Michael Johnson avait fait parler de lui grâce à l’athlétisme, il semble désormais vouloir renvoyer l’ascenseur. © BELGAIMAGE

Un ancien roi du sprint, un Grand Chelem et 12 millions: le projet étonnant qui veut sauver l’athlétisme

Le Grand Slam Track s’inspire du tennis pour remettre l’athlétisme sur le devant de la scène médiatique. Ce nouveau format peut-il le révolutionner?

Michael Johnson, l’icône américaine du sprint des années 1990, n’abandonne pas l’athlétisme. Pendant des années, l’ancien recordman du monde du 200 et du 400 mètres fut analyste-commentateur à la BBC. Aujourd’hui, il fait figure d’innovateur et s’est donné une mission. Le «Grand Slam Track», une série de quatre meetings, est sa réponse à un sport qui, selon lui, disparaît trop souvent du devant de la scène lorsque se terminent les Jeux olympiques et les Championnats du monde.

Avec 30 millions de dollars levés auprès d’investisseurs tels que Winners Alliance (un fournisseur de services de licences sportives destinés aux athlètes), Johnson veut secouer l’athlétisme, faire s’affronter davantage les stars et leur faire gagner plus d’argent. «Le sport doit être plus rapide, plus excitant et plus lucratif», assène-t-il. A l’heure des réseaux sociaux, l’ancien roi du tour de piste estime que le plus important est de créer un récit autour des stars et de leurs confrontations.

Le premier meeting de son Grand Slam Track aura lieu le 4 avril à Kingston, en Jamaïque. Il s’arrêtera ensuite à Miami et à Philadelphie, avant une finale à la fin du mois de juin à Los Angeles. Le format est serré: 96 athlètes –48 «racers» réguliers et 48 «challengers»– s’affronteront deux fois en trois jours. Une formule courte, explosive et inspirée de la logique des tournois de tennis du Grand Chelem. Pas de longs meetings, mais des courses pures qui devraient captiver le monde entier. Le fait qu’il n’y ait pas d’épreuves de longue haleine comme le lancer de javelot, le saut à la perche ou le saut en longueur au programme est un manque pour les puristes, mais un choix au service de la dynamique du format.

La plus grande cagnotte

Le Grand Slam Track établit surtout une nouvelle norme sur le plan financier. Avec 12,6 millions de dollars de prix, répartis sur les quatre levées, il s’agit de la compétition la plus richement dotée de l’athlétisme. Le vainqueur perçoit 100.000 dollars par meeting, le huitième 10.000 dollars. Ceux qui remportent les quatre tournois gagnent 400.000 dollars.

Le plateau est solide, mais quelques grands noms manquent à l’appel. Sydney McLaughlin-Levrone, la reine américaine du 400 mètres haies, et Gabby Thomas, championne olympique du 200 mètres, seront les figures de proue féminines. Sur demi-fond, on retrouvera les champions du monde kenyans Emmanuel Wanyonyi et Mary Moraa sur 800 mètres. Sur 1.500 mètres, Josh Kerr, Yared Nuguse et le champion olympique Cole Hocker, entre autres, seront en lice.

Les stars européennes restent, en revanche, largement absentes. Pas de Jakob Ingebrigtsen sur 1.500 ou 5.000 mètres, ni son compatriote norvégien Karsten Warholm sur 400 mètres haies. La Néerlandaise Femke Bol reste également en Europe. Selon eux, quatre meetings supplémentaires, pour lesquels ils doivent s’envoler vers les Etats-Unis, sont un surplus de stress. Noah Lyles, le champion olympique américain du 100 mètres, ne sera pas non plus de la partie, n’ayant pas besoin du Grand Slam Track pour sa «marque». Cependant, Michael Johnson reste optimiste: «Si le format fonctionne –et il fonctionnera– ils viendront plus tard.»

Un défi pour la Diamond League

Avec son Grand Slam Track, Michael Johnson défie directement la Diamond League, la compétition de régularité qui jalonne aujourd’hui les saisons d’athlétisme, avec des rencontres essentiellement européennes, comme le Memorial Van Damme à Bruxelles. Cette dernière a d’ailleurs augmenté sa cagnotte à neuf millions de dollars, mais reste à la traîne.

Sebastian Coe, président de World Athletics, a également annoncé une contre-attaque: l’Ultimate Championship. Il devrait combler le vide entre les Mondiaux et les Jeux olympiques à partir de 2026, avec 150.000 dollars promis aux vainqueurs.

Les mois à venir montreront si le Grand Slam Track change effectivement le cours de l’athlétisme. Michael Johnson sera-t-il l’homme qui sortira le sport de sa zone de confort et séduira une nouvelle génération de fans? Ou son projet deviendra-t-il une compétition élitiste qui n’enrichira qu’une poignée d’athlètes, tout en mettant à rude épreuve la structure classique des meetings?

Une chose est sûre: avec le Grand Slam Track, l’athlétisme décide de se battre pour son avenir.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire