Absence d’alcool, préservatifs, fer de la tour Eiffel… 24 choses à savoir sur les Jeux olympiques de Paris 2024
Après Londres, Paris sera la deuxième ville à accueillir les JO d’été pour la troisième fois. Quelles sont les particularités de ces Jeux? 24 points pour faire connaissance.
1. Marie-José Pérec pour allumer le feu?
Le 16 avril, la flamme olympique a été allumée à Olympie, en Grèce, et la traditionnelle course de relais précédant les Jeux a commencé. Le 8 mai, elle s’est poursuivie sur le sol français, une fois que la flamme a amarré dans le port de Marseille. Au total, elle aura visité 400 villes réparties sur 60 étapes dans toute la France, en ce compris les territoires d’outre-mer. L’identité de la personne qui allumera la flamme lors de la cérémonie d’ouverture restera secrète jusqu’au dernier moment. Les rumeurs soufflent malgré tout le nom de Marie-José Pérec, championne olympique sur 200 et 400 mètres en 1996.
2. Parité, une première
Pour la première fois de l’histoire, un nombre égal d’hommes et de femmes participeront aux Jeux: 5.250 athlètes par genre, 10.500 au total. A titre de comparaison, à Tokyo 2021, 48% des athlètes olympiques étaient des femmes. Lors des premiers Jeux auxquels les femmes avaient été admises, à Paris en 1900, elles ne représentaient que 2,2%. Cet été, 28 des 32 sports atteindront ainsi la parité.
La répartition des médailles est également plus équilibrée avec 152 compétitions pour les femmes, 157 pour les hommes et 20 épreuves mixtes. Enfin, le Comité international olympique (CIO) a demandé à chaque comité national de choisir un athlète masculin et une athlète féminine comme porte-drapeau lors de la cérémonie d’ouverture, ainsi que d’inclure au moins un athlète des deux genres dans leur délégation.
3. Une délégation belge record
3Il n’est pas impossible que la délégation belge soit la plus importante de l’histoire olympique de l’après-guerre, avec près de 160 athlètes (selon nos informations lors du bouclage de ce guide). Le record remonte aux Jeux de Londres 1948, où 148 Belges étaient inscrits.
A Tokyo, en 2021, l’équipe belge comptait 125 athlètes, contre 104 à Rio en 2016. Pour la première fois de l’histoire, deux équipes féminines de sports collectifs traditionnels sont également présentes: les «Red Panthers» (hockey sur gazon) et les «Belgian Cats» (basket).
4. Les AIN
A cause de la guerre en Ukraine, les athlètes russes et biélorusses ne seront autorisés à participer que sous le drapeau AIN (Athlètes Individuels Neutres), qui proscrit toute référence à la Russie. Ces athlètes ne bénéficieront donc ni de drapeau, ni d’hymne national, ni même d’une mention dans le tableau des médailles, et ne pourront pas non plus participer à la cérémonie d’ouverture.
Ils doivent également remplir des conditions strictes: ne pas avoir ouvertement soutenu la guerre en Ukraine et ne pas être employés par l’armée ou les services secrets russes. Un comité du CIO a examiné tous les dossiers qui soumis par les fédérations sportives internationales. Au total, seules quelques dizaines d’athlètes neutres devraient être concernés.
5. La fin (théorique et temporaire) des guerres
Comme lors des JO de la Grèce antique, et depuis les Jeux d’hiver de 1994, une «trêve olympique» s’applique pendant la période des Jeux d’été et des Jeux paralympiques. Une pause au cours de laquelle toutes les guerres dans le monde doivent – théoriquement – s’arrêter, selon une résolution des Nations Unies qui n’a pas été signée par tous les Etats membres…
En réalité, la Russie a déjà bafoué à trois reprises cette «trêve olympique»: en 2008, elle a envahi la Géorgie; en 2014, elle a annexé la Crimée; et en 2022, elle a déclenché la guerre en Ukraine. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déjà fait savoir pour sa part que son pays ne signerait pas la résolution de l’ONU: selon lui, déposer les armes pendant quelques semaines aiderait la Russie à gagner du terrain, Vladimir Poutine ayant également déclaré que la Russie ne ratifierait pas non plus ce document.
