FAVELART
Avant, il jouait. Désormais, il détermine. La nouvelle star brésilienne allie touche de balle magique et vitesse supersonique.
C’est Pelé en personne qui a découvert la nouvelle perle brésilienne, Robson de Souza, alias Robinho En 1997, o Rey était responsable de la formation des jeunes dans son club d’origine, Santos. Son attention a été attirée par les rapports euphoriques concernant un prodige de 13 ans qui faisait tourner ses adversaires en bourriques. Il a assisté à un match et l’a transféré, racontant à qui voulait l’entendre que le Brésil avait un nouvel avant magique.
Le wonderboy n’était pas encore lancé pour autant. Il passait plus de temps qu’il le souhaitait sur le banc des équipes d’âge de Santos. Trop maigre, Robinho digérait mal les entraînements. Ce n’était pas étonnant, puisque ce fils de plombier se nourrissait de riz et d’£ufs. Tout a changé quand Santos a contraint le gamin à résider au centre de jeunes de Vila Belmiro. Il a rapidement rejoint l’équipe fanion et offert à Santos son premier titre national depuis des années.
Les supporters étaient fous de leur star, qui se jouait de ses adversaires avec une aisance offensante. Le mouvement préféré de Robinho est la pedalada : il caresse le ballon du pied pour lui imprimer une direction imprévisible. Le Brésilien possède un flair et un bagage technique qu’aucun entraîneur n’aurait pu lui transmettre. Les solutions qu’il imagine semblent toujours aller de soi mais elles se produisent à une vitesse phénoménale.
Quand Robinho démarrait ballon au pied, les défenseurs du championnat brésilien savaient qu’il était trop tard. Mais au début, il n’avait pas le sens du but. Son indécision a même coûté au Brésil sa qualification pour les Jeux Olympiques 2004, selon certains observateurs. L’avant a travaillé sa finition et la saison passée, il a marqué 21 buts en 37 matches de championnat.
Le kidnapping de sa mère
La star fait partie des 40 % des Brésiliens qui vivent dans la pire des misères. C’est dans ces favelas que naît le rêve d’une carrière en football. Pour des millions de Brésiliens, c’est le seul moyen de sortir de la pauvreté. Robinho est né dans un des quartiers les plus défavorisés de São Vicente, une bourgade au sud de São Paolo.
» Notre gamin doit devenir footballeur. Il va sauver la famille « , racontait sa mère, Marina Lima de Souza, à ses voisins. A douze ans, Marina avait été adoptée, ses parents ne pouvant plus subvenir à ses besoins. Robinho a fait la connaissance de ses grands-parents biologiques, il y a deux ans seulement. Jusqu’alors, ceux-ci ne savaient même pas qu’il existait…
En novembre dernier, sa mère a été kidnappée. Elle donnait un barbecue à la Praila Grande de São Paolo quand deux hommes armés ont pénétré dans le jardin et l’ont enlevée. Après 41 jours d’angoisse et le versement d’une somme importante, elle a été libérée. Pour rappel, le père de Romario avait été enlevé en 1994. A cette époque, le buteur, qui évoluait à Barcelone, avait menacé de ne plus jamais se produire pour l’équipe nationale, dans une intervention télévisée. Le pays était dans tous ses états et le père a finalement été libéré sans rançon.
Les enlèvements sont devenus monnaie courante dans ce pays d’Amérique du Sud, au point que la police ne parvient même plus à tenir ses statistiques à jour. Mais Robinho a été marqué par cet enlèvement. Il a perdu ce côté jouette : » C’est le pire événement qui se soit produit dans ma vie. Je ne veux plus en parler « .
Il veut quitter le Brésil dans les plus brefs délais. Santos fait tout pour tenter de conserver son prodige et lui propose même un salaire mensuel de 320.000 euros, faramineux selon les normes brésiliennes, mais Robinho veut rejoindre le Real Madrid, où il retrouvera un de ses anciens mentors, Wanderley Luxemburgo. » L’Europe est un passage obligé pour devenir un grand joueur « , martèle Robinho, résolu. Le Real débourse 27,7 millions d’euros pour son nouveau numéro dix. Et puis, il y a le Brésil et le Mondial avec aussi Ronaldinho, Ronaldo, Adriano et Kaká en attaque. Quelle armada.
JEF VAN BAELEN
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