Bernard Jeunejean

Crotte de bique en Crète ?

Quelle qu’en soit la date, après chaque match de préparation qui n’a pas été franc succès, c’est la même rengaine, et pas qu’avec nos Diables : le moment était mal choisi, les joueurs étaient fatigués ou focalisés par leur club sur de plus importants challenges, et crotte de bique, « on n’a rien appris » !

Par Bernard JEUNEJEAN

Que ceux qui le pensent cessent de regarder, voire militent pour que soient officiellement prohibés tous les matches amicaux d’équipes nationales : pourquoi pas, ça allégerait le calendrier en même temps que ça instillerait un piment alternatif, novateur, lors des compétitions inter-nations !

Ceci dit, un match sans enjeu où les supporters pestent et s’ennuient ne sera jamais un match sans enseignement pour le sélectionneur concerné. Quand tu coaches avec passion, un match qui ne t’apprend rien sur tes joueurs, ça n’existe pas : même si tu les connais de longue date, même s’ils jouent tous comme des bites, surtout s’ils jouent comme des bites ! Georges Leekens n’échappe ni à la règle, ni à la passion. Bien sûr qu’il ne va pas dire : « Ce fut morne et nul de chez nul ». Long Couteau se le mettrait lui-même sous la gorge : mieux vaut positiver, fût-ce à coups de langue de bois ! Mais quoi qu’il raconte aux médias après cette promenade à Héraklion, Leekens a forcément ajouté là-bas quelques pièces à son puzzle. Puisse-t-il être terminé pour le 7 septembre à Cardiff.

Dans son for très intérieur et pas si petit que ça, le coach a-t-il, comme notre presse, stigmatisé Nicolas Lombaerts, plaint Romelu Lukaku, ou pensé blanc et noir au sujet de Steven Defour ? J’ignore si Lombaerts est le moins latéralisable de nos nombreux bons défenseurs centraux, toujours est-il qu’il a foiré à gauche : ça passe en retrait était de carnaval, mais qu’il se soit jeté à gogo dans les pattes grecques au point de finir par choper du rouge était encore plus con. Bizarre, ce gars m’a toujours paru être un modèle de rigueur et d’intelligence, c’était comme s’il s’était chopé un virus qui rend bête… Son off-day relance logiquement le plébiscite francophone pour Sébastien Pocognoli, mais faut pas oublier Jan Vertonghen ! Perso, j’avoue être fan de Jan, et je crois mordicus qu’il finira dans un top-club : je le préfère demi déf mais, s’il n’y a pas là place pour lui, mieux vaut l’avoir au back gauche que pas du tout. Et pour l’autre côté de la défense, faudrait arrêter d’être allergique à Toby Alderweireld, ce mec est un roc défensif même s’il n’est pas le Danny Alves flamand : et ma boule de cristal me dit que sa frappe à distance, de mule s’il en est, nous vaudra sous peu le bingo d’une victoire.

Selon les uns, Defour « a manqué de rythme et ne peut se départir d’une lenteur qui commence à lui coller aux pieds ». Selon les autres, Steven « a compliqué les choses pour Leekens en jouant un excellent match comme médian défensif ! » Ah le foot, où chacun a raison et où personne n’a tort,… tentons la conciliation ! Les thuriféraires ont d’abord vu Steven lorsqu’il jouait à la Defour, fourmi habile, désireux d’apport offensif même en jouant bas. Les détracteurs ont surtout épinglé un inhabituel attentisme, pourtant dû (je le jurerais) aux consignes du coach : contre nature, Steven s’est efforcé à une distribution sobre en pensant défensif continuellement… mais sera-t-il jamais un véritable taulier comme le vrai Timmy ? Ceci en notant que Defour ne fut pas seul à faire débat, puisque Marouane Fellaini « est dans une grande forme et était partout » pour certains, et « n’a pas été beaucoup plus convaincant que Defour » pour d’autres…

Reste Romelu Lukaku qui, après n’avoir eu que 16 ans, que 17 ans et que 18 ans, n’en aura que 19 dans deux mois… mais pourra-t-on enfin enlever ce « que » quand il en aura 21 en 2014 ? ! Je me le demande en comparant à… Daniel Sturridge, également attaquant, également grand (1m88), également gaucher, qui éclate seulement cette saison à Chelsea, qui est infiniment plus dynamique que Romelu balle au pied, mais qui a quatre ans de plus que lui ! Sur trois ans depuis ses débuts mauves, Lukaku sent-il qu’il a amélioré ses points faibles (vivacité dans les petits espaces, pied droit utilisé plus naturellement même s’il ne vaudra jamais le gauche, dribble en pleine course…) ou continue-t-il de miser seulement sur sa puissance ? C’est cela que j’aimerais savoir. Pas qu’il se sente revivre en ayant joué 45 minutes anonymes en Crète, ça c’est du people…

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