6. Un nouveau sport et 2 absents
Des médailles seront décernées dans 329 compétitions, réparties dans 32 sports. Ce nombre inclut un nouveau sport: le breakdance. Trois autres sports «optionnels» choisis par le comité d’organisation seront les mêmes qu’à Tokyo: le surf (qui aura lieu à Teahupo’o, à Tahiti, une île de la Polynésie française située dans le Pacifique), l’escalade et le skateboard. Le karaté et le baseball/softball ne seront cette fois-ci pas de la partie, contrairement à Tokyo, qui comptait 33 disciplines au programme.
7. Du gratuit et du payant
Au total, dix millions de billets ont été vendus, dont 80% étaient destinés au grand public. La moitié d’entre eux devraient coûter moins de 50 euros, selon les promesses du comité d’organisation. Ce qui ne constitue pas un mensonge, mais quand même une trahison populaire: 50% de ces billets iront au gouvernement français. De plus, si la moitié de ces billets coûtent en moyenne moins de 50 euros, c’est en grande partie parce que le football met à disposition plusieurs dizaines de milliers de places dans les stades. Il faut donc débourser beaucoup plus pour les autres disciplines, mais d’autres seront gratuites: il ne faudra pas payer pour assister aux épreuves de cyclisme, à moins de vouloir une place à l’arrivée. Le triathlon est également gratuit, tout comme le marathon.
8. Belgium House
Comme à chaque olympiade, la «Belgium house» sera un lieu de rencontre pour les athlètes belges et leurs soutiens. Cette fois-ci, c’est la société d’événements sportifs Golazo, en collaboration avec la Loterie Nationale, qui s’en chargera. Cette maison noire-jaune-rouge sera située aux Salons Hoche, avenue Hoche, à deux pas de l’Arc de Triomphe.
Deux mille fans par jour pourront y suivre les compétitions sur grand écran, déguster des spécialités culinaires et profiter de la musique d’artistes belges. Les athlètes belges seront également présents chaque soir, avec une cérémonie spéciale pour les médaillés. Les billets pour les sessions de jour (11h00 à 17h30) sont en vente à partir de 20 euros et ceux pour les sessions de soirée (18 à 2h00) à partir de 30 euros.
9. Rendez-vous à Middelkerke
Ceux qui ne pourront pas se rendre à Paris pourront s’imprégner de l’ambiance des Jeux au Festival olympique du nouveau casino de Middelkerke. Des initiations seront même proposées par plusieurs fédérations sportives, tandis que les performances des athlètes belges seront diffusées sur grand écran. Des artistes tels que Daan, Tourist LeMC, Buscemi ou encore les DJ Louis XIV, Proudmich et Shutterz seront également à l’affiche.
Les médaillés belges rallieront aussi Middelkerke, au plus tard trois jours après la fin de la compétition. L’entrée est gratuite, sauf les trois jours où des spectacles sont prévus. Ces billets coûtent 20 euros.
10. Les bases belges
Avant de rallier Paris en Eurostar, et ce peu avant leur compétition, la plupart des athlètes belges se préparent dans un environnement familier, à la maison, dans les camps de base de l’équipe belge. Le concept a été développé par les principales organisations sportives des différentes communautés (Sport Vlaanderen, ADEPS, Ostbelgien Sport) et les fédérations sportives.
Il existe quatre bases principales: Anvers (Brasschaat, Herentals, Schilde, Hofstade, Wilrijk), Bruxelles (base du COIB), Gand (Topsporthal) et Louvain-la-Neuve (complexe sportif de Blocry, Justine Henin Tennis Academy). D’autres QG sont également prévus pour un certain nombre de disciplines, comme Courtrai pour les Belgian Cats, Heusden-Zolder pour le BMX et le cyclisme sur piste, le circuit de Spa-Francorchamps pour les cyclistes et les vététistes.
11. Dépassement de budget
Le budget exact des Jeux devrait dépasser les neuf milliards d’euros, soit environ trois milliards de plus que les premières estimations de 2017. Ces JO seront néanmoins les moins chers depuis Sydney 2000: ceux de Tokyo ont coûté douze milliards, tandis que ceux de Pékin, en 2008, avaient avoisiné les 40 milliards d’euros.
Le budget de Paris 2024 est partagé entre le comité d’organisation (COJO) et la Solideo, responsable des stades. Tous deux ont largement dépassé leur budget initial, notamment en raison d’une forte inflation. Ainsi, le montant que les contribuables français devront débourser passera de 2,44 à trois milliards d’euros. Le CIO contribuera lui-même à hauteur d’1,2 milliard, 1,4 milliard proviendra de la billetterie et 1,24 milliard des sponsors.
