Isaac Kimeli, à grandes enjambées
Il fait partie de cette délégation d’athlétisme sur qui la Belgique fonde tant d’espoirs. Spécialiste du demi-fond et du fond, Isaac Kimeli entend bien jouer sa carte à fond pour sa première participation aux Jeux Olympiques.
Mars 2021, aux championnats d’Europe indoor de Torun, Isaac Kimeli s’élance en finale du 3.000 mètres. Bien frais après s’être fait discret durant les séries, il reste d’abord dans le peloton avant de remonter ses concurrents, un à un. Solide, sûr de sa force, il profite de sa pointe de vitesse pour aller chercher la deuxième place dans la dernière ligne droite derrière Jakob Ingebrigtsen. À 27 ans, le Belge d’origine kényane remporte sa première médaille dans un grand championnat sur piste senior.
Fort de cette splendide performance, Kimeli est rapidement reparti à l’entraînement pour préparer les Jeux Olympiques. Dans la forme de sa vie, il n’a pas lésiné sur le travail afin d’être performant dès sa première participation.
Les kilomètres à pied, ça use
Avec plus de 140 kilomètres hebdomadaires au compteur, le fondeur ne compte pas ses efforts pour atteindre ses objectifs. Sur le route ou la piste douze fois par semaine, il sait que les performances passent par le travail. « Généralement, je fais une longue sortie le matin à un rythme assez soutenu, autour des 3’30 » par kilomètre, et en fin d’après-midi, je cours une plus courte distance, une douzaine de kilomètres, à un rythme un peu plus lent », explique-t-il. Ajoutez à cela deux séances de musculation accompagnées d’un peu de Cross Trainer pour délier les jambes et vous obtenez un corps qui est une véritable Formule 1.
Lorsqu’il participait aussi au 1.500 mètres, Isaac Kimeli travaillait également sa pointe de vitesse, bien nécessaire sur cette distance. « Mais maintenant que je cours le 5.000m et le 10.000m, je ne fais plus que travailler ma condition. La pointe de vitesse est moins importante et j’en ai déjà une bonne au vu de mon passé sur les plus courtes distances », précise le Belge.
Ce schéma d’entraînement, très régulier et demandeur, change à l’approche des compétitions. « J’ai d’abord deux semaines plus intenses avec davantage de kilomètres à parcourir lors de mes entraînements puis une semaine calme juste avant la course. On pousse le corps pour qu’il soit prêt et puis on le laisse se régénérer avant le grand moment », indique-t-il. Habitué à concourir dans de nombreuses compétitions, le vice-champion d’Europe connaît ce schéma par coeur, et son corps aussi, ce qui lui permet de ne plus rien laisser au hasard avant une grande compétition, comme à Tokyo.
Premiers JO
Avant de filer vers Tokyo, Isaac Kimeli est d’abord passé par Saint-Moritz pour un stage de préparation. Qualifié pour le 5.000 mètres et le 10.000 mètres, il participera aux deux courses, même si la première reste sa spécialité. Son ticket pour le 10.000m a d’ailleurs été une grosse surprise pour le Belge. « Après Torun, j’avais pris une semaine de repos. Mon entraîneur a alors évoqué la possibilité de faire un 10.000 à Stockholm. J’ai d’abord fait le 5.000 et cela s’était très bien déroulé. Ça m’a donné beaucoup de confiance et j’ai tenté le coup. Faire 27’22 », je ne m’en pensais pas capable, j’avais vraiment de très bonnes jambes », analyse le fondeur.
Au vu de ses récentes performances, Kimeli se rend au Japon avec des objectifs élevés, surtout sur 5.000 mètres. « La première étape sera d’atteindre la finale, donc dans les quinze meilleurs, puis de tout donner. Je pars avec un top huit en tête. Et peut-être que tout le monde va se regarder et que je pourrai sprinter pour une médaille, personne ne sait », dit le Belge, avec un sourire non dissimulé. Avec des concurrents comme Jakob Ingebrigtsen, Joshua Cheptegei ou Telahun Bekele, monter sur la boîte semble compliqué, mais pas impossible.
Car deux éléments pourraient modifier l’issue de la course. D’une part, les conditions météorologiques dans la capitale nippone seront extrêmes. Contrairement aux mondiaux de Doha, l’air conditionné n’a pas été installé dans le stade, la chaleur et l’humidité seront donc omniprésentes. « Je me suis entraîné dans des conditions similaires pour tester cette sensation et je vais aller à Tokyo bien en amont de mes courses pour m’habituer à cela et au décalage horaire », souligne Isaac Kimeli.
La tactique de course pourrait également tout changé. Dans les grands championnats, aucun lièvre n’est prévu et les adversaires doivent imprimer eux-mêmes le rythme. Parfois lent, parfois rapide, celui-ci diffère souvent selon les forces en présence et la tactique décidée par chacun. « Avant la course, on regarde mes adversaires avec mon entraîneur, Tim Moriau, et on décide de notre tactique. Mais cela peut évidemment changer. De toute façon, quand je suis en forme, la physionomie de course m’importe peu. Je peux tenir à un rythme élevé ou accélérer à l’approche de la ligne d’arrivée », assure le Belge.
Plus loin, plus vite, plus fort
Au retour de Tokyo, Isaac Kimeli s’octroiera un repos bien nécessaire en vue de l’année prochaine. En 2022, les objectifs seront nombreux avec des championnats du monde en salle (à Belgrade) et en plein air (à Eugene, aux Etats-Unis) avant les championnats d’Europe plein air (à Munich). Un menu copieux qui donne une furieuse envie au Belge d’aller récolter des médailles. « Je vais aussi concourir de plus en plus sur 10.000 mètres », précise le fondeur. « Je sens que j’ai de belles possibilités sur cette distance et j’arrive à l’âge où je serai le plus performant ».
Au moment d’évoquer la possibilité d’augmenter encore la distance et de disputer des marathons, Kimeli montre un enthousiasme mesuré. « J’aimerai bien essayer au moins une fois. Mais cela demande encore plus de kilomètres aux entraînements et c’est plus risqué pour les blessures. Je n’ai encore jamais fait plus de 26 kilomètres d’un coup. Et encore, c’est parce que je m’étais perdu dans les bois. Mais rien n’est impossible », confirme-t-il.
Avec la forme qu’il tient actuellement, cela semble se confirmer, rien n’est impossible. À commencer par les Jeux Olympiques où il espère bien faire parler de lui et porter haut les couleurs de son pays.
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