Vanessa Springora
Dans Patronyme, Vanessa Springora dissèque les mécanismes de la transmission, le poids des silences et l’impératif de se réinventer face à l’héritage familial. © JF PAGA

Vanessa Springora: «Mon existence n’est pas réductible à ma rencontre avec Matzneff» (entretien)

Son nom est devenu un symbole, une voix qui refuse le silence et qui affronte les zones d’ombre. Après le séisme provoqué par Le Consentement, l’autrice Vanessa Springora récidive avec Patronyme, enquête littéraire et réflexion sur l’histoire, la mémoire et l’identité, qui résonnent puissamment à une époque obsédée par les origines.

Dans Patronyme, son nouvel ouvrage, intime et incisif, Vanessa Springora dissèque les mécanismes de la transmission, le poids des silences et l’impératif de se réinventer face à l’héritage familial. Loin de réduire ses personnages à leurs fautes, elle éclaire leurs zones de fragilité et dévoile les failles d’un patriarcat qui blesse autant ceux qui le subissent que ceux qui le perpétuent.

Dans cet entretien, elle évoque avec une acuité rare son cheminement personnel et littéraire, la continuité entre ses deux œuvres, et la manière dont elle conjugue la quête de vérité à l’exploration de l’intime. A travers ce dialogue, se dessine le portrait d’une écrivaine engagée, qui, loin de se laisser enfermer dans un rôle de porte-drapeau, revendique la littérature comme espace de résistance et de transmission.

Patronyme explore votre héritage familial. Pourquoi ce livre, maintenant?

En premier lieu, il y a eu le hasard, la force d’événements sans lien apparent, qui se sont entrechoqués et sont entrés en résonance. D’abord, le décès de mon père survenu tout juste quatre jours après la parution du Consentement. En tant que fille unique, j’étais obligée de vider son appartement. Je me suis alors retrouvée confrontée à un secret de famille concernant le passé de mon grand-père paternel durant la Seconde Guerre mondiale. Deux choix s’offraient à moi: faire l’autruche, continuer à refouler cette histoire familiale trouble et ne plus y penser, ou bien me lancer enfin dans une enquête sérieuse sur mes origines. Mon premier réflexe a été de mettre de côté ces révélations, et de me lancer dans un autre projet littéraire (un roman historique féministe auquel je reviendrai peut-être un jour). Mais deux ans plus tard, l’invasion de l’Ukraine par la Russie a fait dévier ma route, et le retour de la guerre en Europe m’a ramenée à tous ces documents que j’avais un peu trop vite décidé d’enfouir dans l’oubli. C’est là que je me suis lancée dans cette enquête effrénée.

Justement, après l’écho mondial de votre précédent livre, Le Consentement, cette enquête a-t-elle été une manière de vous recentrer, de retourner à une forme d’intimité?

Pour moi, il y a une cohérence évidente entre les deux livres. Ils procèdent de la même démarche. Patronyme est un prolongement du Consentement dans le sens où il poursuit une interrogation sur mon identité, sur ce qui me constitue. Mon existence n’est pas réductible à ma rencontre avec Matzneff. Il y a eu un avant cet épisode de ma vie, et cet avant, ce sont ces figures masculines qui ont structuré mon enfance et mon adolescence. Le Consentement ne m’a pas «décentrée», au contraire, il m’a permis de m’affirmer en tant qu’écrivaine. Aussi étrange que ça puisse paraître, c’était aussi un livre très intime, même s’il exposait publiquement cette intimité.

«Il y a chez moi la volonté de briser les chaînes du silence, parce que le non-dit aliène, et parfois il tue.»

Le procès des viols de Mazan montre le chemin qu’il reste à parcourir pour changer les mentalités masculines, estime l’autrice. © BELGA

Un autre fil rouge semble relier vos deux livres: les non-dits. Voyez-vous une continuité dans cette démarche de briser les silences?

Ce n’était pas une démarche consciente, quand j’ai commencé à écrire Patronyme, mais, rétrospectivement, c’est évident, il y a chez moi la volonté de briser les chaînes du silence, parce que le non-dit aliène et, parfois, tue. Mais il y a aussi le besoin de déconstruire des récits univoques et mensongers (la version flatteuse des livres de Matzneff, par exemple, comme la légende familiale qui faisait de mon grand-père un héros) en leur donnant un contre-champ personnel. Ce qui m’intéresse, c’est la façon dont se forgent les mythes originels, leur lien avec la fiction, avec la mythomanie dont était atteint mon père. A l’heure des «vérités alternatives» de Trump, de la propagande éhontée de Poutine et de la relativisation des faits objectifs et scientifiques par le discours complotiste, notre marge de manœuvre pour interroger les discours officiels est extrêmement ténue.  Mais si on ne questionne pas la véracité d’un récit manifestement tronqué, alors on commence soi-même à endosser la responsabilité du mensonge. On en devient complice. C’est un mécanisme qui me paraît très dangereux et face auquel nous devons tous rester vigilants.