12. Flambée des prix hôteliers
Selon l’Office du tourisme de Paris, la «Ville Lumière» accueillera quelques quinze millions de touristes à l’occasion des Jeux (paralympiques compris). Cet afflux massif a provoqué une flambée des prix des hôtels. Selon l’association française de consommateurs UFC-Que Choisir, le coût moyen d’une nuit dans un hôtel de trois ou quatre étoiles du centre de Paris revient à près de 400 euros, soit 226% de plus que d’habitude. Et pour cela, il faut réserver au moins trois ou quatre nuits, sinon les prix des nuitées sont encore plus élevés. Même la réservation d’un petit appartement via Airbnb coûte facilement 200 à 250 euros par nuit.
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13. Pas d’alcool
D’après une loi française de 1991, il est interdit de boire de l’alcool dans les stades. Des exceptions sont toutefois autorisées, à l’instar de la Coupe du monde de rugby, organisée en France l’an dernier. Les organisateurs de Paris 2024 n’ont pas demandé cette exception.
Notons que le producteur de bière AB Inbev a signé un accord de parrainage avec le CIO pour les trois prochains JO, à commencer par ceux de Paris, ce qui lui permettra de commercialiser la bière sans alcool Corona Zero. LVMH, autre sponsor de ces Jeux, pourra vendre du champagne, l’alcool étant seulement autorisé dans les zones VIP.
14. Sécurité
Les coûts de sécurité s’élèveront à 320 millions d’euros. Au moins 45.000 policiers et 18.000 militaires se tiendront prêts à intervenir pendant toute la durée des Jeux. Pour la cérémonie d’ouverture, 10.000 policiers supplémentaires seront mobilisés. Des unités spéciales sont chargées de prévenir les attaques bactériologiques, chimiques et nucléaires, ainsi que les attaques de drones et les cyberattaques. La France sera aussi aidée par l’étranger. La Belgique met par exemple à disposition des chiens détecteurs d’explosifs et des démineurs de la SEDEE (Service d’enlèvement et de destruction d’engins explosifs).
15. Mystérieux logo
Selon les organisateurs, le logo de ces Jeux est le «visage de Paris 2024». Certains y voient une flamme, d’autres le contour d’un visage de femme paré d’or. L’or représente ainsi «la persévérance, le talent et la victoire», dit-on, puisque les athlètes partageraient une même flamme intérieure, quelles que soient leurs origines. La femme, elle, représente Marianne, la personnification de la République française. Pour la première fois, le logo est identique à celui des Jeux paralympiques, ce qui correspond au slogan de cette édition: des «Jeux grands ouverts» qui, d’après l’organisation, sont notamment synonymes d’inclusion des personnes en situation de handicap.
16. La mascotte
Les deux mascottes de Paris 2024 s’appellent «Phryges» et représentent deux bonnets phrygiens. Ces bonnets rouges, dont le sommet pointe vers l’avant et retombe légèrement, symbolisent la liberté. Au cours de la Révolution française, ce bonnet était en effet devenu un symbole de résistance. Aujourd’hui encore, Marianne, l’égérie nationale de la France, est représentée coiffée d’un bonnet phrygien. Ces mascottes de couleur rouge portent également des chaussures de sport et des sourcils aux couleurs du drapeau français.
17. Des primes, une première
Par le passé, le CIO n’a jamais récompensé financièrement les médaillés, qui recevaient uniquement des primes par l’intermédiaire de leur comité olympique national. World Athletics et l’Association internationale de boxe iront à l’encontre des souhaits du CIO et offriront pour la première fois à leurs champions olympiques respectivement 50.000 et 100.000 dollars. Sebastian Coe, le président de World Athletics, souhaite rendre son sport plus attractif financièrement et prévoit d’augmenter le montants des récompenses en 2028. Quant à la démarche de l’Association internationale de boxe, elle est plutôt l’œuvre de son président russe, Umar Kremlev, motivé par l’exclusion de l’IBA des JO par le CIO en 2023.
18. Du fer dans les médailles
Chacune des médailles olympiques contient 18 grammes de fer provenant de la Tour Eiffel. Ces pièces ont été extraites de morceaux conservés à la suite de rénovations. Au recto de la médaille, les morceaux de fer forment un hexagone, en référence à la forme géographique de la France; au verso, sont gravés la déesse de la victoire, Athéna Nikè, le stade panathénaïque et l’Acropole d’Athènes, comme le prescrit le CIO. Exceptionnellement, Paris 2024 a pu ajouter une image de la Tour Eiffel.
