© Illustration: Clémence Gouy

Transidentité, fluidité, polyamour… Pas très « woke », le Belge (sondage)

Mélanie Geelkens
Mélanie Geelkens Journaliste, responsable éditoriale du Vif.be

Les nouvelles formes de sexualité et identités de genre, chères aux mouvements LGBTQIA+, n’ont pas (encore?) atteint les pratiques des Belges. Ni même leur vocabulaire. Par ailleurs, les Belges semblent peu explorer certaines pratiques (sextoys, polyamour…)

Agenre, asexuel… A-quoi? Analphabète, oui! En matière de nouvelles identités de genre, le Belge se révèle fort ignorant. Tout au plus connaît-il (à 89,4%) le terme «transgenre». «Et encore, insiste Jacques Marquet, sociologue à l’UCLouvain. Beaucoup doivent résumer ça au changement de sexe, alors qu’on peut changer de genre sans changer de sexe.»

Cela reste toujours mieux que les 20,5% de répondants au courant de la signification de «bigenre», 31% pour «pansexuel», 20,9% pour «fluide», 17,4% pour «agenre», qui dit mieux? «Non binaire» et «asexuel», peut-être, avec respectivement 59,2% et 63,3% (lire l’infographie ci-dessous). Sans surprise, les moins de 35 ans élèvent considérablement ces moyennes.

C’est ceux qui en parlent le moins qui en font le plus? Pas sûr. Les nouvelles orientations sexuelles n’influencent apparemment pas les identités: 87,7% des Belges se définissent comme hétérosexuels, une proportion semblable à celles relevées dans d’autres études plus anciennes. A peine 4,9% se définissent comme bisexuels (davantage chez les hommes que les femmes). La catégorie «autres» ne convient qu’à 1,2% des répondants.

Enfin, 4,1% des Belges se considèrent comme homosexuels (5,3% des hommes, mais 2,9% des femmes). Une différence «classique», selon Jacques Marquet, mais qui n’est pas vraiment expliquée. «Peut-être les femmes ont-elles plus de difficultés à s’affirmer comme telles car elles subissent ce cliché de “gardiennes de la morale”?» Pendant ce temps, 20% des Belges continuent de trouver choquant que deux hommes marchent main dans la main en rue et 30,5% estiment inadmissible que deux femmes s’embrassent dans un lieu public…

Conservateurs, les Belges? Pas lorsqu’il s’agit des clubs échangistes (trois quarts des répondants trouvent admissible qu’un couple s’y rende). Par contre, 62% n’utilisent jamais de sextoys, 73,4% n’ont jamais sexté (pour les boomers: envoyer des messages à caractère sexuel) et 72,3% n’ont jamais envoyé de photo coquine. La différence entre théorie et pratique, peut-être?

Un autre exemple: 65,9% des personnes interrogées trouvent acceptable que des personnes pratiquent le polyamour (soit vivre plusieurs histoires à la fois). Mais à peine 3% entretiennent deux relations simultanées (ou plus). Tandis que seuls 7,4% affirment entretenir (présentement) des rapports sexuels hors de leur relation de couple. Bande de menteurs? Une étude antérieure arrivait au même pourcentage, révèle Jacques Marquet. Par contre, à la question «Avez-vous déjà trompé votre conjoint?», les pourcentages gonflent: entre 30% et 40%. Plus réaliste?

Petite leçon de vocabulaire

Agenre: personne qui ne se définit dans aucun genre.

Bigenre: se dit d’une personne qui expérimente deux identités de genre, en même temps ou alternativement.

Fluidité (de genre ou sexuelle): évolution au fil du temps.

Pansexualité: attirance pour toute personne, qu’importe son sexe et son genre.

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