La couleur de l’ espoir
Lanterne rouge surprenante, le Cercle a encaissé quatre buts dans le derby mais ne désespère pas. Pendant quatre jours, nous lui avons rendu visite.
Jeudi
Les malheurs du Cercle ne sont pas dus à son terrain d’entraînement. Il dispose d’une excellente pelouse, de la taille de deux terrains. Les mains dans le dos, plongé dans ses pensées, Bob Peeters traverse le terrain pendant que ses troupes s’échauffent. Avant le derby, il n’y aura pas d’interviews de joueurs et les contacts avec le staff se résumeront à une conférence de presse, vendredi, avec le seul entraîneur principal. Toutefois, cela pose problème à une radio locale et finalement, Lorenzo Staelens, l’adjoint, se présente à la presse : il affirme que le Cercle ne manque pas de qualités, qu’il va se battre mais quelle que soit l’issue du derby, un seul match ne peut le redresser.
» Peut-être mais il serait temps de commencer ! » Quelques pensionnés qui suivent régulièrement les entraînements se tracassent. L’ambiance est bonne mais l’équipe est nettement moins efficace qu’il y a un an, concluent-ils. » Neto, Reis et Vetokele sont partis, le transfert de Wils, Smolders et Uchebo n’a encore rien apporté tandis que de vieux serviteurs comme Vidarsson et Iachtchouk traversent une période difficile. L’entraîneur le savait ! Il a prévenu dès la préparation, que le début de saison serait difficile et il a pris l’exemple de Westerlo, un peu trop souvent. »
» Nous n’allons quand même pas descendre ? ! «
» Nous avons la bonne couleur : celle de l’espoir. «
Pendant ce temps, l’équipe joue à cinq contre cinq et les ballons circulent dans tous les sens. L’adjoint Ronny Desmedt se tourne vers nous : » Ce n’est pas une équipe accablée, hein ? »
Vendredi
La gifle reçue par les voisins à Bordeaux réjouit quelques spectateurs durant l’entraînement matinal. L’un d’eux affirme avoir sorti une bouteille de Bordeaux de sa cave. Jamais il n’a autant apprécié ce cru.
Le Cercle utilise des ballons Select mais en prévision du derby, il s’entraîne avec des Puma. Quand un de ces ballons sort et est renvoyé par un spectateur, un autre lui demande s’il n’aurait pas mieux fait d’enfiler des gants avant de toucher un ballon du Club. » Non mais je vais aller me laver les mains. » Sur le terrain, Bob Peeters se mêle à un exercice, de tout son c£ur, tacle y compris. Toujours cette grinta ! De retour vers les vestiaires, nous rappelons à Arnar Vidarsson qu’il nous avait assuré, après la défaite à Louvain, que deux mois plus tard, nous devrions lui donner raison et que la situation du Cercle était moins critique que ne le pensait la presse. » Combien de temps me reste-il ? « , s’enquiert-il. Cinq semaines. Sven Jaecques, le conseiller technique, ouvre la fenêtre du secrétariat et fait remarquer que les joueurs ne peuvent pas parler aux journalistes. » C’est un supporter « , rétorque Vidarsson.
Jaecques signale que l’équipe s’entraîne bien et que l’ambiance reste bonne. » Nous avons un groupe brave, trop peut-être. Notre principal problème, c’est que notre travail n’est pas récompensé. Les belles choses que je vois en semaine disparaissent dès que l’équipe monte sur le terrain le week-end. C’est surtout un problème mental. «
Le psychologue Johan Desmadryl a manifestement canalisé les pensées du groupe, à en juger par les discours de l’entraîneur et du managing director : il faut se fixer sur le processus qui conduit au résultat et non sur celui-ci.