Dans vos récits, les hommes apparaissent souvent comme puissants mais ambigus, parfois dangereux…

Qu’ils soient effrayants et dangereux n’en fait pas des hommes puissants, au contraire. Annie Ernaux a dit un jour, à propos du mouvement MeToo, qu’«il nous restait à changer les hommes». Cette phrase m’obsède et je pense que «changer les hommes» commence par la compréhension de leurs failles. Patronyme est une tentative d’élucidation de cette figure masculine qu’a été pour moi mon père, une figure empêchée, dévorée par la haine de soi, et de l’autre (qui sont pour moi les deux faces d’une même médaille), dont la vie n’a été qu’une succession d’échecs, professionnels, familiaux, conjugaux, affectifs. Il s’est inventé mille vies qu’il n’a jamais vécues, et a sombré dans la folie après avoir refoulé dans la douleur son homosexualité.

C’est pareil pour votre grand-père, l’objet principal de Patronyme?

Je vois mon grand-père maintenant comme un homme balloté par le cours des événements historiques, prisonnier de ses origines qui l’ont conduit à faire les mauvais choix, mais qui a tout de même réussi à sauver sa peau en changeant d’identité. Pour revenir à votre question précédente, ce qui m’intéresse, plus que leur puissance, c’est au contraire la vulnérabilité des hommes. Et la façon dont ils répercutent la violence dont ils ont été les victimes. Matzneff en tant qu’ancienne victime de pédocriminel qui reproduit le même crime; mon père qui tyrannise ses trois épouses pour faire oublier son orientation sexuelle; mon grand-père qui se laisse embrigader par le nazisme pour répondre au sentiment d’humiliation de sa communauté. Tous sont des exemples de ce que le patriarcat fait aux hommes. Chez Matzneff, comme chez mon père et mon grand-père, il y a les germes d’une forme de fascisme, en réponse à une angoisse de dévirilisation. Ce qui m’intéresse, c’est d’exhiber ce mécanisme de reproduction de la violence qui ne fait que s’autoengendrer.

A cet égard, Patronyme est-il une manière de poursuivre un combat contre l’héritage des dominations, qu’elles soient patriarcales ou familiales?

Je ressentais encore beaucoup de colère envers mon père avant de commencer à raconter son histoire. J’ai essayé de m’en débarrasser par l’écriture, précisément. Cette enquête m’a permis de mieux comprendre l’origine de sa souffrance, de toutes ses impuissances conjuguées. Quant à l’héritage des dominations, il est vrai que cette exploration intime m’a permis de réfléchir plus que jamais au poids de nos déterminismes: culturels, familiaux, sociologiques, politiques et historiques. Prendre pour point de départ la question du nom de famille (qui sous-tend le livre) est une façon de dire que tout commence par la généalogie, par nos origines, qui pèsent sur nous d’une façon le plus souvent inconsciente. Il est impératif de parvenir à se créer un espace de liberté face à ce que notre nom exige de nous, c’est-à-dire le plus souvent une loyauté aveugle. Etre un jeune Sudète qui portait un nom allemand, et pas tchèque, dans la Tchécoslovaquie de 1938, a précipité mon grand-père dans les bras des nazis.

Le poids de l’héritage familial est un thème universel. Pensez-vous que nous portons tous des traces indélébiles de notre généalogie, même lorsqu’elles sont enfouies ou refoulées?

J’en suis convaincue. Je pense même que plus les histoires sont refoulées, plus elles continuent d’agir insidieusement sur nous, et nous entraînent dans des logiques inconscientes de répétition. Sur une partition musicale, les silences s’écrivent, tout comme les notes. Dans notre imaginaire, c’est la même chose. Les secrets, les non-dits, comme chaque pan d’histoire qui disparaît avec la génération précédente, s’inscrivent quelque part en nous. Et parfois ils font des ravages. Ça a été le cas pour mon père, qui a sombré dans la mythomanie. Il y a une forme de tyrannie dans le secret. 

Bio express

1972
Naissance, à Paris.

2003
Obtient un DEA de lettres modernes à la Sorbonne.

2006
Assistante d’édition aux éditions Julliard.

2019
Directrice des éditions Julliard.

2020
Publie Le Consentement (Grasset).
Lauréate du prix Jean-Jacques Rousseau.

Springora, que représente pour vous aujourd’hui votre nom de famille?