19. Célébration des médaillés
Tous les médaillés seront célébrés pour la première fois avec un défilé séparé, similaire à celui de la Place des médailles lors des derniers Jeux d’hiver. Dans le «Parc des Champions» des jardins du Trocadéro, en face de la Tour Eiffel, jusqu’à 15.000 spectateurs acclameront chaque soir les médaillés de la veille. Ces places sont gratuites et ne peuvent pas être réservées. Dix médailles supplémentaires seront décernées à des athlètes qui retrouvent une place sur le podium après le déclassement de concurrents dopés lors des JO de 2000, 2008 et 2012.
20. Espace détente
A Tokyo, en 2021, la gymnaste américaine Simone Biles a mis en avant la question du bien-être mental. Depuis, elle est de plus en plus présente et le CIO y accorde davantage d’attention. A Paris, le village olympique abritera une «Athlete 365 Mind Zone», un espace apaisant où les athlètes pourront se détendre, méditer et dormir. Ils pourront y recevoir des conseils pour maintenir une bonne santé mentale, notamment via la gestion des réseaux sociaux. Une ligne d’assistance téléphonique, disponible en 70 langues, sera mise en place pour les athlètes souffrant de problèmes mentaux. Un «responsable de la santé mentale» sera présent au sein de 90 délégations, dont celle de la Belgique.
21. Durabilité
Les Jeux de Paris se présentent comme les plus durables de l’histoire, en réduisant les émissions de carbone à 1,58 million de tonnes, soit 50% de moins que les moyennes de Londres 2012 et Rio 2016, et en utilisant 100% d’énergie renouvelable. Avec treize millions de repas servis, principalement à base de produits locaux. Avec des stades construits avec des matériaux et des techniques durables. Avec des épreuves qui se trouvent dans un rayon de dix kilomètres et accessibles en transports en commun ou par les centaines de kilomètres de nouvelles pistes cyclables.
Le village olympique n’est par ailleurs pas climatisé mais doté d’un système de refroidissement écologique naturel. Les nageurs et les triathlètes devraient également pouvoir faire trempette dans la Seine grâce à une opération de nettoyage massive.
22. POB
Le Belge qui occupera le poste le plus important à Paris s’appelle Pierre-Olivier Beckers. L’ex-président du Comité olympique belge (COIB) a été nommé, en 2017 par le CIO, président de la commission de coordination. «POB» est donc le principal interlocuteur entre le CIO et l’organisation. Il supervisera la préparation et l’organisation de ces Jeux. La commission de coordination produira aussi un rapport d’évaluation.
23. Un village olympique un peu belge
Le village olympique a été en grande partie pensé par l’architecte belge Anne Mie Depuydt, qui a remporté le concours d’architecture 2019 avec son cabinet UAPS. Ce site, d’une superficie de plus de 50.000 mètres carrés, est composé de douze blocs résidentiels de 21 mètres sur 21, ce qui représente environ 3.000 couchages. Il est situé à Saint-Ouen-sur-Seine, au nord de Paris, sur un ancien site industriel.
Après les Jeux, les blocs résidentiels seront transformés en 2.800 appartements, dont 25% de logements sociaux. Tous les athlètes ne dormiront pas au village olympique: le COIB a loué des hôtels pour les cyclistes, les cavaliers, les golfeurs, les rameurs, les kayakistes, les tireurs et les marins, car leur site de compétition est (très) éloigné du centre de Paris. Les Belgian Cats seront même hébergées à Courtrai jusqu’aux quarts de finale, puisqu’elles jouent exclusivement à Lille jusqu’à ce stade de la compétition.
24. 300.000 préservatifs
Depuis les Jeux de 1988, il est de tradition, afin de sensibiliser à la lutte contre le VIH et le sida, de distribuer gratuitement des préservatifs dans le village olympique. A Paris, 300.000 seront fournis, pour à peine 10.500 athlètes et quelques milliers de membres du personnel du comité olympique. Ceux-ci sont à nouveau «autorisés» à avoir des relations sexuelles dans le village olympique : à Tokyo, les restrictions liées au coronavirus l’interdisaient encore, mais 150.000 préservatifs avaient quand même été distribuées. A emporter chez soi…
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