LE FILS DE LA PRAIRIE
A l’aube de sa dernière saison, on découvre les racines limbourgeoises du multi champion du monde (9 titres).
Juste derrière le canal de Neeroeteren, une prairie. Stefan Everts l’évoque souvent. La jeunesse du champion peut se résumer ainsi : il parcourait le monde avec son père Harry Everts, lui-même multiple champion du monde de motocross et passait le reste du temps dans cette prairie, à disputer des GP imaginaires.
» Il demandait à tous les organisateurs des poteaux et des rubans pour jalonner son parcours « , se souvient Harry. » Stefan a eu sa première moto à quatre ans. Il me harcelait. La première fois, il a foncé droit sur un mur. Il a pris peur et la moto est restée dans la cave pendant six mois « . La passion a ensuite pris le dessus et, pas encore à l’école primaire, il eut l’idée d’ouvrir son parcours à tous les gosses de Neeroeteren (la plupart plus âgés) pour une course de BMX qu’il a gagnée. Plus tard, il répéta sans fin ses compétitions, qui mettaient le voisinage sens dessus dessous. Elles n’ont pas provoqué d’accident grave mais ont parfois été dangereuses. Stefan relevait tous les défis, il essayait les trucs les plus dingues et le pire, c’est qu’il réussissait. Les tremplins étaient tout trouvés : table ping-pong ou simple planche posée contre un monticule et le tour était joué.
A 15 ans, les BMX ont ensuite fait place aux petites motos. Parmi ses quatre ou cinq copains attitrés, Valentijn Teeuwissen, son cousin, fils du champion Jef. Ils roulaient tous les jours, en Honda Camino, un engin qui n’est pas conçu pour le tout-terrain ni pour la course ou les sauts. Stefan accordait à ses camarades un tour d’avance et tentait alors de les rattraper le plus vite possible. Le parcours existe toujours. Le champion y effectue encore quelques tours, de temps à autre. A vélo ou avec une moto plus légère que sa Yamaha.
Dans le sang
A 16 ans, Stefan passait déjà à la télévision. Harry : » La presse avait eu vent de sa première course et l’avait annoncée en grand. 500 personnes sont venues voir ce qu’allait faire le fils de Harry. Stefan en tremblait et il n’a évidemment pas fait ses preuves. Le soir, il a juré que ça ne se reproduirait plus. La semaine suivante, il a gagné avec une large avance. Ses premiers mots ont été : – Dorénavant, je gagnerai tout. C’était un jeu. D’autres tapent dans un ballon, Stefan avait une moto. Je le laissais jouer sans imaginer qu’il ferait carrière. Je le laissais rouler sur mes parcours de GP, après mon entraînement. En Italie, quelques connaisseurs l’avaient vu et avaient prédit qu’il réussirait « .
Au début de la carrière de Stefan, Harry a été son mécanicien et son conseiller. Il était toujours très dur : » J’ai entraîné beaucoup de jeunes mais aucun n’était animé de la même flamme. Je ne dirai cependant pas qu’il est le meilleur. Ce n’est pas notre genre. D’ailleurs, c’est pour ça que Stefan ne roule jamais avec le numéro un…
Stefan a-t-il préparé différemment sa dernière saison ? » Oui. Il vieillit et cela devient plus dur « . Mais il n’a jamais aussi bien roulé. » La Yamaha qu’il a reçue cette année lui convient parfaitement. Elle est faite pour lui « , confirme son père.
Dernière saison à seulement 33 ans ? Son père : » Dans notre sport, notre carrière s’achève quand nous commençons à réfléchir. Pourquoi est-ce que je fais ça ? Pourquoi prendre de tels risques chaque semaine ? Un jeune ne connaît pas le sens du mot danger. Je serai heureux s’il est en bonne santé quand il raccrochera. C’est mon fils. Ce n’est pas parce qu’il a été champion du monde à neuf reprises que je n’ai pas peur pour lui. Stefan ne réalise pas encore à quel point le motocross va lui manquer. Il affirme vouloir travailler avec les jeunes mais il devrait former sa propre équipe et tenter d’en faire la meilleure du monde. Il a besoin de lutter pour la première place, bien plus qu’il ne le pense « .
JEF VAN BAELEN
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