Cela donne ceci dans la bouche de Jaecques : » Nous cherchons des solutions, nous serrons les rangs et travaillons d’arrache-pied pour retrouver un football de qualité. Des passes courtes, de l’audace, des actions, des attaques. Le reste suivra. «
Peeters enchaîne : » Il n’y a qu’une issue : penser en termes positifs, tenter de développer un football offensif, retrouver confiance, prendre des initiatives. Pas à pas et les résultats suivront. Le derby de dimanche est l’occasion idéale car tout le monde pense que nous allons perdre. «
Yvan Vandamme, CEO du Cercle : » Il n’y a aucune raison de douter ni de changer quoi que ce soit. La seule chose qui compte, c’est notre classement au terme du championnat régulier, soit dans six mois. Maintenant, notre objectif est d’améliorer la qualité de notre jeu. »
Samedi
Le Cercle vit une saison faite d’épreuves, comme on s’en rend compte l’après-midi, durant l’ultime séance avant le derby. En plein sprint, Mertens s’effondre en se tenant les ischio-jambiers, déjà blessés dans le passé. Ses coéquipiers l’entourent, on appelle le kinésithérapeute et préparateur physique, Wim Langenbick. Quelques minutes plus tard, le numéro cinq quitte le terrain, prématurément. Tête baissée, il commente : » C’est sans doute une déchirure, au même endroit. »
C’est un nouveau coup dur. Mertens est le défenseur le plus rapide du Cercle et dans une ligne plutôt lente, il est le seul qui puisse rattraper un adversaire échappé. Sa présence permet au Cercle de jouer un peu plus loin de son propre but. Le Cercle attendait avec impatience son retour de blessure et de suspension. Il devra encore patienter quelques semaines.
Bakenga a précédé Mertens au vestiaire : vendredi soir, il a joué une heure avec les Espoirs contre Malines et s’est contenté d’un décrassage. Même si le comité national paritaire a rappelé les deux clubs à l’ordre, pour la mise à disposition des joueurs, Bakenga ne jouera pas contre le Club. Les séances de tirs au but, avec des assists de Bob Peeters et sans adversaire, sont encourageantes : la plupart des ballons de Iachtchouk, D’Haene, Van Eenoo, Uchebo et Rudy sont bien placés et tendus.
Ensuite, le Cercle se met au vert. » Parce que le match débute à 14h30 « , a expliqué Bob Peeters. » Les joueurs doivent se lever à l’heure pour pouvoir prendre deux repas : un petit-déjeuner et un dîner à 11h30. Nous ne pouvons prendre le risque que certains sautent un repas car ils auront besoin de toutes leurs forces. «
Dimanche
Le derby a commencé depuis un peu plus d’une minute quand un tir détourné d’ Odjidja trouve Lestienne seul devant le but : 1-0. Ensuite, le Cercle démontre quand même qu’il sait jouer au ballon. Iachtchouk, D’Haene et Uchebo se créent des occasions et forcent un coup de réparation. Mais actuellement, le Cercle n’est même pas capable de convertir un penalty : Jorgacevic intercepte le tir de Iachtchouk. Ensuite, Coppens repousse un long tir de Jorgensen sur le poteau et le ballon rebondit dans les pieds de Bacca : c’est 2-0. En seconde période, le Cercle préfère Rudy à Uchebo, en quête du but de l’espoir, mais à peine le jeu a-t-il repris que Vidarsson envoie par malheur Lestienne vers Coppens : 3-0. Lestienne inscrit un quatrième but, le Cercle n’étant pas assez ferme dans son propre rectangle.
Les chiffres sont encore plus crus : un point sur 24, six buts pour, 21 contre, pas une seule victoire en huit joutes mais sept défaites de rang, pas un seul but en quatre matches d’affilée, la dernière place au classement, avec cinq points de retard sur l’avant-dernier et six sur le 14e. Les points positifs ? Le Cercle a mieux joué, il s’est créé plus d’occasions que les semaines précédentes et Carvalho a été assez bon au c£ur de la défense. En revanche, le Cercle n’a pas été efficace devant le but adverse. Devant les caméras de Telenet, Bob Peeters a quand même gardé le sourire et le moral. » Cela ne peut pas durer. On ne peut pas continuer à perdre quand on développe un tel football et qu’on se crée des occasions pareilles. Je pense que nous avons touché le fond, essuyé tous les contrecoups possibles et que nous ne pouvons que remonter à la surface. »
Samedi soir, lors de la neuvième journée, le Cercle reçoit le Sporting Charleroi, le numéro 14 du classement. L’occasion de gagner trois points. Ou de s’enfoncer encore un peu plus.
CHRISTIAN VANDENABEELE
» Il n’y a aucune raison de changer quoi que ce soit. La seule chose qui compte, c’est notre classement dans six mois. » (Yvan Van Damme, CEO)
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