C’est le nom que je me suis fait, et plus seulement celui dont j’ai hérité. Souvent les écrivains songent à prendre un pseudonyme. C’est une façon de se réinventer. Moi, je n’ai pas eu besoin de le faire, mon nom était déjà une invention, et aussi terrible que soit son histoire, je préfère le conserver en sachant quelle histoire il recouvre, celle de la guerre, de la gravité des choix auxquels les événements historiques nous confrontent. Ce livre aurait pu s’intituler La Modification, si Michel Butor ne l’avait pas déjà utilisé. Dans l’évolution de mon patronyme, dans cette transformation de «Springer» à «Springora» qu’a opérée mon grand-père, il y a l’épopée de sa vie d’un bout à l’autre de l’Europe, mais aussi toute l’histoire du XXe siècle, de la chute des empires au stalinisme, en passant par le nazisme, une histoire dont le monde actuel paie encore les conséquences. Et contrairement à mon grand-père, je ne tiens pas à effacer les traces de cette histoire, mais au contraire à la transmettre.

Vous parlez d’un poids, mais aussi d’une quête d’identité. Comment votre rapport à ce nom a-t-il évolué au fil des ans?

Le mystère qui entourait l’origine de mon nom de famille est le point de départ de mon enquête. D’où le titre de mon livre, Patronyme. Très jeune, je me suis rendu compte que ce nom, supposément d’origine tchèque, comme mon grand-père, n’avait aucun homonyme; personne d’autre, mis à part les membres de ma famille, ne le portait. Sa musicalité me plaisait, mais le mystère qui l’entourait me mettait mal à l’aise puisque rien ne me rattachait à ce pays d’origine caché derrière le «rideau de fer». J’ai compris plus tard qu’il s’agissait d’un nom d’emprunt, mais j’étais loin d’imaginer l’histoire qui se cachait derrière… Alors qu’on m’avait toujours présenté mon grand-père paternel comme un héros et un résistant, je suis tombée sur deux photos de lui portant les insignes nazis. Avant son arrivée en France, il appartenait en réalité à la communauté germanophone des Sudètes qui a favorisé l’annexion de la Tchécoslovaquie par les nazis. Découvrir que le nom «Springora» était une fiction m’a passionnée. Plus qu’un mensonge, c’est une réécriture, un mythe fondateur à déconstruire… mais aussi un roman à raconter.

Votre père est une figure centrale dans ce récit. Comment avez-vous abordé l’écriture sur une figure aussi intime, notamment en naviguant entre l’amour, le mystère, et parfois la douleur?

Le plus douloureux pour moi a été ce sentiment lancinant d’entrer par effraction dans sa vie, de ne pas avoir tout à fait l’autorisation de révéler ses secrets. En même temps, je considère ce livre comme un dernier hommage à cet homme que j’ai si peu et mal connu, qui a fini sa vie dans une solitude et une misère affective totales. Découvrir qu’il avait lutté toute sa vie contre son homosexualité m’a brisé le cœur. Je n’imaginais pas une telle souffrance, que le poids de ce qu’il considérait à tort comme une honte avait été aussi lourd. Quand on écrit à partir d’un matériau autobiographique, on a une responsabilité envers les personnages réels. Là, il s’agit d’un défunt, mais tout de même, j’ai dû négocier avec moi-même pour accepter de livrer son intimité. Je l’ai fait parce que ce chemin m’a permis d’abord à moi de changer de regard sur mon père. Au fil du texte, je crois que cette évolution se ressent. Je le prenais pour un salaud, cynique et indifférent, j’ai compris qu’il était psychiquement malade, et qu’il avait un sacré poids sur les épaules. C’est ce qui m’a permis d’aller vers le pardon. D’un point de vue intime, cette enquête familiale était aussi une façon de faire mon deuil, de lui donner une sépulture.

En explorant votre histoire familiale, avez-vous ressenti le poids des traumatismes hérités, parfois invisibles mais bien réels?

Cette enquête m’a appris que si mon père avait été incapable d’en être un pour moi,  c’est que son propre père avait été à sa façon défaillant en maquillant la vérité sur ce passé nazi, innommable. Reconstituer cette part manquante de l’histoire familiale m’a permis d’éclairer la personnalité de mon père, de comprendre que la mythomanie répondait chez lui à un désir mimétique d’identification à mon grand-père. J’ai trouvé ce mécanisme de reproduction assez fascinant. Si mon grand-père a menti, c’était pour assurer sa survie, de façon très pragmatique. Mon père, lui, n’a jamais su pourquoi il mentait. C’était maladif.

Revenons un instant au Consentement. L’impact de votre témoignage a été colossal. Comment avez-vous vécu le fait qu’il a ouvert un débat national et international sur les abus de pouvoir dans les milieux intellectuels?

