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Un groupe d’académiciens lance un point de contact pour signaler les « incidents woke »

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Préoccupé par l’effet du « wokisme » sur la liberté académique, un groupe d’universitaires flamands a décidé de se regrouper sous le nom de Hypatia et de créer un point de contact pour signaler les incidents liés à cette tendance, rapporte notre confrère de Knack.

« Le terme ‘woke’, au sens de ‘j’ai pris conscience de la place que j’occupe dans la société et des discriminations que je subis’, est apparu dans les années 1960 aux États-Unis dans le mouvement de lutte pour les droits des personnes afro-américaines, rappelait Laurence Rosier, linguiste et conseillère pour la politique de genre de la rectrice de l’Université Libre de Bruxelles (ULB) en mars dernier.

Activisme woke et cancel culture

Les académiciens se disent préoccupés par « la menace que représentent l’activisme woke et la cancel culture pour les libertés académiques et la liberté d’expression« . Selon eux, « les tensions ethniques et idéologiques ont conduit à des formes extrêmes d’activisme dans les universités américaines, généralement désignées par des termes tels que woke, cancel culture, transgendérisme et intersectionnalité. La société entière est considérée comme structurellement raciste. Même la langue, l’historiographie, l’art et les sciences sont ainsi réduits à des instruments de domination masculine et blanche. Pour cette raison, notre tradition linguistique, culturelle et scientifique doit être purgée de toute trace de domination masculine et blanche », écrivent-ils dans leur manifeste.

Les membres du collectif déclarent que les académiciens qui se montrent « critiques envers cette idéologie, ne se conforment pas à ses diktats sémantiques ou refusent de ‘purger’ leurs contenus d’enseignement ou leurs publications, comme l’exigent les activistes woke, sont victimes de toutes sortes d’intimidations« . Selon, eux beaucoup de décisions dans le monde académique américain ne sont plus prises sur la base de normes académico-professionnelles, mais plutôt sur la base de normes idéologiques.

Dans une carte blanche parue sur Knack, ils évoquent un incident survenu à l’université américaine Hamline située dans l’état de Minnesota. Une professeure y a été mise à l’écart suite à une plainte d’une étudiante musulmane. Cette dernière avait en effet considéré comme une atteinte à ses croyances religieuses le fait que sa professeure « montre en classe, de façon optionnelle, un tableau du 14e siècle dépeignant le prophète Mahomet dans le cadre d’une discussion sur l’art islamique ».

« Le respect pour les étudiants observant la foi musulmane dans cette classe aurait dû supplanter la liberté académique », a estimé la présidente de l’université Hamline, Fayneese Miller, dans un courriel cité par le New York Times. Une pétition sur le site Change.org en soutien à la professeure écartée et réclamant une enquête a recueilli plus de 18.500 signatures depuis le 24 décembre 2022.

Incident déclencheur

Les académiciens craignent que cette tendance augmente en Europe. Pour eux, l’incident survenu en mai dernier à l’Université d’Anvers a été un déclencheur. Des images vidéo filmant secrètement une conversation entre deux membres du personnel s’étaient retrouvées sur les réseaux sociaux. On les y voyait se plaindre de l’usage de « mauvais néerlandais » de la part d’étudiants dont elles mettaient en exergue l’origine marocaine. Elles mentionnaient également que les Juifs étaient une communauté « très fermée », ce qui « ne les dérangeait pas ». Les deux femmes avaient été suspendues par l’université.

Le collectif Hypatia va au-delà de la seule Université d’Anvers. Les membres principaux sont le criminologue Marc Cools (Université de Gand), le chirurgien vasculaire Dimitri Aerden (VUB) et Paul Cliteur de l’Université de Leiden. A en croire Knack, ce dernier est connu aux Pays-Bas en tant qu’ancien sénateur (mais toujours sympathisant) du Forum pour la démocratie, le parti d’extrême droite de Thierry Baudet, dont les théories du complot agitent la politique néerlandaise.

Le site web d’Hypatia, rédigé en néerlandais, propose également un formulaire où les visiteurs peuvent signaler les incidents woke. On peut y lire : « Souhaitez-vous signaler un incident woke ? Ou avez-vous une autre question ou un commentaire ? C’est possible ici ».

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