réalité. Un coureur n’oublie jamais qui le paie, même dans le feu de l’action. Il est important pour une équipe d’aligner un champion du monde. Le sponsor se fiche de sa nationalité. Cela dit, les Italiens sont nos principaux concurrents mais il ne faudrait pas perdre de vue Robbie McEwen. L’Australie a formé une solide équipe autour de lui et il est en pleine forme « .
Boonen et ses adjoints ont déjà réussi leur saison : le champion a gagné le Tour des Flandres, Paris-Roubaix, deux étapes du Tour, deux de Paris-Nice et le Tour de Belgique. Cette saison a été longue et intense, alors que d’autres coureurs se sont fixé des objectifs plus ponctuels : » N’oubliez pas les autres courses. Nous n’avons pas couru que les épreuves du Pro Tour. Pour les cyclistes belges, d’autres épreuves, comme le GP de l’E3, sont importantes. Elles ne sont pas aussi éprouvantes que Paris-Roubaix mais elles s’intercalent dans un calendrier déjà chargé. AlessandroPetacchi voulait être en forme pour Milan-Sanremo et le Mondial. Tom visait les classiques et le Tour, estimant que le Mondial serait bienvenu sans être un must. S’il n’est pas champion du monde, il ne faudra pas dévaloriser sa saison ! Pourtant, dans ce cas, on écrira partout qu’il a échoué… Il a besoin de vacances, c’est clair. Cependant, je connais Tom. Quand il dit qu’il sera prêt, il le sera ou, dans le pire des cas, il n’en sera pas loin. Il est vraiment fort, physiquement et mentalement. Il fallait l’être pour travailler sereinement à la Vuelta malgré les attentes du public et de la presse. Je pars à Madrid en toute confiance : Tom y sera super. Il sera aussi très bien encadré. Un garçon comme Marc Wauters sait exactement ce qu’il faut faire au bon moment. Il prend toujours les bonnes décisions. Il est de ces hommes auxquels on obéit sans se poser de questions. Rabobank étant privé d’ OscarFreire, il n’aura pas de problème de conscience « …
Jef Van Baelen
» JE CROIS EN TOM. S’il dit qu’il sera prêt pour le Mondial de Madrid, il le sera »
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