Je suis encore surprise moi-même par le retentissement du Consentement. Quelque chose m’a échappé dans cette histoire, sans doute la temporalité qui a voulu que ce texte rencontre son époque d’une façon extraordinaire, et fasse écho à une vague très profonde: le ras-le-bol face à l’impunité des agresseurs, face aux chiffres effarants des violences sexuelles commises sur les femmes et les enfants. Mais tout était là, toutes ces paroles étaient prêtes à se libérer et ce n’est pas terminé. Ce qui m’a le plus touchée, c’est que le livre a été cité en préambule de la modification de la loi d’avril 2021 sur les violences sexuelles faites aux mineurs, et que cette loi a permis d’introduire un seuil de non consentement automatique pour les moins de 15 ans. Quand la littérature inspire l’esprit de la loi, c’est la preuve qu’on vit encore dans une société civilisée.

Indépendamment de cette avancée législative, pensez-vous que la société a suffisamment évolué depuis la publication de votre livre, notamment sur les questions de consentement et de protection des mineurs?

Le procès des viols de Mazan montre le chemin qu’il reste à parcourir pour changer les mentalités masculines. Dix-sept des condamnés font appel de leur jugement et réfutent la qualification de viol. Pourtant, tous ont reconnu avoir été dans l’incapacité de recueillir le consentement de Gisèle Pelicot.  Mais je me réjouis de voir que la notion de «consentement», mot que je n’avais jamais entendu quand j’étais adolescente, fait aujourd’hui partie du vocabulaire de la jeunesse et qu’elle l’a chevillée au corps, c’est un gigantesque progrès. La société est en constante évolution sur ces sujets. La prise de conscience des chiffres réels de l’inceste est inédite dans l’histoire. Mais il manque encore beaucoup de moyens à la prévention et à la prise en charge des victimes.

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La justice a tardé à agir dans l’Affaire Matzneff. Selon vous, qu’est-ce qui a permis à un homme comme lui de jouir d’une telle impunité, pendant tant d’années?

Jusqu’en 2020, il n’y avait pas d’«affaire Matzneff», tout simplement. Mise à part la romancière Denise Bombardier et quelques très rares voix qui se sont indignées au fil des décennies, personne ne s’est révolté contre une œuvre qui faisait ouvertement l’apologie de la pédocriminalité. Certains vous diront que Matzneff était protégé, ça me semble être une explication insuffisante. Je crois surtout que les mœurs ont changé et que les artistes ont trop longtemps joui d’une sorte de passe-droit, comme s’ils n’étaient pas soumis aux mêmes obligations que le commun des mortels. Ce temps semble révolu et c’est une bonne nouvelle.

«Je me méfie de l’héroïsation des victimes et de l’enfermement que constitue cette étiquette.»

A travers vos livres, vous êtes devenue une voix forte pour celles qui n’en ont pas toujours eu. Comment percevez-vous ce rôle dans une époque en quête de justice pour les femmes?

Je ne pensais pas un jour avoir le moindre rôle dans la société. C’est bien la preuve que toutes les femmes ont le pouvoir de changer les choses. Mais je me méfie de l’héroïsation des victimes, tout comme de l’enfermement que constitue cette étiquette. Si nous parlons, c’est pour nous libérer, pas pour être sans cesse renvoyées au pire épisode de notre existence. Je ne suis pas une porte-parole, ni le porte-drapeau d’une cause, je suis écrivaine. Une écrivaine engagée, solidaire de toutes les victimes. Mais mon mode d’action et d’expression, c’est d’abord et avant tout l’écriture.

Patronyme

Avec Le Consentement, Vanessa Springora s’est fait un nom. Avec Patronyme, elle s’emploie à le défaire pour mieux le (re)connaître. A la mort de son père, l’autrice enclenche une quête identitaire qui passe par l’élucidation d’un mystère, celui d’un nom qui n’existe nulle part ailleurs que dans sa lignée. Après avoir exploré le récit de soi, elle jette donc des ponts vers une autre rive de la production littéraire actuelle, et d’autres vies que la sienne, celles de son père, et de son grand-père, l’un mythomane instable, l’autre policier nazi. S’emparant de ces matériaux biographiques, elle emprunte la voie de l’imaginaire pour combler les images manquantes. Springora retourne en Tchéquie, terre des origines, elle comprend qu’il est des questions qui n’ont pas de réponses, qu’il faudra vivre avec l’insupportable indétermination d’un passé sombré dans l’oubli. Elle déploie en parallèle le roman de Josef, devenu personnage dont on fantasme les affects, et sa trajectoire personnelle, où s’entrechoquent les témoignages des membres survivants de sa famille, ses souvenirs d’enfance, et sa prise de conscience de la résonance actuelle de cette destinée singulière du XXe siècle. Le Consentement brûlait de sa charge accusatoire, avec pour objectif d’enfermer dans les pages d’un livre le criminel qui avait échappé à la prison. Avec Patronyme, c’est le pardon qui au bout des mots est accordé à la figure du père, absous et enfin soulagé des non-dits par le pouvoir de la littérature.

A.E.

 

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