Une plongée dans les origines des préjugés pour mieux les combattre
Trente-neuf historiens décortiquent 56 « idées reçues » dans Histoire des préjugés. Edifiant.
«Les préjugés sont des opinions si profondément ancrées et répandues qu’elles peuvent tuer à force de stigmatiser», rappellent les historiens Jeanne Guérout et Xavier Mauduit dans l’introduction de l’ouvrage Histoire des préjugés (1). Trente-neuf historiens y décortiquent 56 «idées reçues», de «les Gaulois sont râleurs et bagarreurs» à «un homme ne pleure pas» en passant par «les femmes sont hystériques», «les écologistes sont contre le progrès» ou «les artistes sont des parasites». Comme ces préjugés sont plus actifs que jamais «à l’heure du complotisme, des réseaux sociaux, des fake news ou autres infox et de la flambée mondiale des populismes», il est d’autant plus urgent de «réagir et de proposer un véritable regard historique sur leur genèse, leurs mutations et surtout leur permanence», estiment les auteurs.
Exemple avec la théorie développée par une partie de l’extrême droite qui affirme que «les immigrés veulent islamiser l’Europe». Hypothèse totalement infondée, répond John Tolan, professeur d’histoire à l’université de Nantes: «Aucune projection réaliste ne laisse penser que ce chiffre [le nombre d’immigrés d’origine africaine ou asiatique en France] dépasserait les 10-15% de la population dans le cours de ce siècle.» L’historien s’appuie aussi sur le constat que «la majorité des enfants d’immigrés vivent en couple avec des non-immigrés» pour finir de discréditer cette idée. Mais l’entretenir dans le débat public s’explique par des motivations politiques qui servent les intérêts des formations extrémistes, pas ceux de la société.
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Il est donc important de démonter ces clichés, ce que fait avec intelligence Histoire des préjugés, parce qu’«il n’est possible de combattre que ce qui est identifié et conscientisé».
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